PETITE PRÉSENTATION DE L’ÎLE DE CHILOE

ParJacques BONNAUD

PETITE PRÉSENTATION DE L’ÎLE DE CHILOE

Présentation

Longue de 200 km et large de 50 km, l’ile de Chiloé occupe une place à part au Chili, par son isolement et sa spécificité géographique, historique et culturelle. D’une beauté naturelle, les villages pittoresques, les nombreuses églises parfois vieilles de 200 ans et inscrites au Patrimoine mondial de l’Unesco, les maisons en bois multicolores qui se détachent du ciel, l’île de Chiloé permet de découvrir un Chili aux traditions indigènes encore très présentes. C’est la deuxième plus grande île du Chili (et la 5e d’Amérique du sud), après la grande île de Terre de feu.

Elle est séparée du continent par le canal de Chacao ainsi que le golfe d’Ancud et le golfe de Corcovado, qui tous deux sont des extensions méridionales de la vallée centrale chilienne.

Elle mesure 190 kilomètres de long du nord au sud et 55 à 65 kilomètres de large.

La population est de 155.000 habitants, les chilotes.

La capitale est Castro

Chiloé est la Terre-Neuve ou la Corse du Chili, en raison non seulement de sa géographie insulaire mais aussi des particularités culturelles qui distinguent les Chilotes des habitants du continent

Ce que l’on ne dit pas, c’est que Chiloé est en réalité un archipel, composé de plus d’une trentaine d’îles, dont la Grande Île de Chiloé (Isla Grande Chiloé), la seconde plus grande île de l’Amérique du Sud après la Terre de Feu.

L’Isla Grande de Chiloé est le foyer d’un peuple marin farouchement indépendants et défiants envers Santiago

Le nom Chiloé provient de Chilhué, un terme tiré du mot espagnol chilwe qui signifie « lieu de Chelles ». Les chelles sont des oiseaux blancs à tête noire que l’on retrouve en grand nombre sur les plages de l’archipel de Chiloé.

Une île de mémoire

Les premiers habitants de Chiloe furent les Chonos, un rude peuple de marins à qui l’on doit l’invention de la « dalca »

Puis vinrent les Mapuches et les Huilliches qui refoulèrent les Chonos. Les Chilotes sont le résultat du métissage entre ces tribus dont le langage commun fut le  » mapudungun  »

Mapuches
Huilliches

Les estimations des historiens parlent d’environ 10 000 à 12 000 personnes habitant l’île. Ils vivaient de cultures de pommes de terre, de maïs et de la pêche. Chaque « cabi » ou clan était dirigé par un cacique. Ils habitaient des « rucas » ou maison en paille. Leurs outils étaient en bois

L’arrivée des Espagnols:

C’est au navigateur Francisco de Ulloa que l’on doit la découverte officielle de Chiloe en 1553

En 1567, Martin Ruiz de Gamboa ( un ancêtre de Marie Laure ?) prit possession de l’archipel et fonda la ville de Santiago de Castro

Dans le même temps, arrivèrent les premiers jésuites


Les missionnaires jésuites arrivent dans l’archipel de Chiloé en 1608 et sous leur direction, les Chilotes construisent leurs églises paroissiales, choisissant dans leurs forêts le bois qui leur semble convenir le mieux. Ces églises, lieux de rassemblement de la communauté sont des exemples parfaits d’un certain syncrétisme architecturale entre les traditions européennes et indigènes


L’exploitation espagnole

Pendant deux siècles, les Espagnols divisèrent les terres exploitables en domaines et soumirent les Chilotes au système de  » l’ Encomienda » , une forme de servage

En 1598, les Espagnols qui avaient survécu au soulèvement mapuche sur le continent se réfugièrent sur l’île et fondèrent les villes de Carelmapu et de Calbuco

Carelmapu

Dès lors et pendant près de deux siècles, l’île demeura isolé en dehors de nombreuses incursions de pirates hollandais qui poussèrent les Espagnols à construire le fort d’Ancud en 1770

Cet isolement permit à un certain sentiment d’égalité, peu courant dans l’empire colonial, de se développer.

A la fin du XIX ièm siècle, le gouvernement chilien accorda des terres à des colons européens

L’Isla Grande de Chiloé est le foyer d’un peuple marin farouchement indépendants et défiants envers Santiago ; On dit que le Chilote « parle peu et pense beaucoup; rarement il s’ouvre spontanément aux autres et même avec ses propres paysans il est peu communicatif »

Francisco Coloane, le Jack London chilien  

Francisco Coloane est un écrivain chilien né le 19 juillet 1910 à Quemchi, sur l’île de Chiloé, d’un père marin chasseur de baleines puis capitaine de remorqueur et mort le 5 août 2002 à Santiago. Conteur et nouvelliste, son œuvre raconte la vie australe. 

En 1923, quelques années après la mort de son père (1919), il s’installe avec sa mère à Punta Arenas, à l’extrême sud du pays. Etudiant au séminaire Ancud, Coloane publie ses premiers écrits dans la presse régionale. Il arrête ses études à 16 ans, à la mort de sa mère.

Coloane multiplie alors les métiers: contremaître dans des élevages de moutons, matelot pour la Marine chilienne, prospecteur pétrolier, dessinateur de cartes, explorateur (il a notamment participé, en 1947, à la première expédition chilienne en Antarctique. Il a écrit Cap Horn, le Dernier Mousse, Tierra del Fuego….

 


Une île de légendes

La colonisation a conduit à un véritable syncrétisme entre mythologie indienne et sorcellerie européenne. Gnomes, sorciers, bateaux fantôme et sirènes: toute une cosmogonie explique la naissance et la vie des îles, les tentations et les interdits. Ainsi se presse-t-on de faire baptiser les fils aînés si l’on ne veut pas qu’ils soient transformés en Invunche, monstrueux garde de la grotte des Sorciers.

Un petit goût de Bretagne en somme avec la pluie et le vent!

L’île est pleine de légendes, dont voici les principales :

 

La Pincoya est l’une des plus célèbres d’entre elles. Elle a de longs cheveux blonds et tous les hommes en tombent amoureux au premier regard. Elle n’est pas sans rappeler les sirènes que l’on trouve dans d’autres folklores.

Le Trauco, lui, est un personnage de petite taille ressemblant à un nain ou à un gobelin. Il posséderait la faculté de forcer les femmes à avoir des relations sexuelles avec lui. Le vilain. Très pratique pour justifier une grossesse non désirée chez les femmes non mariées.

Le Cai Cai Vilu et le Ten Ten Vilu forment l’histoire de la création de l’archipel chilote. L’un est le serpent du mal, l’autre du bien. L’un est l’ennemi de la vie terrestre, animale et végétale ; l’autre est la déesse de la terre et de la fécondité. L’un essaie de recouvrir la planète d’eau, l’autre tente de protéger les Chilotes en les aidant à se réfugier dans les hauteurs. Mais les assauts de Cai Cai Vilu se font toujours plus violents, et le niveau de la mer n’arrête pas de monter. Ten Ten Vilu donne alors aux Chilotes le pouvoir de nager et de voler. Voyant que cela ne suffit pas, elle finit par soulever les terres, créant l’Isla Grande et le reste de l’archipel.
C’est ainsi que les Mapuche de Chiloé expliquent pourquoi ils sont plus foncés que d’autres chiliens : parce qu’ils sont plus près du soleil.

La séduction poussée à l’extrême. Le Trauco et la Fiura sont un couple inhabituel, que pourtant tout rapproche : leur laideur, leur petite taille, leur mauvaise haleine… et paradoxalement leur pouvoir de séduction sur les humains ! Lui, attire les femmes comme des aimants après avoir hanté leurs rêves érotiques, et elle, reste nue pendant des heures, coiffant son abondante chevelure avec son peigne de cristal en attendant que les hommes tombent dans son filet. Lui, est l’excuse parfaite pour les femmes célibataires qui tombent enceintes, et elle, symbolise la perversité féminine par excellence (En tous les cas, c’est l’excuse pour des femmes, au retour de leur mari après des mois passés sur les mars ou en Argentine pour travailler, pour expliquer le fait qu’elles soient enceintes) . Dans tous les cas, il ne faut pas les regarder dans les yeux : d’un coup d’œil, il peut tuer et elle peut rendre fou.

Le Caleuche, Bateau fantôme ? Fondée sur les nombreux récits de disparitions de bateaux dans toute la Patagonie, la légende du Caleuche varie pourtant beaucoup selon les conteurs. Bateau fantôme, il apparaît surtout les nuits de brume et disparaît avec une grande facilité – parfois en naviguant sous l’eau, parfois en se transformant en tronc d’arbre. On y chante et on y danse, dans le but d’attirer d’autres embarcations et de leur voler leurs marchandises.
Dans l’archipel, il est dit qu’un commercant chilote faisant rapidement fortune a passé un pacte avec les sorciers du Caleuche. Mais les plus prosaïques diront que cette légende sert simplement à couvrir les activités de contrebande qui ont toujours eu cours à Chiloé
.



Une île où poussent les églises

L’île de Chiloé comptes 300 églises, toutes construites en bois entre les XVIIIe et XIXe siècles. Ces dernières représentent un héritage unique de l’architecture religieuse caractéristique de l’Amérique latine et seize d’entre elles sont inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2009. 

Les églises de Chiloé représentent un remarquable exemple de fusion réussie entre des traditions culturelles européennes et indigènes, qui a porté à la création d’une forme d’architecture en bois tout à fait unique. La culture mestizo ou métisse , née de l’activité des missionnaires jésuites aux XVIIe et XVIIIe siècles, s’est conservée intacte dans l’archipel de Chiloé ; ses extraordinaires églises en bois en sont l’expression la plus accomplie.




Ces églises ont des styles variés, gothiques, baroques ou même orthodoxe

Seize d’entre elles sont classées par l’UNESCO au patrimoine de l’Humanité. Les églises et chapelles sont les témoins d’un christianisme implanté par les jésuites au xviiie siècle.

Parmi elles, quatorze forment le bien classé sur la liste du patrimoine mondial : Achao (Quinchao) ; Quinchao ; Castro ; Rilán (Castro) ; Nercón (Castro) ; Aldachildo (Puqueldón) ; Ichuac (Puqueldón) ; Detif (Puqueldón) ; Vilipulli (Chonchi) ; Chonchi ; Tenaún (Quemchi) ; Colo (Quemchi) ; San Juan (Dalcahue).

Les églises traditionnelles de Chiloé se trouvent près du rivage, face à une esplanade qui s’est souvent transformée en une véritable plaza (Achao, Dalcahue), mais qui n’est ailleurs qu’un espace ouvert délimité par des palissades ou par des arbres (Quinchao).

Sa taille est déterminée par l’importance des fêtes religieuses qui s’y déroulaient. Les églises, de vastes dimensions, présentent un toit pointu. Leur caractéristique principale est leur façade principale dotée d’une tour, donnant sur l’esplanade : elle est formée d’un portique d’entrée surmonté, au sommet, par un pignon ou par un fronton, et de la tour proprement dite, qui devint le centre du développement urbain de ces communautés.

Le portique, qui est un trait caractéristique des premières églises, manque dans celles construites au Xxe siècle. La tour, structure verticale dominante, est à la fois un élément religieux sur lequel se dresse la croix et un point de référence pour les marins. Beaucoup d’entre elles ont deux ou trois étages, et présentent une forme hexagonale ou octogonale, de manière à réduire leur résistance au vent. Seule celle de Tenaún comporte de petites tours latérales.

Le plan de ces églises varie, mais la profondeur est toujours privilégiée par rapport à la largeur. Elles adoptent le plan basilical à trois nefs, dont seule la principale se prolonge jusqu’au mur postérieur. Les nefs sont séparées les unes des autres par de solides colonnes en bois qui reposent sur des blocs de pierre et soutiennent l’énorme poutre qui forme le faîte du toit.

Sur les îles, vous apercevrez souvent des églises entièrement construites en bois. C’est une des curiosités de Chiloé. Seize d’entre elles sont inscrites à l’UNESCO. Édifiées aux XVIIe et au XVIIIe siècles par les missionnaires jésuites puis franciscains, elles constituent un exemple unique d’architecture religieuse en bois en Amérique Latine. Ce type de construction est assez répandu en Europe de l’Est et du Nord. Elles me font penser à ces églises que l’ont peut trouver notamment dans le nord de la Roumanie.

Beaucoup d’agences locales proposent de faire « le tour des églises », avec plusieurs parcours possibles :

  • Circuit Dalcahue – île de Quinchao
  • Circuit Villa Chacao – Dalcahue
  • Circuit Dalcahue péninsule de Rilan – Castro – Chonchi
  • Circuit depuis Chonchi

Plus d’informations sur le site « Iglesias de Chiloe ».

Une île où poussent les pommes de terre


 Il existe une variété de pomme de terre indigène de l’île de Chiloé. Elle est cultivée traditionnellement par les populations locales descendantes de la culture huilliche (apparentée aux mapuche). Ce peuple consommait la pomme de terre bien avant l’arrivée des espagnols. Ce sont des variétas de la sous-espèce solamum tuberosum sust tubrosum, pommes de terre indigènes de l’altiplano andin de la sous espèce solanum tuberosum subst andigenum

L’île de Chiloé est considérée comme le centre secondaire de la domestication de la pomme de terre après le centre principal qui est situé à côté du lac Titicaca (entre Pérou et Bolivie).

Il existe une centaine de variétas de cette pomme de terre de l’ile de Chiloé. Les papas nativas sont très différentes de celles que nous connaissons. De taille modeste, elles prennent de multiples formes et couleurs .

La pomme de terre a permis d’élaborer des spécialités culinaires de Chiloe :

– La chochoca, appelée aussi chochoyeco, trotroyeco ou trutru, est un mets traditionnel de la cuisine de Chiloé et des Huilliches au Chili, qui consiste en une pâte faite de pommes de terre cuites et de la farine, ou de pommes de terres cuites et de pommes de terre crues râpées et pressées, que l’on fait rôtir, plaquée sur une grande broche en forme de rouleau à pâtisserie, appelée le palo chochoquero.

– Le milcao ou melcao, appelé aussi par hypercorrection milcado, est un mets traditionnel de l’île de Chiloé , qui se prépare en mélangeant des pommes de terre crues et cuites et d’autres ingrédients. C’est un élément important du curanto et du lloco, qui apparaît fréquemment dans le folklore chilote, dans des chansons et charades. L’émigration de nombreuses familles de Chiloé vers la Patagonie dans la seconde moitié du XIXe siècle et au cours du XXe siècle, aida à la diffusion de ce plat dans le sud du Chili et en Argentine.

  • Le chapalele, ou chapalel, est une spécialité culinaire de la cuisine chilienne, en particulier de la cuisine traditionnelle de Chiloé. Il s’agit de boulettes à base de pommes de terre cuites et de farine de blé. Il en existe des versions salées, qui servent d’accompagnement au curanto et d’autres sucrées, qui se consomment al tomar once, c’est-à-dire au goûter.

          

Une île où poussent les « Palafitos »

Ce sont des maisons, souvent colorés, construites sur des pilotis en bois et recouvertes de Tejuelas,  des tuiles en bois d’alerce (cyprès d’Amazonie ou Iahuan en mapuche. Son nom scientifique Fitzroya cupressoides est un hommage à Robert Fitz Roy, capitaine du célèbre HMS Beaggle qui transportait Darwin.)



De quelques caractéristiques

1.Le curanto  Le terme provient du mapudungun (langue des mapuche) : « curantü » = pierre chauffée par le soleil

C’est le plat emblématique de l’île. En suivant le tradition, on fait un feu de bois dans une trou creusé dans la terre, puis, on y place des pierres plates à chauffer. On les recouvre d’un mélange de fruits de mer, viandes (poulet, porc), saucisses, légumes et épices. Le tout est recouvert de feuilles de nalca (gunnera) et ça cuit à l’étouffée.

Ce plat s’accompagne des pains de pommes de terre, milcao ou chapalele.

2. Le renard de Darwin Nom latin : lycalopex fulvipes (Martin 1837) Famille : canidés Son statut de conservation UICN : en danger critique d’extinctionIl reste environ 250 renards de Darwin sur Chiloé et 70 sur le continent.

Le renard de Darwin a été découvert par le naturaliste Charles Darwin en 1834. On pensa bien longtemps qu’il s’agissait d’une sous-espèce du renard gris d’Argentine mais en 1990, la découverte d’une population de renards de Darwin sur le continent (dans le parc nahuelbuta) et les analyses génétiques effectuées démontrèrent qu’il s’agissait bien d’une espèce unique.

Il a un pelage brun foncé avec des zones rouges sur la tête et la face.

Ces jambes sont plus courtes que celles des renards continentaux.

Son poids : 2 à 4 kg

C’est une espèce forestière qui habite les forêts humides et tempérées du sud. On ne le rencontre que dans les zones boisées de Chiloé (chiloé national parc) et du continent (nahuelbeta national parc).

Il se nourrit de mammifères, reptiles, coléoptères et invertébrés.

C’est une espèce qui ne s’hybride pas avec les espèces du même genre.

La reproduction a lieu en hiver, la femelle après 2 mois de gestation met au monde des portées d’une moyenne de 5 petits.

3. La sphaigne du Chili

De son nom latin shagnum cristatum c’est une mousse bryophyte de la famille des sphagnacées.

Elle est originaire de Nouvelle Zélande mais surtout cultivée au Chili, en Patagonie et sur l’île de Chiloé.

Elle habite les tourbières et elle est cultivée pour les besoins de l’horticulture, principalement la culture des orchidées.

Sa forte rétention d’eau ainsi que sa forte porosité et son effet antibactérien en font un substrat de premier choix.

On la récolte à la main ce qui préserve l’habitat et favorise le renouvellement. On récolte seulement la partie vivante sur une profondeur de 5 à 30 cm.

La spaigne est un matériau indispensable pour le jardinage dit biologique. Avec la culture des orchidacées elle sert également pour celle des plantes carnivores. Et depuis quelques années on la trouve dans les compositions et créations de murs et tableaux végétalisés.

À propos de l’auteur

Jacques BONNAUD author

1 commentaire pour l’instant

Pesce M-TPublié le9:02 - Jan 29, 2019

les pommes de terre ne sont pas très appétissantes, mais le renard est vraiment beau. Jolies petites maisons colorées et 300 églises!!!!!!!

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