C’est une ville d’environ 150.000 habitants, située à 2.2OO m d’altitude dans la Province El Loa au Nord du chili
Si Calama reçut la visite des conquistadors, Diego de Almagro et Pedro de Valdivia, le site, très peu peuplé, ne retint guère leur attention.
C’est plutôt l’ancienne cité préhispanique de Chiu-Chiu qui va leur servir de base dans la région.
Après avoir soumis les Atacaméens, lors d’un égorgement massif connu comme l’Histoire des têtes, c’est dans ce dernier village qu’ils s’installent. L’église de Chiu-Chiu, construite en 1557, est le témoignage de cette précoce présence espagnole. Le site de Calama ne connaîtra pas de développement avant longtemps. Le fait qu’il tombe sous la juridiction du vice-royaume de La Plata, créé en 1778 par le roi d’Espagne, n’y change rien. Il sert seulement de tambo, c’est-à-dire d’auberge pour les caravanes qui font la route entre le port de Cobija, Potosí et Oruro. Comme la zone du désert est délaissée par le Chili et que la Bolivie veut faire de Cobija son accès à la mer, Calama devient une possession bolivienne. En 1869 se crée un service de courrier qui suit la route commerçante, puis le préfet de la région déménage de Chiu-Chiu à Calama.
C’est alors qu’a lieu la guerre du Pacifique et, après avoir défait la coalition à Topater, les Chiliens occupent Calama le 23 mars 1879 – pour la conserver jusqu’à maintenant. La ville se développe peu à peu. Don Toro commence l’exploitation de cuivre de Zaragoza en 1882, on y construit une école en 1885 et, en 1886, Calama et ses 1 000 habitants se voient dotés d’un chemin de fer dont le but est de relier Antofagasta à la Bolivie.
Calama doit son développement à de petites exploitations minières mais aussi à ses liens commerciaux avec la Pampa Union qui fournit les oficinas de la Pampa Salitrera. Ce sont les premiers forages de la mine de Chuquicamata, en 1911, qui vont être à l’origine de sa grande extension. C’est un peu la ville-dortoir de la mine où l’on vient dépenser son salaire. Puis, 1951 est une année clef pour la ville, d’une part avec l’ouverture de la première ligne aérienne mise en service entre Santiago et Calama pour les grands pontes de la mine, d’autre part grâce au détournement des eaux du río Salado. Si celles-ci ont ainsi pu être utilisées pour le lavage du minerai de cuivre, elles ont également, du même coup, rendu les terres de l’oasis de Calama plus fertiles. Les découvertes récentes de lithium mais aussi de pétrole dans le salar d’Atacama devraient encore contribuer à la bonne fortune de Calama. Aujourd’hui, la ville compte environ 138 722 habitants (recensement 2012), et elle n’offre aucun intérêt touristique spécifique : elle s’enorgueillit de posséder le plus de bars et de bordels du Chili, un honneur dont vous ne serez peut-être pas friands. C’est la cité des 3 P (Polvo, Perros y Putas, » poussière, chiens et putes « ). Il faut savoir que des bus font directement le voyage de San Pedro à Arica, Antofagasta ou Santiago (et toutes les villes en route), et que, si vous ne voulez pas séjourner à Calama, cela ne pose plus aucun problème. En revanche, si vous arrivez par la voie des airs, un passage (le plus bref possible) y est obligatoire.
Chiu-Chiu est une cité mythique située à 30 km à l’Est de Calama , dont les riches terres attirèrent très tôt les peuplades de chasseurs-cueilleurs qui finirent par devenir sédentaires et s’y installer 1 000 ans avant l’ère chrétienne. Plus tard, le site fut fortifié et devint le lieu d’un intense commerce, comme en témoignent, mis au jour par les fouilles, des mollusques marins (échange avec les peuplades de la côte, les Changos) et même des plumes d’oiseaux du Brésil ! Le Chemin de l’Inca passait à Chiu-Chiu, et les Espagnols, ces grands randonneurs devant l’Eternel, s’y arrêtèrent. Ils y bâtirent la cité d’Atacama La Chica et, en 1611, y élevèrent une paroisse dépendante de Sucre, dans le Haut-Pérou. La ville, qui bénéficia également de la route reliant Cobija à Potosí et Salta, était à cette époque beaucoup plus importante que Calama. Mais cette dernière ayant pris de plus en plus d’importance grâce au salpêtre et au chemin de fer, les habitants de Chiu-Chiu quittèrent peu à peu leur ville pour Calama. Aujourd’hui, Chiu-Chiu n’est plus qu’un tout petit village de 330 habitants qui a su conserver son charme intact. Son église San Francisco est l’une des plus belles du Chili. Le portail de l’église, fait de planches de cactus reliées par des lanières de cuir, est un travail d’orfèvre. Les murs en adobe ont une épaisseur de 1,20 m. L’intérieur, somptueux, abrite une Passion du Christ peinte des deux côtés et que l’on promène lors des processions religieuses. L’église est ouverte de 9h à 14h et de 16h à 19h du mardi au dimanche. A côté de l’église, une petite tourelle bringuebalante offre une vue encore plus magnifique sur l’ensemble de la construction.
Si la mine de Chuquicamata était déjà connue par les Incas et si l’on exploita quelques gisements à fleur de terre dès 1882, c’est en 1912 que commencèrent les premiers forages et l’analyse du sous-sol. La mine fut achetée par le grand capital nord-américain et devint, en 1913, la Chile Copper Company. Les frères Guggenheim, propriétaires de la compagnie, fabriquèrent la première barre de cuivre en 1915. La mine deviendra par la suite la propriété de l’Anaconda Copper Mining Co, d’abord en 1923, quand cette compagnie racheta 51 % des actions, puis définitivement, en 1929, quand elle s’octroya 99,5 % des titres. L’anaconda est un serpent qui s’enroule autour de ses victimes et leur broie les os. C’est ce que l’entreprise nord-américaine voulait faire, mais elle en fut empêchée par la nationalisation de la mine, décrétée par Salvador Allende le 17 juillet 1972. Déjà Frei avait racheté 50 % des actions en 1969. Sous le nom de Codelco (créée en 1976), elle appartient aujourd’hui entièrement à l’Etat chilien. C’est l’une des 100 plus grandes entreprises au monde. Chuquicamata est en effet la plus grande mine de cuivre jamais exploitée. Ses dimensions sont impressionnantes : 4,5 km de longueur, 3 km de largeur et près de 850 m de profondeur (on estime sa profondeur maximale à 1,2 km dans une vingtaine d’années), véritable tour de Babel à l’envers, signe que l’avidité des hommes leur fait accomplir des miracles. Fin 2007, on y avait extrait 29 millions de tonnes de cuivre depuis le début de son exploitation. D’interminables cohortes de camions s’en échappent, semblables à des fourmis affairées convoyant leur butin inlassablement. Mais ces fourmis sont des mastodontes, de véritables monstres mécaniques qui mesurent 6,5 m de hauteur, 12 m de longueur et 6,8 m de largeur. Ils peuvent transporter entre 170 et 255 tonnes et consomment près de 1 000 litres d’essence toutes les 8 heures. La majorité d’entre eux sont des caterpillars qui coûtent chacun près de 1,2 million de dollars et ont une durée de vie de 10 ans. D’autres ont des roues qui ont un diamètre de 3,2 m, pèsent 3,5 tonnes et doivent être remplacés tous les 8 mois, moyennant 15 000 dollars pièce. Vous remarquerez que ces camions comme l’autocar qui vous a amené jusqu’ici conduisent tous à gauche pour une meilleure visibilité. La vue sur la plaie géante que les hommes ont faite à la terre est impressionnante ; de même que les installations industrielles, sculptures gigantesques, comme cette pelle que l’on verra au début de la visite, la plus grande du monde avec ses 26,5 m de hauteur et ses 450 tonnes (elle fonctionna jusqu’en 1971). Tout est ici démesuré. Le complexe industriel fait près de 22 km de longueur. Plus de 8 000 employés y travaillent et la mine fonctionne 24h/24 avec trois tours de 8 heures. Ces ouvriers comptent parmi les mieux payés et les plus protégés du Chili : le prix du cuivre ayant atteint des sommets historiques depuis l’année 2006, l’argent qui en découle représente 50 % des ressources du Fisc chilien !
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