Religions au Népal

ParJacques BONNAUD

Religions au Népal

 Présentation 

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Le Népal était jusqu’en 2006, le seul pays dont la religion officielle était l’hindouisme sans que les non-hindous fassent l’objet de discrimination.
En mai 2006 le Parlement népalais inscrit dans la constitution provisoire le Népal état laïque pour ne plus être seulement un pays hindou, établissant un droit égal pour chacun à pratiquer sa religion.

Il s’en est suivi une croissance des autres religions, en particulier du christianisme (principalement évangélique et pentecôtiste), beaucoup de crypto-chrétiens pratiquant dès lors leur religion à découvert. Cela entraina en retour un raidissement hindou, justifié principalement par l’agressivité perçue des pratiques de conversion de certaines communautés protestantes. Le 23 mai 2009 une bombe explose ainsi dans la cathédrale catholique de l’Assomption à Katmandou, posée par la Nepal Defence Army (NDA), un groupe nationaliste prônant le retour à la monarchie et à la religion hindoue.

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Les fortes tensions religieuses se sont entre autres traduites en août 2011 par un projet de loi « anti-conversion » réprimant le fait de prêcher une autre religion que l’hindouisme, de distribuer des documents religieux non hindous ou encore d’abattre un bovin

 Au Népal, la religion ne se résume pas à quelques célébrations épisodiques. Elle est pratique quotidienne. Les dieux sont omniprésents. Leurs effigies sont visibles partout. Les temples hindouistes et bouddhistes abondent, notamment dans la vallée de Katmandou. Des petits autels votifs dédiés aux innombrables divinités bordent les rues et les places publiques. Des petits sanctuaires où nichent les statues des divinités sont venus s’ajouter, sans aucun souci d’agencement, sur la devanture des boutiques ou à même la façade des bâtiments. À toute heure du jour, les Népalais s’y arrêtent pour honorer leurs dieux.
Les paysages du haut Himalaya népalais portent également les empreintes de la foi. Les gompas accrochés à flanc de montagne, les chortens protégeant les villages et les sommets des cols, les murs de pierres mani gravées de mantra le long des sentiers, les drapeaux à prières accrochés aux temples et aux maisons témoignent de la ferveur religieuse des populations bouddhistes.

Les différentes religions

1. Hindouisme    

L’hindouisme est la religion majoritairement pratiquée. Elle concerne 81 % de la population. La population du pays, à la religiosité très grande, est divisée en différentes traditions (que l’on appelle ‘sectes’) qui vivent en harmonie les unes avec les autres. On voit surtout l’existence de Śākta, Śaiva, Vaishñava etc…                                                                                                                                 

La présence de l’Himalaya permit le développement de l’hindouisme au Népal, la montagne attirant les ascètes et hommes religieux influents. Les bouddhistes et les hindous se rencontrent partout et vivent en bonne entente.

a. Quelques caractéristiques

Le cycle de la vie est rythmé par plusieurs cérémonies qui en marquent les étapes : rite du sixième jour après la naissance où le Destin imprime sa marque sur le front de l’enfant, don du nom (Tikha) consommation du riz, tonsure, initiation des jeunes garçons, devoirs sociaux, mariages et funérailles.

Le roi hindouiste du Népal est resté longtemps considéré comme l’incarnation vivante de Vishnu, il était « sept fois roi et dieu », il pouvait nommer à son tour des ragyas, des sous-rois.

Le panthéon des dieux offre une multiplicité assez déroutante

b. Les Fêtes hindoues dont certaines sont propres au Newars

• l’Indra Jatra (mi septembre 4 jours avant et après la nouvelle lune). Fête du Ciel, durant lequel, en même temps qu’un hommage rendu du dieu Indra, temporairement prisonnier des hommes. C’est l’occasion de faire revivre un vieux mythe célébrant la fin de la mousson. Comme le veut la légende, le dieu de la pluie Indra, sous un déguisement humain, vint un jour cueillir des fleurs dans la vallée. Les paysans le traitant de voleur, Dagini, sa mère, vint plaider sa cause. Les paysans le libérèrent. Dagini fit alors le serment de provoquer la présence de brouillards durant les mois d’automne pour favoriser les cultures. Pour rappeler la légende, Indra se promène dans les rues de Katmandou à la recherche du démon Lakhe.  On célèbre également la Kumari, incarnation vivante de la déesse Taleju protectrice de la dynastie régnante.

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• Dashain : Commémoration de la victoire de la déesse Durga sur le démon-buffle Mahisasura dure dix jours à l’automne suivant la nouvelle lune et elle culmine dans une multiplicité de sacrifices. Chaque famille hindoue décapite pour l’offrir à la déesse un bouc, parfois une jeune buffle.
• Tihar ou Diwali (octobre à la nouvelle lune) Fête des lumières dans la vallée, en l’honneur de la déesse Lakshmi. Chacun dresse une allée de bougies ou de lampes à huile, du trottoir à l’intérieur de sa maison pour y inviter la déesse. Partout des processions de fidèles, un plat de cuivre rempli d’offrandes à la main jettent grains de riz, poudre de vermillon pétales de fleurs et chacun en passant d’un petit geste rapide effleure l’effigie sacrée et porte les doigts à son front.

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• Durant Shivaratri, les femmes célèbrent l’homme, c’est l’adoration du principe viril. A cette occasion elles revêtent des tenues rouges (signe d’adoration) et chantent et dansent. 

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•  Le Losar est la célébration du Nouvel An chez les Sherpas et l’importante communauté d’émigrés tibétains. Trois jours durant, la fête bat son plein. À l’appel des moines soufflant dans les longues cornes installées sur le toit des gompa et des stupa, les membres de la communauté se rendent au monastère pour offrir leurs dons au moine abbé et obtenir sa bénédiction. De nouveaux drapeaux à prières sont hissés pour remplacer les vieilles étoffes usées par la pluie et le vent. En guise d’offrande du Nouvel An, on lance en l’air la tsampa sous les rires de la foule

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c. Le système des castes dans l’Hindouisme

Les gens de caste sont majoritaires dans le Téraï (plaine) et dans tout le moyen pays. Ils ont adopté l’organisation sociale de l’Inde hindoue, qui repose sur un système de stratification sociale extrêmement sophistiqué et dont les principes sont : distinction et hiérarchie.
La théorie classique de l’hindouisme : Le système des castes est écrit depuis plus de 2 millénaires dans des traités normatifs. Les Dharmashastra et les Dharmasutra, qui fixent les règles de conduite de tous les membres de la société hindoue dans le domaine de la vie religieuse comme dans celui de la vie civile. Ces règles varient selon la place occupée par chaque individu dans la hiérarchie.
On a un système de 4 classes hiérarchisées. Ces classes ne sont pas fondées sur l’idée de la classe sociale telle que nous l’entendons dans notre culture, mais plutôt sur l’idée de groupe de statut héréditaire au sens biologique. La société humaine est divisée en genres et en espèces comme le reste du monde animal ou végétal.  La pensée hindoue apporte une justification religieuse à cette division de la société : un individu naît dans une classe, mais comme il s’agit d’une renaissance déterminée par les actions et les mérites de ses existences antérieures, l’individu est responsable de ce classement et doit accepter son rang pour toute sa vie présente, avec les droits, les devoirs et les privilèges qui s’y rapportent.
Les 4 classes :
Les sa-varna ou gens de classe qui se répartissent dans les 4 varna ou classes suivantes :
• les Brahmanes qui sont placés au sommet de la hiérarchie et possèdent le pouvoir spirituel et intellectuel.C’est la caste des prêtres. On les reconnaît au cordon en bandoulière

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• les Kshatriyas, rois et guerriers qui exercent le pouvoir temporel.

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• les Vaishyas, qui sont la masse laborieuse, agriculteurs, éleveurs, commerçants, qui n’ont de pouvoir que sur les animaux.

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Ce sont les 3 classes supérieures, les « 2 fois nées », reconnaissables au cordon sacré qu’ils portent sur le torse.
• les Shudras, la plus basse classe, exclue de la richesse, du pouvoir et des rites. Ils sont les serviteurs des 3 autres classes.

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Les a-varna ou gens sans classe
Ce sont les gens cantonnés dans les métiers impurs que les classes supérieures ne peuvent exercer (bouchers, tanneurs, forgerons, vidangeurs, blanchisseurs etc…). La « classe » elle-même, comme un genre pour reprendre le langage biologique, est subdivisée en multiples espèces qu’on appelle les ‘Jat » ou castes. Ce sont les groupes de statut derniers, héréditaires, dans lesquels se transmettent les spécialisations professionnelles.

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d. Les principaux dieux :

Dans la trinité des dieux hindous, à laquelle participent Brahma et Vishnu, Shiva est celui que l’on vénère le plus au Népal. Il est souvent représenté par un lingua, une pierre allongée symbolisant le phallus, considéré comme la source de l’énergie créatrice. Les temples qui lui sont dédiés sont reconnaissables à la statue du taureau Nandi, son véhicule, qui veille à l’entrée.

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Souvent représenté avec son épouse, la déesse Parvati, le couple divin a pour fils Ganesh, le dieu à tête d’éléphant. Shiva porte plusieurs noms dont chacun correspond à l’une de ses manifestation : notamment Pashupati, le protecteur pacifique ; Bhairab, le terrifiant destructeur du mal. Le mythe de la conception de Ganesh raconte que Shiva, rentrant d’une longue période de méditation dans l’Himalaya, trouva un jeune homme barrant la porte de sa maison pour l’empêcher d’entrer tandis que Pârvatî prenait son bain. Ce garçon était le fils que la (demi-)déesse s’était conçue, au moyen de la poussière et des onguents qu’elle avait raclés de sur sa peau, pour lui tenir compagnie durant sa solitude. Furieux de se voir interdire l’entrée de sa maison, Shiva sortit son épée et coupa la tête de son « fils » qui roula au loin et devint introuvable.
S’apercevant de cela, Pârvatî lui raconta toute l’histoire et, inconsolable, exigea qu’il redonne vie à son fils sur le champ. Shiva promit de remplacer la tête par celle de la première créature qui se présenterait, plus exactement par la tête du premier « enfant » hors de la vue de sa mère. Le premier être rencontré correspondant à cette description fut un éléphanteau dont la mère dormait en lui tournant le dos… Par cet acte, et bien que Ganesh ait été conçu sans lui, Shiva assume sa paternité. Cet épisode aurait, selon certains, une symbolique très précise : le fait qu’il faille « trancher la tête » pour accéder à la « shakti », c’est-à-dire que l’intellect doit « se retirer » pour faire place à l’énergie divine. Ce mythe est également très significatif sur la notion de maternité.

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Vishnu est le protecteur du monde. Selon la croyance, il a visité la terre dix fois, empruntant chaque fois une forme tantôt animale, tantôt humaine. Sa manifestation la plus populaire au Népal est Narayan qui a pour véhicule Garuda, l’homme-oiseau. Ses autres manifestations sont : Krishna le berger paisible personnifiant la masculinité ; Rama le grand héros du Ramayana ; Narshing l’homme-lion ; Kurma la tortue et bien d’autre

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Brahma   est le dieu créateur-démiurge de l’hindouisme

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e. D’autres dieux et déesses :

Le panthéon hindou est aussi peuplé de déesses et des multiples formes qu’elles empruntent : Parvati, Durga, Siddhi Lakshmi,

Taleju, est la protectrice de la vallée de Katmandou. Elle est symbolisé par une jeune fille appelée Kamari : L’histoire se passe il y a plus de 300 ans, au XVIIIème siècle, lors de la dynastie Malla. Le dernier roi Malla de Katmandou sort chaque nuit du palais pour rejoindre une jeune fille, fille d’orfèvres, qui prétend être habitée par l’esprit de la déesse Taleju Bhavani. Le roi joue aux dès avec la meuf. Or, la reine suspecte le roi de la tromper avec cette déesse. Aussi, une nuit décide t-elle de le suivre pour les espionner. La déesse s’en rend compte et elle devient un peu cinglée. Furieuse, elle part. Le roi ne la reverra jamais. Mais il peut la décrire parfaitement, et c’est ce qu’il fait. Il envoie sa garde rechercher la jeune fille, avec 32 critères : Des pieds proportionnés. Une ligne sous la plante des pieds en cercle. Des talons proportionnés. De longs orteils. Les pieds et les mains comme un canard. Les pieds et les mains doux et délicats. Le corps en forme de feuille de saptacchata. Des cuisses comme celles d’un daim. Les organes sexuels enfoncés dans le bassin. Les épaules rondes. La poitrine comme celle d’un lion. De longs bras. Un corps pur. Le cou comme une conque. Les joues comme un lion. 40 dents. Les dents proportionnées. Les dents blanches. Une langue petite et proportionnée. Une langue humide. La voix grave comme celle d’un moineau. Les yeux noirs. Les cils comme ceux d’une vache. Une belle ombre. Une ombre dorée. Les pores de la peau bien délimités. Les cheveux raides et tournés vers la droite. Les cheveux noirs. Le front large et proportionné. La tête ronde. Le corps proportionné comme un nyagrodha (figuier des banians). Un corps robuste. Et bien sur elle est vierge.
Selon la légende, la petite fille qui possède les trente-deux critères est considérée comme sa représentation vivante. Il s’agit de véritables déesses humaines. Enfin, c’est ce qu’ils disent. La petite fille devient Kumari à l’âge de quatre ans, environ. Elle est élue par un groupe de moines hindous et elle va rester déesse jusqu’à ce qu’une goutte de sang s’échappe de son corps. Compte tenu de la vie de princesse qu’elle mène, les égratignures sont rares, c’est alors les premières règles qui sonnent la fin du règne de la jeune fille. Entre 8 et 14 ans. Mais ce n’est pas tout… Les petites filles, pour pouvoir être élue, se soumettent à des rituels chelous pour voir leur courage, la capacité à rester assises sans bouger pendant plusieurs heures, la résistance à la peur… Par exemple, lors de la nuit de Dasain, les gamines sont enfermées dans une pièce où de nombreux buffles ont été égorgés. Les têtes comme des trophées sont fièrement exposées. ça pue, le sang, c’est dégueulasse, des gens portent des masques hideux, terrifiants, et les petites doivent savoir rester impassibles. Elles ont entre 3 et 4 ans…
Du coup entre 4 et 14 ans, les filles vivent une vie de déesse. Ou un calvaire. Tout dépend du point de vue, en fait. Elles ont plein de trucs interdits et pas tellement de trucs autorisés. En dehors de leur palais, les petites filles n’ont pas le droit de marcher par terre. Le sol est impur. Aussi, elles se font porter lorsqu’elles se rendent à l’extérieur. C’est très rare. Elles n’ont pas le droit de sourire ou de pleurer en public, lorsqu’elles sont maquillées (trait de khôl noir pour éloigner les démons, mais aussi une ligne jaune au dessus des sourcils puis on peint en rouge toute la partie supérieure du front, au centre, on peint le troisième œil). Elles doivent obligatoirement porter du rouge. La parure publique est un collier du cobra. Enfin, il y a plein de trucs qu’elles ne peuvent pas manger… Des œufs de volailles, le poisson, quelques légumes…
En septembre, il y a un rituel, la déesse donne le pouvoir de gouverner au monarque. Bon, c’est symbolique.
C’est chouette la vie de déesse hein… (indice : non) mais le pire, c’est l’arrivée de la première goutte de sang. En général, les premières règles, mais ça peut être un coup, une égratignure, une gencive sensible. Les filles doivent alors retrouver une vie normale. Une vie qu’elles n’ont jamais connu. Et c’est très difficile. Outre le fait qu’elles ont été adorées et servies pendant des années (elles ne savent pas s’habiller, ni se laver, se coiffer, cuisiner) les kumari reçoivent une instruction moindre. Elles ne savent pas toutes lire correctement, ni compter. Elles ne savent pas tellement marcher avec des chaussures, elles leurs étaient interdites avant même de savoir marcher correctement. Enfin, une légende raconte que si un homme épouse une kumari, il meurt dans l’année… Alors, ils sont peu nombreux à prendre le risque. Les anciennes déesses finissent souvent leur vie dans la rue, pauvres, sales, loin du faste qu’elles ont connu lors des premières années de vie.
Heureusement, depuis 1991, différentes associations ont agit pour défendre l’application des droits de l’homme et ainsi obliger les kumari à une éducation « normale », l’apprentissage de l’anglais, savoir lire, écrire, compter, comme tous les enfants de leur âge. Et ceci afin de pouvoir faire des études, travailler, gagner sa vie, et vivre tout simplement.

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epa06231965 An Indian girl dressed as Goddess Durga is worshipped during the Kumari Puja ritual as part of the Durga Puja festival in Mumbai, India, 28 September 2017. The 'Kanya' or Kumari Puja is a ritual of worshipping a girl aged between six and twelve years, symbolizing the Kanya Kumari (virgin) form of the Goddess Durga Devi. Hindu devotees perform the Kanya Puja in front of an idol of the Goddess Durga and believe that a Kanya is a living impersonation of the goddess. EPA/DIVYAKANT SOLANKI

Hanuman, le dieu-singe : Il était le symbole de la monarchie népalaise
C’est lui qui, à la tête d’une armée de singes a aidé le dieu Rama à libérer la princesse Sita, sa femme, des griffes du roi démoniaque de Lanka, Râvana.
Sa naissance est mythologique : Un jour, un bel être céleste, une jeune apsara, reçut de Brahma une grâce. Pourtant, quand elle l’apprit, elle se mit à sangloter, lui avouant qu’elle avait reçu une malédiction de Brihaspati dans son enfance.
 En effet, se promenant un jour au bord d’un étang elle vit un singe méditant en position du lotus, comme l’aurait fait un humain. Cela la fit rire mais elle lui offrit selon la coutume quelques fruits. Mais ce singe était en fait un Sage pratiquant ses austérités…
Celui-ci, furieux et vexé, lui porta une malédiction, la condamnant à s’incarner en guenon, condamnée à l’ascèse pour assurer sa descendance. Comme elle se mit à genoux pour se faire pardonner, le Sage assouplit la malédiction en lui permettant lors de cette nouvelle incarnation de changer de forme à volonté et de pouvoir ainsi redevenir femme.
Pour permettre une rapide libération d’Anjanâ, Brahma fit en sorte que l’apsara prenne naissance rapidement comme guenon dans une grande famille de singes où elle reçut le nom d’Anjanâ. Elle épousa un puissant roi du nom de Kesari. Ils vécurent longtemps heureux sur le mont Sumeru. Pourtant elle restait stérile… Elle décida alors de suivre une ascèse rigoureuse qui dura 700 ans, exigeant d’elle autant de courage que d’abnégation.
C’est alors qu’un rishi passant devant chez elle l’interpella. Comme elle se confiait et lui demandait quoi faire, le rishi lui indiqua qu’elle devait se rendre en pèlerinage sur la montagne de Shiva, se prosterner aux pieds du Seigneur Venkateshvara, se baigner et s’abreuver dans les eaux sacrées et prier le dieu du Vent : Vayu, l’indomptable. Elle aurait alors un fils invincible et immortel.
Elle fit alors exactement ce que le Sage lui avait recommandé. Quand le soleil entra dans le signe du Bélier, Shiva lui apparut, lui confirmant que grâce à cette ascèse de qualité, son vœu le plus cher serait exaucé immédiatement : non seulement elle aurait un fils mais celui-ci serait vaillant et célèbre pour ses exploits.
Ils nommèrent ce fils Hanumân…
Hanumân se caractérise donc par sa vaillance, sa modestie, son humilité. Si son visage et sa longue queue sont ceux d’un singe, son corps, velu et athlétique, est celui d’un homme. Immortel, il sait apparaitre parfois à ses dévots comme il le fit devant Tulsidas. Il maîtrise aussi parfaitement la portée intellectuelle et spirituelle des textes sacrés

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Saraswati, épouse de Brahma, est la déesse de la connaissance et des arts.
Parvati : Son nom signifie « femme de la montagne ». Elle est la réincarnation de Sati. Sœur de Vishnou et épouse de Shiva, elle est considérée comme « principe féminin suprême ». Elle est la fille de Himavat, le roi des montagnes de l’Himalaya, et de Meena. Lorsque Parvati naît, Narada se rend auprès d’elle et annonce que Parvati épousera Shiva. Elle décide en grandissant de partir à sa recherche, mais Shiva, veuf de la première incarnation de sa cosmique compagne Satî et absorbé dans sa méditation, ne lui prête aucune attention. Cependant, Brahma informe les dieux que seul le fils que donnera Parvati à Shiva pourra leur permettre de retrouver le ciel d’où ils ont été chassés par le démon Taraka.
Les dieux envoient alors Kâma, dieu du désir, lancer sur Shiva sa flèche d’amour. La flèche ricoche sur Shiva mais celui-ci, furieux qu’on ait tenté d’interrompre sa méditation, brûle Kama du feu de son troisième œil et retourne à sa méditation.Parvati décide alors de pratiquer l’ascèse pour conquérir le cœur de Shiva. Un jour, passe devant elle un brahmane qui se moque de son vœu d’épouser Shiva en personne. Elle réplique que cet homme est bien impur et ignorant de parler de la sorte du dieu des dieux. Elle lui ordonne de s’éloigner d’elle, car c’est un péché d’entendre de tels propos concernant le Seigneur. Au même instant, le brahmane reprend sa vraie forme, celle de Shiva, et lui dit qu’il est touché par sa dévotion. Ils se marient alors. Parvati conçoit ensuite Ganesh seule et Shiva le reconnaît pour fils.

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Kali : C’est la déesse de la préservation, de la transformation et de la destruction. C’est une forme terrifiante de Pārvatī représentant le pouvoir destructeur du temps. Kali comme Durga ou Parvati, est une représentation de Shakti, la déesse-mère. Kali est la représentation la plus terrifiante du panthéon hindou. Elle est représentée avec plusieurs bras, et le cou ceint d’une guirlande de cranes et la taille ceinte d’avant-bras. Elle a les yeux et la langue rouges et la peau noire. 
Siddhi Lakshmi :C’est la déesse hindoue de la richesse, de la prospérité (matérielle et spirituelle), la fortune et l’incarnation de la beauté. Elle dit apporter la bonne chance et protège ses dévots des problèmes d’argent, de misère et de toutes sortes de maux liés à l’argent. Sa monture (vahana) est la chouette.L’or et les bijoux sont ses symboles et elle est représentée avec quatre mains représentant les 4 vertus spirituelles. Des pièces d’or s’écoulent de l’une d’elles, tandis qu’elle bénit ses fidèles. Elle n’est pas armée, possède une couronne, est drapée d’un sari rouge et est soit assise soit debout sur une fleur de lotus.

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Bhairab est celui qui fait fuir les démons.

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Au Népal, il y a toujours une divinité que l’on peut invoquer quoiqu’il advienne… y compris la variole ou un mal de dent.

 

f. Les vaches sacrées

Au Népal, les vaches sont sacrées. Elles sont considérées comme une source de bénédictions et sont vénérées par les hindous orthodoxes. On peut les voir déambuler partout dans les villes où elles règnent en maîtres des lieux. La vache, symbolisant la fécondité, est étroitement associée à Lakshmi, la déesse de la prospérité. Le troisième jour de la fête du Tihar, on lave les vaches et on les pare avec des guirlandes de fleurs pour leur rendre hommage.

Le respect de la vache est le signe de l’ »ahimsa », l’absence de volonté de tuer. C’est aussi un signe de respect de la « mère universelle », symbole de la maternité. La vache est également l’animal qui permet au défunt de traverser le fleuve (Vaitarani) qui le sépare du paradis. La vache sacrée trouverait aussi son origine au temps des famines et où seul le lait de vache assurait la survie des enfants.
Les Népalais ne mange pas de vache mais du buffle d’eau (Buffalo)

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2. Bouddhisme

Le bouddhisme est la deuxième religion en importance. Elle est pratiquée par 9 % de la population. Cette religion est surtout présente dans les régions montagneuses du pays et dans la vallée de Katmandou. Le Bouddha serait en effet né au royaume de Kapilavastu, village dont la localisation traditionnelle serait Lumbinî au Népal. Mais les Indiens préfèrent à dire qu’il est né en Inde. La preuve authentique existe à Lumbinî où se trouve la plus vieille inscription clairement écrite « Ici; le Bouddha est né; celui de Śakyamuni »

Le bouddhisme au Népal est connu sous le nom de lamaïsme, le bouddhisme tibétain (une des branches du Grand Véhicule, connue sous le nom de Vajrayana ou Véhicule du diamant). L’originalité du Lamaïsme tient entre autres choses au fait qu’il se soit approprié les croyances et les pratiques magiques ancestrales du monde tibétain. De nombreux éléments de rites et de la symbolique bön (la religion ancestrale du Tibet) ont été assimilés dans le lamaïsme, ce qui explique la masse de déités aux allures féroces, à l’origine des démons de la religion bön, qui sont propres au panthéon tibétain.   
Dans le nord du Népal, chez les populations de langues et de culture tibétaines, les chemins sont jalonnés de petits chortens et de murets où s’entassent les pierres votives gravées. Devant chaque maison flotte un drapeau à prière. Les villages ont leurs Gompa (ou temple, résidence des lamas qui en ont la charge) et leurs moulins à prières. Les grands monastères se trouvent surtout à l’Est, en pays sherpa. Leur vitalité doit beaucoup à l’afflux de moines réfugiés du Tibet. 

Bodnath est le sanctuaire le plus important du Bouddhisme au Népal

3. Islam

L’islam est présent et concerne 4,4 % de la population.

4. Kiranti

L’ethnie des Kiranti suit une confession distincte. Cette pratique concerne 3,1 % de la population. Il croient en deux divinités suprêmes : Sumnima et Paruhang, ainsi qu’en une multitude de dieux de second rang parmi lesquels : Sakela, Sakle, Toshi, Sakewa, Saleladi Bhunmidev, Chyabrung, Yokwa, Folsadar et Chendi. Ils ont deux fêtes importantes dans l’année : le Sakenwa Uvauli (pendant la saison des semences) et le Sankenwa Udhauli. Ils se disent descendre tous d’une même personne nommée Chandi.

5. Christianisme

Le christianisme est très minoritaire (1,4 %) dans la société népalaise où il est toléré depuis peu (levée des restrictions en 1991). La forte croissance du nombre de chrétiens au cours des années 2000-2010 n’a pour l’instant pas fait l’objet de mesures fiables. Certaines sources parlent de 2 millions de chrétiens (soit 6,9 % de la population), mais ces chiffres sont contestés au sein des milieux chrétiens eux-mêmes

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65% de ces chrétiens viennent de la caste inférieure de la religion hindoue, les dalits ou intouchables, qui sont l’objet de discriminations et d’abus. Les sceptiques pensent que les raisons pour lesquelles ils se proclament chrétiens, sont les subventions apportées par les organisations internationales chrétiennes.

L’une des célébrités les plus populaires du Népal, la chanteuse et actrice Anju Panta, s’est convertie au christianisme.

 Le Catholicisme

 Il y aurait environ 10.000 catholiques. Le Vicariat apostolique au Népal dispose à l’heure actuellende 11 paroisses, 60 stations missionnaires, 1 évêque, 18 prêtres diocésains et 58 religieux, dont 13 non prêtres et 165 religieuses. L’Eglise gère 17 centres d’assistance et de bienfaisance sur le territoire, ainsi que 22 écoles maternelles, 28 écoles primaires et 23 collèges et lycées.

 Histoire :

Le premier prêtre catholique à arriver au Népal fut un jésuite portugais, le Père Juan Cabral, en 1628. En 1670, le roi Pratap Malla invita les Jésuites à s’établir dans le pays. En 1703, les Capucins italiens font œuvre d’évangélisation dans la partie centrale et orientale du pays. La conquête du pouvoir de la part des Gorkha, en 1769, bloqua l’évangélisation pendant près de deux siècles. Ce n’est qu’en 1951 en effet qu’un certain nombre de Jésuites indiens et américains pourront entrer au Népal pour enseigner mais sans exercer de ministère pastoral. Ce fut le cas également pour les Sœurs de Notre-Dame de Lorette, en 1955. En 1968, fut ordonné le premier prêtre népalais au sein de la Compagnie de Jésus. En 1973, furent adoptées par les autorités des mesures sévères afin d’éviter les conversions au christianisme et des dizaines de chrétiens furent incarcérés sans procès.

Le 7 octobre 1983, le territoire du Népal, jusqu’alors sous la juridiction du Diocèse indien de Pattna, fut érigé en Mission sui iuris, avec siège dans la capitale, Katmandu, la Mission étant confiée aux Jésuites. À la fin des années 1980, différentes congrégations religieuses, masculines et féminines, ouvrirent leurs maisons dans différents lieux du pays. Le 8 novembre 1996, la Mission au Népal fut élevée au rang de Préfecture apostolique et, le 10 février 2007, à celui de Vicariat apostolique, le premier Vicaire apostolique étant le Père Anthony Francis Sharma, S.I., natif de Katmandu, qui avait été responsable depuis la création de la Mission sui iuris. L’actuel Vicaire apostolique, nommé le 25 avril 2014, est S.Exc. Mgr Paul Simick, du clergé de Darjeeling.to

 La situation religieuse 

1. Un syncrétisme entre Hindouisme, Bouddhisme et Animisme est très marqué au Népal

Qu’ils soient hindouistes ou bouddhistes, les Népalais  sont profondément croyants et pratiquants. Leur ferveur religieuse est partout manifeste. C’est là l’un des traits les plus remarquables de la société et de la culture népalaise.
Dans plusieurs régions du Népal, les temples hindous côtoient les temples bouddhistes et de nombreuses fêtes et cérémonies religieuses attirent autant les fidèles hindouistes que bouddhistes. L’interpénétration des croyances, notamment dans la vallée de Katmandou, est un phénomène absolument fascinant.

Au Népal, l’hindouisme, souvent qualifié d’himalayen, a beaucoup emprunté au bouddhisme tantrique. De même, le bouddhisme tantrique a puisé dans les tantras hindous, plusieurs des éléments de sa doctrine. Ces deux religions, dans leur forme himalayenne, ont de plus incorporé de nombreuses croyances animistes et des pratiques chamanistes de l’ancienne religion bön pratiquée au Tibet avant l’introduction du bouddhisme. 

La religion telle que pratiquée par les Newar constitue un excellent exemple de l’interpénétration des croyances et de la mixité des pratiques religieuses. La cohabitation de l’hindouisme et du bouddhisme dans la vallée de Katmandou pendant deux millénaires, a entraîné des emprunts réciproques importants.  Aussi,  il n’est guère surprenant que l’hindouisme des  Newar soit fortement teinté par les croyances et les cultes bouddhistes de leur religion originelle tout autant que le bouddhisme de ceux qui le sont restés  fasse intervenir des déités hindoues dans leur pratique.  Demandez à un Newar s’il est hindouiste ou bouddhiste, il vous répondra « oui », dit le dicton.
Aussi, on comprend mieux  que plusieurs fêtes religieuses au Népal soient célébrées tant par la communauté hindouiste que bouddhiste. Cette interpénétration des croyances peut sans doute expliquer la grande tolérance religieuse des Népalais de même que la relative facilité de l’hindouisation de plusieurs ethnies tibéto-népalaises bouddhistes vivant dans les Moyennes montagnes népalaises.

 

2. Des difficultés avec le Christianisme et essentiellement les Protestants évangélistes et Pentecôtistes qui seraient en forte expansion

Etonnante progression du Christianisme au Népal dont à peine 0,1% des habitants étaient chrétiens en 1970 ; cette proportion devrait passer à 3,8% en 2020. C’est le pays où cette progression serait la plus élevée surtout du fait des églises évangéliques.

– Suppression de Noël comme jour férié : Le 4 avril 2016, le gouvernement népalais a annoncé que Noël ne sera plus un jour férié. Dans ce pays majoritairement hindou, Shakti Basnet, le ministre de l’Intérieur, a cherché à justifier la décision en ces termes : « Nous avons été obligés de prendre cette décision afin de contrôler l’inflation du nombre de jours fériés. Cette mesure ne vise pas les chrétiens. » Noël avait été inclus comme jour férié en 2008, après l’abolition de la monarchie
Les chrétiens ont été profondément offensés par cette décision, soulignant que le pays dispose de 83 jours fériés liés au calendrier religieux hindou et qu’un jour supplémentaire, pour Noël, ne pouvait guère faire une grande différence. Néanmoins, le gouvernement a maintenu sa décision, mais il a précisé que Noël sera toujours un jour férié pour les chrétiens employés par l’État.

– L’une des célébrités les plus populaires du Népal, la chanteuse et actrice Anju Panta, a annoncé en 214 qu’elle s’était convertie au christianisme. Face aux critiques et à la violente campagne menée contre cette « provocation » par les hindous radicaux, la jeune femme a simplement répondu : « Je n’ai rien à dire à ceux qui me critiquent. C’est peut-être le plan de Dieu et maintenant je suis sous (la protection de) sa grâce. »

– L’adoption d’une constitution laïque  a été bien acceuillie par les catholiques et par les musulmans. Ainsi le père Silas Bogati, vicaire général du vicariat apostolique du Népal, a déclaré : « La laïcité n’est pas seulement une question religieuse. C’est une valeur qui comporte la liberté religieuse et l’égalité de traitement entre toutes les religions. » Ainsi la laïcité serait une valeur chrétienne là bas alors qu’en France elle n’est pas toujours comprise ainsi !
– Toutes fois, cette constitution stipule que l’État a le devoir de sauvegarder le « Sanatana Dharma », un terme fréquemment traduit par « tradition primordiale » et qui correspond à l’essence de l’hindouisme. Si le paragraphe 1 de cet article déclare que la liberté religieuse est un droit fondamental, le paragraphe 3 affirme : « tout en exerçant ce droit tel que prévu par le présent article, nul ne peut agir ou faire agir autrui d’une manière contraire à la santé publique, à la décence et à la moralité, ou se conduire, agir ou faire agir autrui de façon à menacer l’ordre public, convertir une personne d’une religion à une autre, ou perturber la religion des autres. Un tel acte sera puni par la loi. » ce qui consacre l’interdiction de la conversion

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Jacques BONNAUD author