Ushuaia se targue d’être » la ville la plus australe du monde « . En réalité, Puerto Williams au Chili est encore plus au sud (mais ce gros bourg n’est pas encore une ville à proprement parler).
Le nom de la capitale de la province argentine de la Terre de Feu signifie, en langage yaghan ou yamanaj: » baie pénétrant vers l’ouest « ou plus simplement “ au fond de la baie”. Le nom d’Ushuaia se prononce « Ussuaya » et surtout pas « uchuaya », avec un accent tonique sur le premier « a » et non sur le deuxième comme font tous les français !
Environ 65.000 habitants
A retenir le très beau livre de Jean Laurasi « qui se souvient des hommes », qui retrace avec émotion la vie des peuples de la Terre de feu depuis l’époque de la colonisation.
Le terme « Terre de feu » remonterait à Magellan qui, en 1520, voyant la fumée des feux de camp indiens appela la région « Terra del Humo » soit « Terre de Fumée ». Charles Quint à qui on rapporta la découverte se dit que puisqu’il n’y a pas de fumée sans feu, qu’on l’appellerait « Terra del Fuego »
James Cook rencontra les Yamanas en 1774
Charles Darwin navigua dans la région dans les années 1830 et son bateau donna le nom au Canal de Beagle
On ne fera que citer Nicolas Hulot et son « gel-douche »
Une autre personnalité française est indirectement liée à la région : Jules Verne qui s’en inspira sans y être allé pour écrire « En Magéllanie » et « Le Phare du Bout du Monde »
La dernière survivante Yamana vit à Puerto Williams, Cristina Calderon née en 1928 ; elle est la dernière locutrice de langue Yagan au monde
En 2009, Ushuaia est devenue la première ville de l´Amérique Latine qui accepte le PACS. Alors que le Code Civil de l´Argentine ne permettait pas le mariage entre personnes du même sexe, le gouverneur de ‘Tierra del Fuego´, Fabiana Ríos, a sorti un décret qui autorisé le pacs dans la ville d´Ushuaia. Et c´est en 2010, qu´une loi du Congrès National a autorisé le mariage entre personnes de même sexe sur tout le territoire de l´Argentine.
Le Museo del Presidio est une ancienne prison. En 1884, le gouvernement argentin décida d’installer une prison militaire sur l’île des Etats. Dès 1902, pour des raisons humanitaires, elle fut transférée à Puerto Golondrina, à l’ouest d’Ushuaia. C’est ainsi que commença, par les prisonniers eux-mêmes, la construction de leur bagne. La configuration des lieux, en forme de pieuvre, a été totalement préservée : un hall central permettait de surveiller l’ensemble des couloirs où s’alignaient les cellules. En 1911, un décret présidentiel ordonne la fusion de cette prison militaire avec la prison des récidivistes, en fonctionnement depuis 1896.
L’objectif du gouvernement était d’amorcer le peuplement de la zone, en encourageant les familles des bagnards à s’installer dans les environs. Fermé en 1947, le bagne fut transféré au ministère de la Marine qui le transforma en hôpital maritime. Aujourd’hui, il abrite une sorte de complexe culturel. On s’offusquera peut-être un peu du prix de l’entrée en découvrant une muséographie un peu vieillotte, mais ces vieilles photos et menus objets parviennent tout de même à nous plonger au temps du pénitencier, de la construction du train le plus austral du monde par les bagnards ou à retracer l’histoire des bateaux et leurs équipages qui sont venus conquérir la Terre de Feu. L’entrée est donc occupé par le Musée maritime qui raconte l’histoire de la région à travers les différentes expéditions maritimes. Il offre d’intéressantes cartes et maquettes de bateaux. Mais le plus étonnant se trouve au rez-de-chaussée du pavillon 4 : les cellules ont été aménagées en musée du Pénitencier, où l’on découvre l’histoire de certains prisonniers, criminels et politiques célèbres, qui ont séjourné au bagne. On retiendra notamment l’inquiétante sculpture et la non moins scabreuse biographie de Santos Godino, el Petiso Orejudo (Le Petit aux grandes oreilles), un jeune pyromane et étrangleur d’enfants…
Le célèbre écrivain Ricardo Rojas et l’anarchiste russe Simon Radowitzky y furent détenus. Le premier était un écrivain, poète, historien , journaliste et pédagogue argentin de la première moitié du XX ièm siècle ; à partir de 1930, il milita pour le parti Union Civique Radicale (membre de l’Internationale socialiste ) , ce qui lui valut d’être relégué à la Grande Ile de la Terre de Feu . Le second est un ouvrier argentin d’origine ukrainienne et militant anarchiste . Le 1er mai 1909il participe à la manifestation place Lorea, à Buenos-Aires. Le chef de la police, le colonel Ramón Falcón, provoque un massacre en chargeant férocement les manifestants et en poursuivant la terreur durant la Semana Roja Il décide alors de venger les ouvriers morts et prépare une bombe, qu’il jette le 14 novembre 1909 sur le colonel Falcón le tuant ainsi que son secrétaire. Il tente ensuite de se suicider. Hospitalisé, il se rétablit de la perforation par balle d’un poumon. Condamné à mort, sa peine est ensuite commuée en prison à perpétuité en raison de son jeune âge et envoyé au bagne d’Ushuaia . Après 21 ans passé au bagne d’Ushuaia et de nombreuses campagnes de solidarité, il est finalement, au cours d’une audience en présence de l’anarchiste Salvadora Medina Onrubia le 14 avril 1930, amnistié par le président Hipolito Yrigoyen avec l’obligation de quitter le territoire. Lors de la révolution sociale espagnole de 1936 , il se bat sur le front d’Aragon et travaille ensuite pour l’Office de propagande extérieur de la Confédération nationale du travail à Barcelone. En 1939, il est interné en France dans le camp de concentration de Saint Cyprien dans les Pyrénées Orientales. Libéré, il part alors au Mexique où il se met au service de la Section internationale d’aide aux réfugiés de la Solidarité internationale antifasciste , en éditant des revues. Le poète uruguayen Ángel Falco, consul de son pays à Mexico, l’emploie dans la légation. Il travaille également dans une usine de jouets et décède d’une crise cardiaque le 4 mars 1956.( Quel parcours de vie pour quelqu’un né en Ukraine d’une famille ouvrière juive !)
La baie d’Ushuaia baigne dans les eaux du canal Beagle, un détroit qui s’étend d’est en ouest sur 129,6 milles marins (240 km) de long. Ce bras de mer sépare la Isla Grande de Tierra del Fuego au nord et la multitude des autres îles composant l’archipel de la Terre de Feu (îles Dawson, Navarino, Lenox, Wollaston, Horn, etc.). Les deux rives de la moitié ouest du canal appartiennent au Chili, tandis que dans la moitié est, ce canal constitue la frontière entre les deux pays. Ce bras de mer reliant Atlantique et Pacifique est navigable sur toute sa longueur, mais n’a jamais été la route privilégiée des navires, le passage de Drake (au sud du Cap Horn) et le détroit de Magellan étant considérés comme plus sûrs.
Le canal porte le nom du navire britannique HMS Beagle, qui vint inspecter ces régions australes entre 1826 et 1836, et dont le capitaine Robert Fitz Roy, chargé de missions hydrographiques et cartographiques, accompagna le prestigieux Charles Darwin, tout à ses études naturalistes et scientifiques.
Le glacier d’Ushuaia porte le nom du capitaine de frégate français Louis Ferdinand Martial qui a exploré les environs en 1882-1883. Il se situe sur le Mont Martial, culminant à 1300 mètres d’altitude
HISTOIRE
Les premiers témoignages historiques sur Ushuaia coïncident avec les incursions de navigateurs européens au début du XIXe siècle. Les hommes du brigantin Beagle (qui donnera son nom au canal) rencontrent des Yamanas (ou Yaghan), indigènes du sud de la Terre de Feu. Après plus de 6 000 ans de vie sur ces terres, les habitants les plus australs du monde vont découvrir avec stupeur les Européens et la civilisation.
Les premières populations de cette terre arrivèrent à pied sur la Grande Ile de Terre de Feu, il y a plus de 10 000 ans. C’étaient des chasseurs et cueilleurs nomades venant du nord, habitués à survivre avec les ressources naturelles d’une région qui était toujours reliée à la Patagonie continentale. Quelque temps après, une seconde vague de peuplement arriva, les nomades de la mer, les Yamanas , qui naviguaient d’îles en îles dans l’archipel occidental de la Patagonie .
Durant les milliers d’années suivantes, l’érosion due aux eaux océaniques ou de grands mouvements telluriques conduisirent à couper en deux le continent, formant ainsi une grande île et un détroit entre deux océans. Bien des années plus tard, c’est cette même île et ce détroit que découvrit l’expédition de Magellan en 1520 : ils furent appelés l’Isla Grande et le détroit de Magellen .
Durant la traversée, les navigateurs espagnols observèrent du feu et de la fumée sur les côtes septentrionales. C’est pour cette raison qu’ils baptisèrent l’île Terre de Feu (Tierra del Fuego). Durant les deux siècles qui suivirent, il y eut un certain nombre d’expéditions européennes et les premiers contacts avec les Amérindiens .
Une mission de pasteurs anglicans dirigée par Thomas Bridges s’installa dans les environs du canal de Beagle en 1869, formant un premier établissement proche de l’emplacement de la future ville. Le 18 janvier de cette année, les premiers pasteurs anglicans commencèrent à édifier les premiers baraquements.Leur mission était à la fois d’évangéliser les aborigènes de la baie et d’autre part d’aider les différentes missions britanniques qui étudiaient la Terre de Feu et l’Antarctique. Il faut admettre qu’entre 1869 et 1884, il n’y eut pas l’ombre d’un argentin dans les parages ! Ce qui explique pourquoi l’empressement de l’administration de Buenos Aires à vouloir « organiser » un peu Ushuaia en y implantant le plus rapidement possible une administration, histoire de montrer à qui appartenaient les terres. Il ne fallait quand même pas avoir deux fois de suite le coup des Malouines !
En 1881, l’Argentine avait signé à Buenos Aires avec le Chili, le traité dit « Tratado de 1881 », qui trace les limites entre les deux pays en Terre de Feu et dans l’extrême sud de la Patagonie. Il fallait donc maintenant montrer que l’Argentine était bien sur place. Cette arrivée argentine en 1884 se fit en grande fanfare avec la canonnière « Paraná »commandée par Augusto Lasserre (pffffff même pas argentin de pure souche ! Puisque Français né à Montevideo en 1822, parti en France faire ses études, revenu à Buenos Aires en 1850 pour lutter contre…les français qui maintenaient le blocus de Montevideo. Comme quoi l’Histoire n’est pas simple !
Ushuaïa fut donc fondée le 12 Octobre 1864 au fond de la baie éponyme ouverte sur canal Beagle. Pour la petite histoire (pendant qu’on y est), quand notre cher Auguste Lasserre met le pied à Ushuaia, la mission abrite 250 indigènes yámana et une poignée de pasteurs, scientifiques et commerçants anglais, au total presque 300 personnes. Mais quelle angoisse quand Auguste Lasserre voit le drapeau britannique flotter sur les bâtiments. On dit qu’il y eut « une petite discussion » avec le pasteur Bridges et que celui-ci accepta de descendre les couleurs britanniques pour hisser le drapeau argentin. En avait il le choix le bon pasteur Bridges ?
10 ans après l’arrivée des argentins, bien que la garnison semble conforter l’Etat dans la mission britannique, dans les faits on ne sait toujours pas qui des deux est celui le plus puissant. Il faut que Buenos Aires vote l’installation en 1902 d’une unité pénitentiaire à Ushuaia pour que le basculement s’opère. On construit pour la première fois des bâtiments en dur (dont la Mairie et ce qui est aujourd’hui le Musée), et on demande aux anglicans d’aller jouer ailleurs ! La mission britannique est démantelée, elle aura durée 43 ans de 1869 à 1902. En fait quelques autres pasteurs anglicans y resteront jusqu’en 1923. Durant la plus grande partie de la première moitié du XXe siècle, la ville se développa autour d’une prison pour des criminels particulièrement dangereux. Le gouvernement argentin s’inspira de l’exemple des bagnes britaniques en Australie : s’échapper d’une prison sur une île si isolée est pratiquement impossible. Les prisonniers devinrent ainsi des colons et leurs principales activités étaient de couper du bois sur les terrains environnant la prison et de construire la ville.
Comme il est bon de vivre à Ushuaia dans ces années, tout le monde est fonctionnaire, pratiquement aucun commerce, toujours aucune liaison par terre (ni par air), tout se fait par la mer, et tout est géré par l’Etat ! Une sorte de Cayenne avec le froid et la distance en plus ! On peut alors parler de « bout du Monde ». L’unique activité commerciale proprement dite est l’installation des premières grandes estancias. Les indiens deviennent gênant pour le mouton (indiens Ona) et bon nombres d’estancieros payent des mercenaires pour s’en débarrasser (des indiens, pas des moutons). On peut dire qu’entre 1903 (date de la disparition de la mission britannique et 1930, la population indigène a presque totalement été décimée. La prison d’Ushuaia, habituellement nommé « El Presidio » a été construite à partir du 30 novembre 1902 par les 36 premiers prisonniers amenés sur place. Les travaux d’extension continuèrent ensuite jusqu’à 1920. La prison a pu compter jusqu’à 540 prisonniers surveillés par 250 employés. C’est Péron qui a décidé en décembre 1947 (pour raison humanitaire officielle) de fermer le centre de détention. Les prisonniers ont été déplacés dans d’autres centres de Patagonie, et les bâtiments furent cédés à l’armée argentine. Ils servirent alors comme dépôt mais aussi comme caserne ! Apres la fin de la « guerre froide avec le Chili », le Presidio fut à moitié abandonné au retour de la démocratie, et après la fin du service militaire obligatoire en 1994, totalement abandonné. En 1994, il est transformé en musée et en 1997 est classé comme monument historique national. A la fermeture du centre le 21 janvier 1947, la population d’Ushuaia s’effondre, tout comme son activité commerciale. Ushuaia devient presque une ville fantôme.
En 1947, il y a exactement 2.182 habitants à Ushuaia. A la fermeture de la prison, les administratifs quittèrent la ville pour le sud de la Patagonie, et bon nombre de commerçants et d’autres indépendant immigrèrent vers la ville de Rio Grande (1.401 habitants en 1947). Je n’ai pas encore trouvé des chiffres des années 50, mais je pense que Ushuaia a du passer sous la barre des 2.000 habitants. Après la fermeture de la prison et le départ des fonctionnaires, ne reste a Ushuaia que l’activité ovine et la laine. Tout le commerce se fait non avec le reste du pays, mais avec le port chilien de Punta Arenas. De plus après le départ des fonctionnaires, ne restent plus que les estancieros et leurs peones qui sont presque tous chiliens. Quelques familles italiennes y émigrèrent au début des années 50, et en 1955, on commença à donner des noms aux rues. C’est en 1959, qu’on décréta officiellement la date du 04 octobre comme jour anniversaire de la fondation d’Ushuaia. Le gouvernement argentin met en place dès 1966 et surtout en 1972 une politique pour promouvoir l’économie et le tourisme dans le but de peupler d’argentins le territoire de la Terre de Feu.
Au milieu des années 60, le gouvernement argentin est confronté au problème de devoir impérativement peupler la Terre de Feu. Face à la grande ville chilienne de Punta Arenas qui compte 50.000 habitants, les 4.470 habitants d’Ushuaia ne pèsent pas lourd ! De plus sur les 8.000 habitants du Territoire Argentin de la Terre de Feu, 75 % sont chiliens ! Il faut se rendre à l’évidence que la partie argentine de la Grande Ile de la Terre de Feu est de moins en moins argentine depuis la fermeture du « Presidio » pénitencier.Dans les années 50 et 60, la méfiance à l’égard du voisin ne fait que s’accroitre : Le Chili ! Vous savez, le pays qui veut « nous voler » la Patagonie ! Donc il faut occuper le territoire et surtout peupler d’argentins ce désert humain !
Le recensement de 1966 relève 4.470 habitants à Ushuaia et 3.840 habitants à Rio Gallegos, la seconde ville du Territoire. 8.000 habitants en tout et pour tout pour une province grande comme Le Salvador ou Haïti ! Dans la région, la ville chilienne de Punta Arenas s’est accrue pendant la première moitié du XXème siècle d’une manière considérable et devient un grand port, Ushuaia reste un patelin mal desservi par les liaisons maritimes.Début des années 60, Ushuaia dépend économiquement et logistiquement de Punta Arenas avec une population majoritairement chilienne. En 1965, Punta Arenas est déjà une ville industrielle, portuaire, pétrolière de 50.000 âmes (en 1945 on y découvre du pétrole, donc gros boom démographique et industrielle dans les années 50). Alors qu’Ushuaia est toujours un patelin perdu à moitié abandonné comptant 4.500 habitants. Il fallait réagir !Mais voilà ! Comment rendre viable un village qui n’a aucun attrait spécifique dans son sol ? Aucun intérêt agricole, un élevage centré uniquement sur le mouton, très peu pèche, aucune industrie, une population faible et peu instruite et de plus chilienne, une histoire trop récente et qui est loin de tout ? Réponse : Par de la propagande et des avantages fiscaux ! Pour le bien de la Patrie, L’Argentine s’étendra de « La Quiaca à Ushuaia »
Pour les services et l’industrie, le gouvernement met en application la loi nº 19.640 en 1972 (puis réactualisée à plusieurs reprise dans les années 90) pour aider les entreprises à s’installer dans la province (encore simple Territoire à l’époque). Pas d’impôts, pas de TVA, des aides de tout type, une sorte de zone franche grande comme la province. Bref, un paradis fiscal sans un seul impôt. Le seul handicap est ensuite de faire acheminer tout ce qui est produit sur Buenos Aires pour y être vendu, et c’est loin ! Le gouvernement argentin avait pris exemple sur le Brésil qui quelques années auparavant (en 1967) avait mis en place la zone franche de Manaus. Le plan brésilien avait l’air de fonctionner alors on voulait l’appliquer en Terre de Feu !
Pour ce qui est du tourisme, à partir du milieu des années 60, le gouvernement met en place toute une politique d’aide pour installer hôtellerie, modernisation du port, piste d’atterrissage (aujourd’hui actuel aéroclub de Ushuaia), route RN3 tracée entre Ushuaia et Rio Grande déjà existante, élargie et asphaltée au moins dans ses premiers kilomètres au départ des deux villes (En 2010, la route vient d’être enfin terminée !). En 1966, on inaugure le premier hôtel (digne de ce nom), l’Hotel Albatros. Il brule en 1982, mais on le remet sur pied. La télévision arrive en 1967, un centre multi-sport est ouvert en 1971 et les premiers immeubles d’habitations sortent de terre en 1972. En 1973, l’école de ski est créée. Premier vol d’un boeing 737 sur Ushuaia en 1974. Quelques périodes de grande tension dans la relation entre l’Argentine et le Chili ont fait qu’Ushuaia a vécu quasi dans un état de conflit. La première fois durant le Noël 1978 pour une histoire de souveraineté sur les iles Picton, Lennox et Nueva qui finalement finiront par devenir chiliennes en 1984, et une seconde fois en 1982 durant la guerre des Malouines. En 1983, au retour de la démocratie, il y avait sur tout le territoire une bonne centaine d’entreprise, qui avait ramené de Buenos Aires, 6.000 ouvriers. La plupart des sociétés produisaient des articles électroniques, téléviseurs, autoradios. D’autres sociétés productrices de textile et de plastique s’installèrent à Rio Grande et dans une moindre mesure à Ushuaia. Ce boom dura moins de 10 ans, puisque la loi de convertibilité de l’Austral puis du Peso (1 USD = 1 ARS) en 1991, fit que peu à peu l’Argentine et encore plus la Terre de Feu perdirent leur compétitivité face aux produits d’importations.
Avec le manque de compétitivité des industries locales, les sociétés ferment les unes après les autres et les ouvriers se retrouvent sans emploi En 1995-1996, la moitié des entreprises avaient déjà fermé leurs portes. Le plus gros employeur d’Ushuaia, Aurora-Grundig mit la clef sous la porte en 1997 en licenciant 750 employés. Instabilités, doutes, tensions syndicales, manifestations ont ponctué la vie économique et politique de la province entre 1998 et 2002. Si l’activité industrielle de la ville se dégrade au fil des années 90, l’activité touristique continue de croitre tranquillement. Le peso fort ne rebute pas trop les touristes étrangers à venir voir ce que l’on commence à nommer « La ville du bout du Monde » à grand coup de marketing à l’international. C’est dans ces années où le nombre de touristes étrangers dépasse celui des argentins. Le porteño n’est plus en mesure à la fin des années 90 de se payer des vacances à Ushuaia mais l’européen le peut ! Les hôtels et l’infrastructure de loisir arrivent donc en cette époque de crise interne à se développer bon an mal an. En 1995, on inaugure même en grandes pompes l’aéroport International d’Ushuaia. L’ancien ne pouvait pas recevoir les gros, piste trop courte. Le Boeing 747 peut alors se poser sur le nouvel aéroport. On peut augmenter aussi les liaisons. Aujourd’hui en 2010, jusqu’à 6 allers-retours par jour sur Buenos Aires.
Il faut attendre la fin de la convertibilité en décembre 2001, et la fin de la crise fin 2002, pour voir, avec un peso dévalué par 4 par rapport au dollar, un renouveau de l’activité économique de la ville. En février 2004, L’ancien ex Grundid rouvre son usine sous le nom de « Renacer ». Si l’industrie a perdu 10 ans, et qu’à partir de 2002 essaye de se redresser, elle part presque de zéro et la « reconstruction » est lente et difficile. Par contre le tourisme n’a pas connu de « trou », à part la saison 2001-2002 qui a fait fuir à la fois le touriste européen qui ne comprenait pas trop à travers son téléviseur ce qui se passait dans le pays et préférait remettre son voyage en Argentine. Quant à l’argentin (même fortuné), il avait d’autre chat à fouetter que d’avoir la tête à penser aux vacances ! Entre 2002 et 2010, on ne compte plus les ouvertures de nouveaux hôtels, et reconnaitre la créativité de la municipalité d’Ushuaia pour inventer tout type d’évènements touristiques et culturels afin de combler la période creuse (les 6 mois d’hiver). Car en cette première décennie du siècle, le tourisme à définitivement convaincu les autorités de la ville, et elles misent tout dessus au détriment de l’industrie qui est reléguée sur la ville de Rio Grande. Au niveau de la politique de peuplement, il est indéniable que le gouvernement argentin a totalement réussi sa politique puisqu’en 30 ans (1970-2000), la population a été multipliée par 10 ! 1970 : 6.000 habitants. 1980 : 12.000 habitants. 1991 : 30.000 habitants. 2001 : 46.000. 2004 : 54.000. 2010 : 60.000 habitants.
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