L’EMPEREUR, LE SHOGUN, LE SAMOURAI et autres personnages de la culture japonaise
L’EMPEREUR DU JAPON (天皇, Tennō)
Selon la Constitution promulguée en 1947 lors de l’occupation ayant suivi la Seconde Guerre mondiale, il a un rôle uniquement symbolique et détient sa fonction du peuple japonais, mais si Hirohito a bien renoncé à sa nature divine (akitsumikami) il n’a pas toutefois renoncer à son ascendance divine. Il incarne l’âme même du Japon.
Mythologie :
Elle est la base de la nature divine de l’empereur. Ce statut a fait l’objet d’une remise en question lors de l’occupation du pays par les forces américaines, ces dernières obligeant en conséquence Hirohito à renoncer officiellement, en janvier 1946, à sa nature de « divinité incarnée » (akitsumikami) sans toutefois renoncer à son ascendance divine.
Selon elle, le premier empereur, Jinmu (神武天皇, Jinmu Tennō) , descend de la déesse japonaise Amaterasu (divinité du Soleil), les deux étant séparés par cinq générations. Les expressions « demi-dieu » et « dieu vivant » pour désigner l’empereur japonais y trouvent leur origine.

La déesse du soleil Amaterasu avait un fils nommé Ame no Oshihomimi no Mikoto et à travers lui un petit-fils Ninigi-no-Mikoto. Elle envoie son petit-fils dans l’archipel japonais où il épouse la princesse Konohana-Sakuya. L’un de leurs trois enfants est Hikohohodemi no Mikoto, aussi appelé Yamasachi-hiko, qui épouse la princesse Toyotama, fille d’Owatatsumi, dieu de la mer et frère d’Amaterasu. Ils ont un fils nommé Hikonagisa Takeugaya Fukiaezu no Mikoto. L’enfant, abandonné par ses parents à la naissance, est élevé par la princesse Tamayori, la jeune sœur de sa mère. Ils finissent par se marier et ont quatre enfants, dont le dernier devient l’empereur Jinmu.

Jinmu (ou Puissance divine) aurait reçu d’Amaterasu trois objets extraordinaires : le Yata no Kagami ( 八咫鏡, un miroir bouclier de bronze magique lui permettant de voir toutes les iles du Pacifique, le Magatama (曲玉 / 勾玉) , un bijou en jade le plus souvent et le Kusanagi-no-tsurugi (草薙の剣), une épée légendaire au même titre que Durandal ou Excalibur. Ces trois objets seraient, de nos jours encore, cachés dans trois sanctuaires différents au Japon.



Selon la tradition décrite dans le Kojiki (Récit des faits anciens, ouvrage considéré comme le tout premier écrit du Japon) et le Nihon Shoki, Jinmu est né le 1er janvier 711 av. J.-C., mort le 11 mars 585 av. J.-C. et fonde l’empire du Japon le 11 février 660 av. J.-C.. Comme les autres premiers empereurs du Japon, son existence historique n’est pas attestée et sa vie relève surtout de la mythologie
Tous les empereurs japonais sont en ligne « directe » avec l’empereur primordial selon un principe unique et inviolé, d’après la mythologie, depuis plus de 26 siècles. Il est impossible de prouver historiquement la véracité de ce récit sur l’ensemble de la période, l’époque pré-Jinmu et les premiers empereurs relevant du domaine de la légende, mais la force de ce principe n’en est pas diminuée, car celui-ci ne souffre d’aucune exception démontrée pour la période historique connue (plus de 15 siècles). La liste officielle actuelle comprend 125 souverains (dont Akihito), parmi lesquels on trouve 8 impératrices (dont 2 régnèrent sous deux noms différents).
Histoire :
Depuis le premier empereur Jinmu (660 av. J.-C.) la même famille impériale règne sur le Japon (« lignée impériale » japonaise ou kōtō) ce qui en fait la plus ancienne dynastie du monde
La succession au trône impérial est régie par le principe agnatique selon laquelle, quel que soit l’empereur considéré, la règle la plus importante est que si l’on remonte sa généalogie par la ligne paternelle (son père, puis le père de son père, etc.) on arrive nécessairement au premier empereur Jinmu . Ce système contribue en particulier à la stabilité à la société, aucune révolution changeant ou abolissant la monarchie n’ayant de fait éclaté au Japon. D’ailleurs, comme la lignée impériale nipponne est unique, les empereurs n’ont pas de nom de famille.
Les 15 premiers souverains (dont une impératrice régente) sont considérés comme légendaires, et d’autres sont morts à un si jeune âge qu’ils peuvent difficilement avoir réellement gouverné. Néanmoins, les dates de règne de la liste complète restent la référence standard pour la détermination des ères de l’histoire japonaise
L’empereur Ojin ((応神天皇270-310) serait le premier à avoir eu une existence réelle

L’empereur Keitai (継体天皇 507-531), probablement fondateur d’une nouvelle dynastie plutôt qu’héritier de ses prédécesseurs

Les premiers empereurs historiques, souverains du Yamato, exerçaient leur pouvoir sur un domaine limité (nord de Kyūshū et sud-ouest de Honshū), qui s’est étendu progressivement vers le sud-ouest et le nord-est. Les territoires de Kyūshū et Honshū ne furent totalement dominés qu’au IXe siècle. De nombreuses parties du Japon n’étaient pas sous l’influence de la maison impériale.


Plusieurs grandes familles de nobles se battent pour le pouvoir et pour y remédier, l’empereur va créer la fonction de shogun, général qui devait avoir un rôle religieux et symbolique, un prolongement de l’empereur.
En 1192, Minamoto no Yoritomo devint le premier shogun, commandant militaire suprême du Japon, qui dirigera le pays à la place de l’empereur. Dès lors, pour certains occidentaux de l’époque, on voyait le Tenô/Mikado comme le pape et le shogun comme l’empereur du Japon. Jusqu’à la dissolution du shogunat en 1868, l’empereur avait une fonction simplement représentative.

En 1867, après la démission du dernier shogun Togugawa Yoshinobu , l’empereur Mutsuhito (明治天皇 Futur empereur Meiji) prend la totalité du pouvoir. Il va moderniser le Japon afin de le rendre moins vulnérable aux pressions occidentales, de plus il va lancer le Japon dans la conquête d’un empire colonial en Asie


En 1869, le shintoisme devient la religion officielle de l’empire et développe le sentiment de fidélité à l’empereur considéré comme un dieu vivant. Les 350 daimyos abandonnent leurs domaines à l’empereur et ceux-ci sont transformés en préfectures. Les anciens samouraïs s’intègrent en partie en encadrant la nouvelle armée japonaise recrutée grâce au service militaire obligatoire décrété en 1873. Les samouraïs rebelles à la modernisation sont éliminés après leur révolte de 1877. En 1889, l’empereur accorde une constitution qui établit une monarchie héréditaire et d’origine divine avec un système parlementaire
Rôle de l’Empereur :
Il a varié selon les époques mais il reste :
– le symbole de la nation japonaise et de son unité
– la tête de la religion shintoïste : Il est le prêtre suprême du shintoïsme. Il organise plus de vingt cérémonies religieuses par an dans les temples qui se trouvent au palais impérial.
Les noms de l’Empereur :
De son vivant, l’empereur n’est jamais désigné que par son titre, Tennô Heika, ou par son prénom (par exemple Akihito)
A son décès, il prend le nom de l’ère de son règne : Ainsi l’empereur Mutsuhito est devenu Meiji, Hirohito a pris le nom de Shôwa ( Paix rayonnante) et Akihito restera dans les mémoires sous le nom de Heisei (Paix accomplie)
Mikado (御門/帝), littéralement « sublime porte », désignant à l’origine le palais impérial, fut adopté pour désigner la fonction impériale (comme l’Élysée désigne la fonction présidentielle en France) aux époques Heian et Edo.
L’Empereur aujourd’hui :
Akihito (明仁)
Il est l’empereur actuel du Japon, depuis la mort de son père, Hirohito, le 7 janvier 1989. Avant son accession au trône du Chrysanthème, il fut prince héritier (皇太子, Kōtaishi) pendant 37 ans de 1952 à 1989.
Son rôle actuel est défini dans le chapitre I de la Constitution de 1946 : l’article premier le définit comme le symbole de l’État et de l’unité du peuple japonais ; l’article 3 dispose que pour toutes ses actions concernant les affaires d’État, l’autorisation du cabinet est nécessaire ; l’article 4 précise qu’il n’est pas compétent en matière de gouvernement ; l’article 6 lui donne le pouvoir d’accréditer le Premier ministre et le chef de la cour suprême (nommés respectivement par la diète et le cabinet) ; l’article 7 lui donne le pouvoir d’agir en chef de l’État avec l’approbation du cabinet. Contrairement à la plupart des monarchies constitutionnelles, l’empereur du Japon n’a donc aucun pouvoir réservé mais se retrouve dans une situation proche de celle du roi de Suède
L’actuelle famille impériale est composée d’une dizaine de personnes dont l’empereur et l’impératrice Michiko, le prince héritier Naruhito et son épouse Masako ainsi que leur fille de 14 ans, Aiko, le prince Akishino, son épouse et leur fils de 9 ans, Hisahito, 3e dans l’ordre de succession.
Ils mènent une vie retirée du public et des médias. L’empereur n’apparaît au peuple que pour son anniversaire (23 décembre) et pour la nouvelle année (2 janvier). Leur vie quotidienne reste encadrée par les rites shinto ainsi que leurs devoirs diplomatiques en tant symboles de la nation.
En effet, l’empereur ne fait que tenir le rôle de chef de l’État et ne dispose d’aucun pouvoir ni d’aucune influence politique depuis 1945. Il détient cependant une autorité morale qu’il utilise le moins possible. Sa dernière intervention, au lendemain du séisme de 2011 n’avait d’autre but que de soutenir le moral du pays.
L’empereur vit au Kôkyo, le palais au centre de Tokyo, tandis que le prince Naruhito et sa famille vivent au palais d’Akasaka. Leur vie quotidienne est gérée par l’Agence impériale, une administration qui contrôle chaque aspect de la vie de la famille impériale et de leurs biens.
C’est que le sujet est lié à de nombreuses polémiques : la question de la succession des femmes (interdite depuis que l’impératrice Shotoku tenta de mettre son amant sur le trône au VIIe siècle), l’opacité de l’Agence impériale (accusée de tous les maux), la dépression de la princesse Masako, le rôle politique de l’empereur et enfin le rôle de l’empereur Shôwa durant la Seconde Guerre mondiale. Le sujet met mal à l’aise, d’autant plus que l’institution apparaît comme archaïque. C’est en vain que l’on cherchera leur trace dans les médias ou que l’on entamera une conversation sérieuse sur le sujet avec des Japonais. Leur trace dans l’histoire est cependant omniprésente.
L’empereur du Japon, Akihito, âgé actuellement de 83 ans, abdiquera le 31 mars 2019, affirme vendredi 20 octobre le quotidien Asahi Shimbun Son fils aîné, le prince héritier Naruhito, aujourd’hui âgé de 57 ans, devrait lui succéder
LE SHOGUN ( 将軍)
Le terme shogun signifie « général » ; c’est l’abréviation de seiitaishōgun (征夷大将軍?), que l’on peut traduire par « grand général pacificateur des barbares »
Histoire :
Il s’agit originellement d’un titre donné, au début de l’Époque de Heian autour de l’an 1000) , aux commandants militaires de rang princier pour la durée des campagnes contre les Emishi (蝦夷), peuple indigène qui refusa de se soumettre au pouvoir impérial du prince Yamamoto. Le plus fameux de ces shoguns était Sakanoue no Tamuramaro (坂上田村麻呂), qui soumit les Emishi au nom de l’empereur Kanmu (桓武, 桓武天皇)

Plus tard dans l’époque Heian, au cours de la guerre de Genpei, un shogun supplémentaire fut désigné. Minamoto no Yoshinaka, après être entré dans la capitale et en avoir fait fuir les Taira avec l’empereur Antoku , fut proclamé Asahi Shogun

Durant la période féodale, les Shoguns devinrent de véritables dictateurs militaires. Après la défaite du clan Taira (un des quatre clans qui dominèrent la politique du Japon durant l’ère Heian, les trois autres étant les Fujiwara, les Minamoto et les Tachibana )durant la guerre de Gempei en 1185 ( qui s’acheva avec la victoire décisive du clan Minamoto à la bataille navale de Dan-no-ura, qui marque la fin de l’ère Heian et le début de la période Kamakura) Minamoto no Yoritomo prit le pouvoir à l’empereur et devint le dictateur et dirigeant du Japon. Il établit un système de gouvernement féodal basé à Kamakura (鎌倉), où les samourais prirent le pouvoir politique que détenaient alors l’empereur et la cour à Kyōto. En 1192, Yoritomo reçut le titre de seii taishōgun de l’empereur, et le système politique qu’il développa par la succession des différents shoguns devint connu sous le nom de bakufu (幕府), ou shogunat.

En dehors de Minamoto no Yoritomo, dont le shogunat de Kamakura dura environ 150 ans, de 1192 à 1333, seuls Ashikaga Takauji et Tokugawa Ieyasu (徳川家康), tous deux descendants des princes Minamoto, reçurent le titre de seii taishōgun et établirent leur propre gouvernement militaire bakufu. Le shogunat Ashikaga dura de 1338 à 1573, tandis que le shogunat Tokugawa recouvrit la période de 1603 à 1868.
– La période Muromachi correspond à l’époque qui s’étend entre 1333 et 1573. Pendant cette période, le Japon fut contrôlé par des shoguns de la famille des Ashikaga qui étaient installés à Kyōto.
– Le Shogunat Tokugawa : En 1603, après s’être fait attribuer le titre de shogun à la suite de l’élimination de tous les clans rivaux conduisant à l’unification du pays sous son autorité, Tokugawa Ieyasu fit du village de Edo (江戸?, Porte de la rivière), la nouvelle capitale Edo, qui deviendra Tokyo (« capitale de l’Est ») à partir de l’ère Meiji. Ieyasu était donc le premier shogun de la dynastie des Tokugawa, qui règnera sur le Japon jusqu’à la restauration Meiji en 1867


La fin du Shogunat :
Bakumatsu signifie « la fin du bakufu ou shogunat».
Cette période débute avec l’arrivée des bateaux noirs, la flottille de guerre du commodore Perry obligeant le Japon à s’ouvrir.


Pendant toute la première partie du XIXe siècle, les Russes et les Américains ont tout essayé pour faire cesser le sakoku (politique de fermeture des frontières). Pour les Russes, la conquête du Japon entrait dans une logique de guerre. Pour les Américains, le Japon n’avait que peu d’intérêt, si ce n’est que ce territoire se trouvait plutôt au milieu des routes commerciales qu’ils essayaient de créer avec le reste de l’Asie. Du fait de la guerre de l’Opium (1839 – 1842), les Anglais eux aussi louchaient du côté du Japon pour renforcer leur présence dans cette région. Cependant, toutes ces tentatives furent infructueuses.
En juillet 1853, Perry, est envoyé par le président des Etats-Unis et arrive dans la baie d’Edo. Il apporte au Shogun plusieurs demandes du président, compilées dans une lettre. Elle déclenche un vent de contestation dans le pays qui entraîne la chute du shogunat. Ainsi, une intervention extérieure est la cause de la chute d’une institution ancestrale. Dès le XVIIIe siècle, par manque de réformes qui prennent en compte les évolutions de la société japonaise, le shogunat s’affaiblit. A la moitié du XVIIIe siècle, on passe d’une économie de subsistance à une économie d’échange (de monnaie y compris). La production agricole évolue, de la simple culture du riz à une diversification (coton, colza…). On assiste à la naissance d’une industrie rurale : les femmes et filles des paysans confectionnent des vêtements. Les marchands des villes s’enrichissent considérablement. Le système d’impôts reste basé sur les cultures vivrières et ne profite pas des nouvelles richesses. Pendant ce temps, certains seigneurs ont grossi et font de l’ombre au shogun.
Ce dernier est désarmé face à Perry. Il consulte les daimyo (Seigneurs de guerre) . Les proches du shogun parmi les plus réalistes estiment que le Japon ne peut rien faire d’autre que de gagner du temps. Mais d’autres fiefs, tel les Mito, au nord de Edo, veulent résister à tout prix. Les Mito sont à l’origine du mitogaku, école de pensée qui s’attache à définir la pensée japonaise, base du nationalisme. Ils créent le concept de kokutai (corps du pays), rassemblement de la nation autour de l’empereur. Les fiefs de Choshu et Satsuma partagent ces idées. Mais le jeune shogun Tokugawa, après avoir consulté l’empereur, accepte la demande de Perry.

Le traité de Kanagawa est signé en mars 1864. On donne vivres et combustible aux marins américains. Les ports de Shimoda (sud de Isu) et Hakodate (Hokkaido) s’ouvrent au commerce avec les étrangers. Harris Townsend s’installe comme consul américain à Shimoda, et signe un deuxième traité plus complet, en faveur des Etats-Unis, en juillet 1868. Les grandes puissances de l’époque se pressent aux portes du Japon et demandent leur part du gâteau. De nombreux traités, que l’on appellera par la suite les « traités inégaux », lient (de force) le Japon aux Britanniques, aux Russes, aux Hollandais… Les autorités n’ont même pas le contrôle des droits de douane. Ces traités inégaux offrent aux daimyo rebelles une occasion de plus de manifester leur mécontentement.

« Sonno Joi! ». C’est le slogan des daimyo rebelles : « Vénérons l’empereur, expulsons les barbares! ». Le bakufu veut attirer les profits du commerce international, des jeunes samurai sont envoyés apprendre en Occident. Les rebelles suivent la même politique, ils critiquent l’ouverture mais envoient aussi leurs experts. Les daimyo ont toujours une longueur d’avance sur le bakufu. Dans un premier temps, la révolte est larvée. La tension monte d’un cran avec la purge de Ansei, opérée par le shogun sous l’influence de Ii Naosuke. Une partie des opposants à la politique d’ouverture va être emprisonnée, dont le daimyo de Mito. Son fief, en retour, fait assassiner Ii Naosuke, juste à l’entrée du château d’Edo (1860).

Les shishi sont des jeunes samurais de Satsuma, fanatiques et xénophobes, qui parcourent les villes et s’en prennent aux étrangers. En 1862, à Kagoshima, un groupe de ces shishi attaque des marins anglais qui n’avaient pas fait preuve de suffisamment d’humilité face au shogun, et en tuent quelques-uns un. Le gouvernement anglais demande des réparations, le daimyo de Satsuma refuse, et les navires de guerre anglais mettent le feu à Kagoshima. Ils obtiennent finalement de lourds dommages et intérêts. Le daimyo rebelle de Choshu, dans le même temps, fait tirer sur les navires occidentaux qui croisent au large de Shimonoseki. Tant et si bien qu’en 1864, une flotte alliée vient détruire le port de Shimonoseki.
Les daimyo rebelles tirent les conclusions de leurs échecs, pour finalement s’allier aux occidentaux contre le shogun. Satsuma et Choshu, les deux terribles, font un pacte secret.


Choshu menait jusque-là une politique d’assassinats, et Satsuma était plus modéré. Ils ont tous les deux l’expérience des rapports avec les Occidentaux, et manipulent à leur guise le shogun. Ils s’associent en mars 1866. C’est le Satcho domei (mélange entre les noms Satsuma et Choshu). Les deux armées réunies prennent possession de Kyoto. Le 3 janvier 1868, ils sont aux portes du palais impérial. Tokugawa Yoshinobu est le dernier shogun. Il tente, depuis son accession au pouvoir en 1867, de réformer le régime. Les clans le forcent à restituer le pouvoir à l’empereur. Il déclare donc le taisei hokan (Restauration impériale) , pour gagner du temps, mais peu après la cour impériale émet un édit qui abolit le shogunat et proclame la restauration impériale. Les partisans du shogun résistent pendant 6 mois (guerre civile de boshin senso), sont repoussés vers Hokkaido, et se rendent en 1869 à Goryokaku. Le 18 janvier 1868, la restauration commence.
LE SAMOURAI ( 侍 )
C’est un membre de la classe guerrière qui a dirigé le Japon féodal durant près de 700 ans.
Etymologie :
Le terme « samouraï », mentionné pour la première fois dans un texte du Xe siècle, vient du verbe saburau qui signifie « servir »
Auparavant, on désignait les guerriers plutôt par les termes « mono no fu » (jusqu’au VIIIe siècle), puis « bushi « (武士), qui peuvent l’un ou l’autre se traduire par « homme d’armes ».
Histoire :
a. Leurs origines sont discutées :
La classe de guerriers professionnels du Japon, constituée d’archers montés sur des étalons, trouve son origine dans la volonté impériale de conquérir des terres des Aïnous à la fin de la période Nara. Jusque-là, le Japon disposait d’une armée fondée sur la conscription, inspirée du modèle chinois. Les hommes âgés de vingt à trente ans étaient conscrits, répartis en autant de gunki (corps de mille soldats et officiers) qu’il y avait de provinces et attachés au service du kokushi (gouverneur de la province). Ce système se révéla totalement inefficace pour lutter contre les « barbares » Aïnous, redoutables cavaliers. L’empereur décida en 792 de le dissoudre pour mettre en place un nouveau système appelé « kondeisei ». Le « kondese »i avait l’avantage de réduire le poids du service militaire chez les paysans (sur qui reposait l’économie) puisqu’il était constitué de jeunes cavaliers archers issus de milieux plus aisés. Cette milice, formée de 3 964 hommes, commença à tomber en désuétude au Xe siècle, mais on ne peut affirmer qu’elle soit à l’origine des premiers samouraïs, apparus à cette époque.

Ils pourraient dériver des kugutsu, des nomades qui parcouraient le Japon en vivant de spectacles de marionnettes et d’acrobaties, eux aussi réputés grands cavaliers archers. Il est toutefois impossible de dire s’ils utilisaient des grands arcs

Ils pourraient trouver leurs origines chez les Emishi (populations indigènes du Tohoku qui refusaient de se plier à l’autorité de l’empereur du Japon) qui furent employés comme mercenaires

Une dernière estime que les samouraïs seraient à l’origine des gardes du palais impérial au début du Xe siècle
b. Durant la période Heian :
Si l’ère Heian est pour la cour impériale une période de paix et de prospérité, les provinces, en revanche, étaient secouées de révoltes paysannes dues aux lourds impôts, réprimées par les kokushi (gouverneurs de provinces nommés par le gouvernement impérial). Les petits fermiers se placèrent sous la protection de puissantes familles de propriétaires terriens, qui de ce fait s’enrichirent et furent bientôt en mesure de recruter des armées privées, constituées de guerriers professionnels, mais aussi de simples civils.
De plus des cadets de familles de fonctionnaires, sans emploi à la capitale, cherchaient à s’installer dans les provinces, se mettaient au service d’un gouverneur ou s’alliaient avec des familles d’administrateurs de district. Au cours du XIe siècle, et surtout du XIIe, partout et particulièrement dans les provinces du Nord et de l’Est ainsi qu’à Kyûshû où des incursions de pirates étaient à redouter, des bandes de guerriers se sont constituées autour de chefs à qui chacun devait loyauté et service, nombreuses mais moins importantes que la rumeur ne les a faites. Le pouvoir impérial s’érodant progressivement, le Japon évolua vers le morcellement politique. Les princes turbulents à la cour recevaient une charge en province et se taillaient des fiefs avant de revenir à la cour pour rivaliser de puissance. Certaines lignées issues de la capitale acquirent ainsi de plus en plus d’influence. Deux grands clans de souche impériale, les Taira, qui avaient acquis leur puissance dans le nord et l’est puis à Ise et les Minamoto, également titulaires de fiefs dans le nord et l’est, commencèrent alors à lutter d’influence à la cour. Mais jusqu’à la fin du XIe siècle, les principaux personnages dont l’histoire a fait les représentants d’un monde des guerriers en gestation restaient en fait, et se considéraient, des fonctionnaires moyens, souvent employés comme gouverneurs de province et clients des hauts dignitaires.


C’est alors que cette situation évolua et commença à donner tous ses effets. À la fin du XIe siècle la maison des régents Fujiwara, qui avait jusqu’alors dominé la cour, vit son influence s’amenuiser même si elle gardait richesse et influence. L’empereur Shirakawa joua sur la rivalité des clans pour restaurer l’influence impériale. Il abdiqua officiellement en 1086 et se retira dans un cloître. Mais le « joko » – l’empereur retiré – continua à exercer la réalité du pouvoir par l’intermédiaire d’empereurs en titre qui n’étaient que des marionnettes. Trois empereurs retirés gouvernèrent ainsi durant cent vingt ans une dizaine d’empereurs en titre.

En 1156, à la mort de l’empereur cloîtré Toba, une lutte pour le pouvoir entre l’empereur Go-Shirakawa et l’empereur retiré Sutoku permit aux deux grandes familles des Taira et des Minamoto d’intervenir par la force dans le règlement du conflit. Mais peu de temps après l’achèvement des combats les vainqueurs se divisèrent. De 1160 à 1180, un chef Taira domina la cour, se faisant concéder les plus hautes charges. Minamoto no Yoritomo, exilé dans l’est depuis la défaite de son père en 1159, rassembla des partisans et entreprit de déloger les Taira du pouvoir central. Les combats entre les partisans des Taira et ceux des Minamoto durèrent jusqu’en 1185 et s’achevèrent par la défaite des Taira. Un historien contemporain des faits a écrit que le Japon entra alors dans l’âge des guerriers.

En 1192, Yoritomo instaura le premier bakufu « gouvernements de guerriers » qu’allait connaître l’histoire du Japon. Il accepta de la cour le titre honorifique de seii taishôgun, « général en chef contre les barbares », abrégé en shôgun, qui devait rester celui du chef des trois bakufu que connut le Japon au cours de son histoire.

c. La période de Kamakura :
Yoritomo établit à Kamakura une organisation administrative issue de celle de sa propre maison, chargée de contrôler et juger ceux qui figuraient parmi ses vassaux.
Au cours du XIIIe siècle, c’est de plus en plus à Kamakura et de moins en moins à Kyôto que se réglaient les procès concernant les terres et cela selon les règles de la législation édictée par le bakufu.

Lors des tentatives d’invasions mongoles (1274 et 1281), c’est le bakufu qui prit toutes les décisions et qui récompensa les guerriers. Mais après ces succès, le bakufu de Kamakura s’enfonça dans les difficultés : vassaux appauvris par suite du système des partages des héritages et des dépenses des guerres mongoles, usurpations de revenus, désordres croissants causés par des guerriers non vassaux du shôgun et par des pirates, querelles dans l’entourage de la maison Hôjô qui dominait le bakufu depuis la disparition des descendants directs de Yoritomo.
La cour, en la personne de Godaigo Tennô, crut pouvoir rétablir son autorité, mais ce fut un échec, car les guerriers qui prirent son parti contre Kamakura n’entendaient pas revenir à l’ancien régime. La restauration manquée de 1331 amena un schisme dans la maison impériale et plus de cinquante ans de désordres dans le pays.
d. La période de Muromachi :
Les grands lignages guerriers des shugo qui contrôlaient les provinces changeaient de fidélité suivant leurs intérêts, soit pour la cour du Sud établie à Yoshino, soit pour celle du Nord restée à Kyôto, sous la protection d’une nouvelle famille de shôgun : les Ashikaga, qui appartenaient comme Yoritomo à une lignée Minamoto. Les Ashikaga furent nommés chefs du deuxième bakufu. En 1392, la réunification se fit au profit de la cour du Nord. Pour quelques décennies, les Ashikaga établirent fermement l’autorité de leur bakufu appelé de Muromachi, du nom du quartier de Kyôto où il était installé. Ce bakufu organisa une administration dont les chefs étaient ses principaux vassaux, les plus importants shugo, et se créa des ressources financières en taxant les prêteurs et les fabricants de saké, ainsi qu’en favorisant le commerce avec la Chine.

Les shugo avaient profité des troubles du XIVe siècle pour étendre leur autorité sur les régions où ils étaient censés seulement commander les vassaux du shôgun et maintenir l’ordre. Ils ont fait en sorte de faire des lignages guerriers de leur région leurs propres vassaux. Ils se sont immiscés dans l’administration des domaines et des terres restées publiques dans les provinces, pour y lever des taxes. Les communautés paysannes, de leur côté, commençaient à s’organiser et à résister quelquefois avec l’aide de petits guerriers locaux encore à demi paysans.
À partir de 1441, l’autorité des shôgun Ashikaga entra en décadence et, pour plus d’un siècle, le pays s’enfonça dans une période qualifiée par les contemporains de renversement des hiérarchies. On passa des shugo aux daimyo
e. Le temps des guerres féodales :
Ce grand siècle d’effacement d’une autorité centrale s’acheva après l’arrivée des Portugais qui introduisirent les armes à feu, rapidement fabriquées dans le pays, ce qui changea les conditions des combats et donna l’avantage aux daimyô capables de s’en procurer et de rassembler des troupes plus importantes.

Un membre d’une médiocre famille de daimyô, Oda Nobunaga (1534-1583) commença ainsi à soumettre à son autorité les daimyô des régions centrales et, en 1573, mit fin au bakufu des Ashikaga. Après son assassinat, son œuvre fut reprise et complétée par un homme de très modeste origine, Toyotomi Hideyoshi (1536-1598). Il réduisit à l’obéissance aussi bien les daimyô de Kyûshû que ceux du nord et prit plusieurs mesures qui ont contribué à mettre un terme à la mobilité sociale et aux désordres : désarmement de la population, obligation de choisir entre le statut de paysan ou celui de guerrier, rassemblement des guerriers vassaux de chaque chef de fief, han, autour de leur seigneur, avec interdiction de s’adonner à l’exploitation de la terre ou au commerce. Il fit commencer un cadastre général qui mit définitivement fin au système domanial ; il fixa ainsi la capacité productive de chaque région, ce qui permit ensuite de classer les daimyô en fonction de cette capacité évaluée en boisseaux de riz. Les paysans reçurent l’interdiction de quitter le lieu où ils étaient enregistrés, alors que les guerriers, vassaux de Hideyoshi, chefs de fiefs, pouvaient eux être déplacés avec leurs propres vassaux selon le bon vouloir de Hideyoshi, puis peu après du nouveau bakufu. À sa mort, Hideyoshi n’avait pas eu vraiment le temps d’organiser un système administratif ; il laissait pour héritier un enfant de cinq ans. Les daimyô se divisèrent rapidement. Tokugawa Ieyasu (1542-1616), qui disposait du fief le plus important, poussa ses ambitions, les fidèles de Hideyoshi se regroupèrent mais le sort des armes donna la victoire à Ieyasu à Sekigahara en 1600. Il reçut alors l’hommage des principaux daimyos.

f. Le nouveau shogunat d’Edo
En 1603, Ieyasu qui, tel les Ashikaga au XIVe siècle, se targuait d’une ascendance Minamoto, fut nommé par la cour seii taishôgun ; il établit son bakufu à Edo, maintenant Tôkyô. Il était ainsi définitivement et légitimement le supérieur de tous les daimyô et légua de son vivant son titre de shogun à son fils, instaurant ainsi une véritable dynastie shogunale. Ieyasu put alors remodeler la carte des fiefs, par des confiscations, diminutions ou au contraire augmentations ou même installations de nouveaux daimyô. En 1615, après la prise du château d’Osaka où résidaient le fils de Toyotomi Hideyoshi et ses fidèles, Ieyasu fut le seul maître du Japon. Le bakufu promulgua alors un règlement en treize articles surtout destiné aux daimyô. On y lit que les lois du bakufu doivent primer celles des fiefs, que la construction et les réparations des châteaux encore subsistants sont soumises à une autorisation du bakufu, que mariages et successions dans les familles de daimyô doivent recevoir l’accord du bakufu. Il appartint au petit-fils de Ieyasu, Iemitsu (1604-1651), de compléter l’organisation du bakufu par la fermeture du pays, par l’expulsion de tous les étrangers à l’exception de quelques Hollandais concentrés dans un îlot de Nagasaki et de quelques marchands chinois, et l’interdiction pour les Japonais de quitter le pays. Iemitsu a aussi renforcé le contrôle du bakufu sur les guerriers par des destitutions nombreuses – qui devinrent beaucoup moins fréquentes dans les deux siècles suivants –, par l’instauration du service alterné qui obligeait les daimyô et une partie de leurs vassaux à passer une année sur deux à Edo, à y entretenir une résidence et y laisser leur famille qu’il pouvait ainsi pratiquement tenir en otage.

g. Centralisation et bureaucratie
Le bakufu a organisé une véritable administration dont les chefs étaient des daimyô, anciens vassaux de Ieyasu avant la victoire de Sekigahara, et dont les fonctionnaires étaient des vassaux directs n’ayant pas rang de daimyô. Une sorte de bureaucratie shogounale s’est ainsi mise en place avec des organes pour les finances, la police, la surveillance des daimyô. Le shogunat des Tokugawa a ainsi poussé assez loin une forme de centralisation mais il a laissé subsister sur les trois quarts du pays des fiefs, han, dont les chefs jouissaient d’une certaine autonomie en matière de fiscalité, de règlements ou même de droit de justice. L’administration des fiefs était assurée par les guerriers vassaux des daimyô. Certain parmi les plus importants ont pu conserver des revenus assis sur la terre, mais sans droit d’administration. Cependant, de plus en plus les guerriers n’ont plus reçu qu’une pension libellée en riz payée aux magasins du bakufu ou du fief. Il faut souligner qu’il y avait une énorme distance entre les guerriers de haut rang conseillers de leur daimyo et les guerriers du bas de l’échelle, titulaires de pensions vingt ou trente fois moindres.
h. La période Meiji
Encore très guerriers au XVIIe siècle et peu instruits, les samouraïs se sont transformés au fil du temps en une sorte de classe de fonctionnaires, quoiqu’ils aient toujours jalousement gardé leurs privilèges de porter deux sabres et de pouvoir châtier tout roturier qui leur manquait de respect. Malgré leur répugnance, certains étaient chargés de l’administration financière de leur fief. À partir du XVIIIe siècle beaucoup de fiefs ont créé des écoles pour leurs samouraïs et promu l’idéal du guerrier instruit. Une bonne part des penseurs de l’époque d’Edo est sortie de leurs rangs. En outre certains samouraïs n’hésitaient pas à quitter quelquefois provisoirement leur fief pour devenir rônin et en profiter pour compléter leurs études.

Enfin, grâce au système de la résidence alternée, ils pouvaient acquérir une expérience qui dépassait les limites de leur fief.
Le début du XIXe siècle est marqué au Japon par une série de bouleversements : soulèvements de la paysannerie réprimés impitoyablement par les armées seigneuriales, première approche des navires occidentaux et timide ouverture sur l’extérieur violemment condamnée par la noblesse et mouvement de révolte des grands daimyô qui avaient été muselés depuis deux siècles. Les troubles éclatèrent à la mort du shogun Tokugawa Iemochi en 1866. Les partisans des Tokugawa affrontèrent alors en une véritable guerre civile les partisans d’un retour de l’empereur au pouvoir effectif. Les armées finirent par se rallier à la cause de l’empereur Mutsu Hito qui abolit tous les fiefs et privilèges et fit renter à marche forcée le Japon dans la voie du modernisme, ouvrant ainsi l’ère du Meiji, l’ère des Lumières. Privés de leurs droits, les samouraïs se révoltent avant d’être écrasés par l’armée impériale en 1874 et lors de la rébellion de Satsuma en 1877. Le passage à l’ère moderne fit qu’il fut décidé de conserver l’héritage culturel des différents arts utilisés par les samouraïs au sein de la Dai nippon butoku kai créée en 1895.
Education et modes de vie des Samouraïs
Dans la tradition samouraï, un fils de samouraï était soumis à une discipline très stricte. Le temps des caresses maternelles était douloureusement court. Avant même d’avoir vêtu son premier pantalon, on l’avait soustrait autant que possible aux tendres contacts et on lui avait appris à réprimer les élans affectueux de l’enfance. Tout plaisir oisif était rigoureusement mesuré et le confort lui-même proscrit, sauf en cas de maladie. Ainsi, dès le moment où il savait parler, on lui enjoignait de considérer le devoir comme le seul guide de son existence, le contrôle de soi comme la première règle de conduite, la souffrance et la mort comme des accidents sans importance du point de vue individuel.
Cette éducation austère n’allait pas sans impératifs beaucoup plus contraignants, destinés à développer une impassibilité totale dont l’enfant ne devait jamais se départir, hormis dans l’intimité de la maison. On accoutumait les garçonnets à la vue du sang en les forçant à assister à des exécutions. Ils ne devaient manifester aucune émotion. De retour chez eux, on les obligeait à manger un grand plat de riz coloré en rouge sang par l’adjonction d’un jus de prunes salées, afin de réprimer tout sentiment d’horreur secret. Des épreuves encore plus pénibles pouvaient être imposées, même aux très jeunes enfants. À titre d’exemple, on les contraignait à se rendre seuls, à minuit, sur les lieux du supplice, et à en rapporter la tête d’un des condamnés pour preuve de leur courage. En effet, la crainte des morts était jugée tout aussi méprisable de la part d’un samouraï que celle des vivants. Le jeune samouraï devait apprendre à se prémunir contre toutes les peurs. Dans toutes ces épreuves, la plus parfaite maîtrise de soi était exigée. Aucune fanfaronnade n’aurait été tolérée avec plus d’indulgence que le moindre signe de lâcheté.
En grandissant, l’enfant devait se satisfaire, en guise de distractions, de ces exercices physiques qui, très vite et pour le restant de ses jours, préparent le samouraï à la guerre : kenjutsu, jujutsu, bajutsu, kyujutsu, respectivement art du sabre, lutte, art équestre, tir à l’arc
Le bushido (武士道voie du guerrier)
C’est un ensemble de principes que devait respecter le samouraï. Un ouvrage populaire, vu comme un guide du samouraï est le Hagakure. Il s’agit d’une compilation des pensées et enseignements de Jōchō Yamamoto, ancien samouraï vassal de Nabeshima Mitsushige.
Il existe sept grandes vertus confucéennes associées au bushido :
• Droiture (義, Gi, parfois aussi traduit par « rectitude » ou « rigueur »)
• Courage (勇, Yū)
• Bienveillance (仁, Jin, parfois aussi traduit par « grandeur d’âme », « compassion » ou « générosité »)
• Politesse (礼, Rei?, correspondant à l’étiquette apparue en France à la même époque ou d’une manière plus générale, le respect3)
• Sincérité (誠, Makoto, ou « honnêteté »)
• Honneur (名誉, Meiyō)
• Loyauté (忠義, Chūgi)
La plupart des samouraïs vouaient leur vie au bushido, un code strict qui exigeait loyauté et honneur jusqu’à la mort. Si un samouraï échouait à garder son honneur, il pouvait le regagner en commettant le seppuku (suicide rituel), que l’on connaît mieux en Occident sous le terme de « hara-kiri » ou « l’action de s’ouvrir le ventre » (hara, le « ventre », siège du ki, « puissance, énergie » et kiri, « coupe »).

LE DAIMYÔ 大名
C’est un titre de la noblesse japonaise. Les daimyos étaient les plus puissants gouverneurs féodaux au Japon, entre le XIIe siècle et le XIXe siècle
Histoire :
Avant la période Muromachi cependant, on utilisait plus volontiers le titre de myōden (名田) pour désigner les grands propriétaires de domaines. Ceux-ci étaient alors divisés en kokushu (国主, gouvernant au moins une province), ryōshu (領主, gouvernant un territoire moins important) et jōshu (城主, gouverneurs de châteaux).
Ces daimyos se livrèrent des guerres incessantes dans le but d’agrandir leurs territoires. Au XVe siècle, à la faveur des troubles qui agitaient le pays, de nombreux shugo (守護), gouverneurs de province s’approprièrent des terres et prirent le titre de shugo-daimyō (守護大名), construisant des châteaux pour se défendre contre les visées expansionnistes de leurs voisins. Ils ne furent pacifiés qu’après la bataille de Sekigahara en 1600.
À l’époque d’Edo, le terme de daimyo était appliqué à environ deux cents princes ou grands seigneurs de domaines dont le revenu annuel égalait ou dépassait dix mille koku (soit environ 1 500 tonnes) de riz. Ceux qui avaient un revenu moindre étaient qualifiés de shōmyō (小名, « petit nom »).
Les daimyos appartenaient à plusieurs catégories :
• les shinpan daimyō (新藩大名), appartenant à la famille de Tokugawa ;
• les fudai daimyō (譜代大名), attachés personnellement au shogun Tokugawa ;
• les tozama daimyō (外様大名 ou daimyo « extérieur »), ralliés au bakufu.
Les daimyos, bien qu’ayant une certaine autonomie, étaient néanmoins assujettis à des règles particulières, la plupart codifiées dans le bushidô, et devaient suivre la loi des maisons guerrières (武家, buke). Ils devaient, entre autres obligations, entretenir à Edo une résidence, y demeurer une année sur deux (ou six mois par an) et y laisser en otage leur famille et des vassaux. Le voyage du daimyo consistant à rendre hommage à son shōgun à Edo s’appelait le daimyō-gyōretsu (大名行列), c’est-à-dire la « procession des seigneurs ».
À partir de 1639, ils n’eurent plus la permission de construire châteaux et navires de haute mer, et durent veiller à ce que le christianisme fût interdit sur leurs territoires. Lors de la Restauration Meiji en 1868, certains daimyos furent nommés gouverneurs de leurs provinces (alors appelées 藩, han), mais en 1871, tous les han furent abolis et le territoire du Japon divisé en préfectures (県, ken). Les anciens daimyos furent alors pensionnés par le gouvernement et obligés de résider à Tokyo
LE COSPLAYER コスプレ
Le cosplay est un phénomène apparu il y a plus de 30 ans, avec les premiers grands mangas à succès. Le costume player, ou cosplayer, est celui qui va personnifier son personnage favori en revêtant le même costume et en adoptant sa mentalité. Longtemps marqué par une image négative d’adultes déguisés, le cosplay est devenu depuis les années 2000 un phénomène mieux accepté, parofois même courtisé.
Le cosplayer japonais lambda est souvent une femme, même si elle peut imiter des personnages masculins. C’est une amatrice passionnée qui fait du cosplay son hobby et réalisera à la main son costume. Les plus anciens cosplayers pratiquent désormais ce passe-temps en famille et initient leurs enfants.
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