LE SUMO

ParJacques BONNAUD

LE SUMO

LE SUMO

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A. HISTORIQUE

Tradition millénaire, le sumo serait apparu il y a de cela 1500 ans. La première trace de son existence apparaît en 712 dans le Kokiji (古事記littéralement chronique des choses anciennes), l’une des premières œuvres écrites en japonais. Selon le livre, il y a 2500 ans, les dieux Takemikazuchi et Takeminakata se battirent sur les plages d’Izumo le long de la côte de la mer du Japon , là où se situe maintenant Shimane-ken, jusqu’à ce que l’un deux gagne. Ainsi, le contrôle de l’archipel a été cédé au peuple japonais mené par Takemikazuchi, dont on dit qu’il a établit la famille impériale dont descendrait le présent empereur.

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L’âme du Japon vibre dans ces affrontements de titans aux cheveux tirés en chignon rappelant par leur forme la feuille du ginko, l’arbre tutélaire de l’archipel.

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Le Nihon Shoki (Chroniques du Japon), de 720, relate que le premier combat entre simple mortels eut lieu en 23 avant JC : l’empereur Suinin (r. 29 avJC – AD70) aurait eu une demande spéciale de Nomi no Sukune, un potier de Izumo, pour combattre Taima no Kehaya, une brute vantarde de ce qui est maintenant Nara-ken. Les deux combattirent pendant un certain temps jusqu’à ce que Sukune finalement assène quelques coups dévastateurs dans l’estomac et le plexus de Kehaya qui fut mortellement blessé. Sukune, le vainqueur, a été immortalisé depuis en tant que « père du sumo ».

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Ils étaient accompagnés de danses, de théâtre et de prières pour que la récolte soit bonne. Ils faisaient donc entièrement partie d’un rituel religieux. Au VIII ième siècle, ces combats sont intégrés dans les cérémonies de la Cour Impériale. A l’époque, presque tous les coups sont permis.

Il y a de nombreuses autres légendes au sujet des combats de sumo organisés avant que le Japon adopte le système d’écriture chinois au 7ème siècle. Le premier combat historiquement authentifié eut lieu en 642, quand l’empereur Kogyoku (r. 642-45) rassembla sa garde du palais pour exécuter des combats de sumo afin de distraire Paekche, l’envoyé de la cour de Corée. Plus tard, les récits mentionnent des combats de sumo à la cour impériale, y compris pendant les cérémonies de couronnement. La coutume du « tenran-zumo » (le sumo en présence de l’empereur) n’est plus utilisée maintenant, ou sous une forme différente.

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Durant le règne de l’empereur Shomu (r. 724-49), des sumaibito (sumotori) furent recrutés à travers le pays pour combattre dans les jardins du palais impérial dans des fêtes appelées ‘sechie’ organisées chaque année le 7ème jour du 7ème mois lunaire (Août dans notre calendrier). Avec l’établissement du ‘sechie-zumo’, le sumo s’étandit du rituel agraire à un rite à grande échelle pour prier pour la paix à travers la nation et la prospérité de la société japonaise.

A la fin du 8ème siècle, L’empereur Kanmu (r. 781-806) fit de sechie-zumo un évènement annuel dans sa cour, et la coutume continua jusqu’à la période Heian (794-1185). Pendant le règne de l’empereur Saga (r. 809-23) la pratique du sumo était encouragée comme art martial ; les règles furent établies et les techniques affinées. Après l’établissement du premier shogunate à Kamakura de 1185 à 1392, le sumo fut pratiqué comme les autres arts martiaux par la classe guerrière.

 

Minamoto no Yoritomo (1148-99), le plus fameux shogun de cette ère, fut un amateur de sumo qui le regardait plus particulièrement pendant les diverses formes d’entrainement militaire. Oda Nobunaga (1534-82), un des seigneur féodaux majeurs, adorait particulièrement le sumo. En Février 1578, il rassembla quelques 1.500 sumotori de tout le pays pour un tournoi organisé dans son château. Jusque là, il n’y avait pas de limites définies à l’arène dans laquelle le sumo se déroulait ; l’espace était simplement déterminé par les gens qui regardait autour ou qui attendait leur tour pour combattre. Apparemment à cause du nombre de luttes organisées le même jour au château Azuchi de Nobunaga, des limites circulaires furent dessinées sur le sol pour la première fois pour accélérer le déroulement.
Ces limites eurent aussi un effet sur le sumo et la sécurité des spectateurs. Le premier document évident montrant un ring délimité par des faisceaux de paille de riz placées sur le sol selon un schéma circulaire peut être trouvé lors de l’ère Empo (1673-81). Plus récemment au 18ème siècle, les faisceaux furent à moitié enterrés dans le sol autour du ring, comme cela existe maintenant.

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Depuis la période des Etats en Guerre jusqu’à la période Edo (1603-1867), de nombreux daimyo commencèrent à offrir leur mécénat aux sumotoris les plus forts. Ceux employés par un daimyo ne recevait pas seulement un généreux salaire mais se virent accorder aussi le statut de samurai. Ils étaient aussi présenté avec un tablier de cérémonie brodé au nom du seigneur mécène. Un tel mécénat garantissait un bon niveau de vie, et beaucoup de rikishi rivalisaient avec d’autres pour taper dans l’oeil d’un daimyo.

Le prédécesseur du sumo moderne professionnel vit son développement à travers la période Edo et fut appellé ‘kanjin-zumo’. Les gains qui en résultaient étaient dédiés à la construction ou la réparation des sanctuaires, temples, ponts et autres travaux publics. Mais un peu d’argent, bien sûr, était aussi utilisé pour payer les rikishi, un certain nombre d’entre d’eux étant ronin (samurai sans maître).Plus tard, l’argent récolté fut utilisé principalement comme pari pour les sumotori.
Pendant la période Edo un système de rang et de liste officielle fut introduit. En 1761, le nom de l’organisation sumo sur les listes officielles par rang fut changé de kanjin-zumo à ‘kanjin-ozumo’, marquant la première heure de la version professionnelle du sport qui fut appelé ‘ozumo’.
L’association sumo de Tokyo, avec 88 noms de toshiyori (lutteurs), fut fusionnée avec celle des 17 d’Osaka en 1927 pour former la sumo Kyôkai moderne

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Parties intégrantes du shintô, les combats de sumo célébraient les kami, ces divinités présentes en toutes choses dans la nature afin d’obtenir leur bienveillance et donc de bonnes récoltes. Il ne s’agit pas d’un hasard si le grand stade tokyoïte qui abrite les rencontres, le Kokugikan, rappelle par son toit courbe l’architecture des temples.

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B. LE DOHYO

Le dohyô (土俵) est l’anneau dans lequel les combats de lutteurs sumo se tiennent. Un dohyô moderne est un cercle fait de balles de paille de ris de 4,55 mètres de diamètre, montées sur une plateforme carrée en argile de 6,7 mètres de côté et de 34 à 60 centimètres de haut. La surface est couverte de sable.

LAS VEGAS, NV - OCTOBER 9: A general view of the rikishi competing under the Dohyo as the Gyoji officiates during the Grand Sumo Championship on October 9, 2005 at Mandalay Bay Events Center in Las Vegas, Nevada. (Photo by Donald Miralle/Getty Images)

Un nouveau dohyô est construit avant chaque tournoi par les yobidashi (呼出 ou 呼び出し), qui sont responsables pour cette activité. Le dohyô est enlevé après chaque tournoi, et dans le cas de Nagoya, les pièces sont emportées à la maison par les fans comme souvenir. Les yobidashi construisent aussi les dohyô d’entrainement dans les écurie et les évènements touristiques de sumo.

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Le diamètre de l’anneau est de 15 shaku(尺, mesure archaïque japonaise correspondant à un pied) (4,55 mètres), qui a augmenté par rapport à la taille de 1931 qui était de 13 shaku (3,94 mètres). Les balles de pailles de riz (tawara, 俵) qui forment l’anneau mesure un tiers de la taille standard et est partiellement coulée dans l’argile du dohyô. Quatre des tawara sont placés légèrement en dehors de la ligne du cercle. Dans des temps anciens, ça permettait à la pluie d’évacuer la surface, lorsque les tournois de sumo se tenaient à l’extérieur. Actuellement  un lutteur dont l’adversaire met la pression sur les bords de l’anneau va souvent essayer de bouger  vers ces points pour pouvoir en prendre avantage dans le but de repousser plus efficacement l’adversaire qui essaye de le sortir.
Au centre se trouvent deux lignes blanches, les shikiri-sen (仕切り線), derrière lesquelles les lutteurs doivent prendre position avant le début du combat. Autour de l’anneau du sable est ratissé appelé le ja-no-me (蛇の目, oeil de serpent), qui peut être utilisé pour déterminer si un lutteur a juste touché de son pied, ou si c’est une autre partie de son corps, hors de l’anneau. Les yobidashi s’assurent que le sable est nettoyé de toute trace avant chaque combat

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Un toit ressemblant au toit d’un sanctuaire shinto est suspendu au dessus du dohyô. Des pompons colorés (fusa) sont suspendus à chaque coins du toit, représentant les quatre esprits des directions.
• Dragon Azure de l’Est (chinois traditionnel: 青龍; chinois simplifié: 青龙; pinyin: Qīng Lóng)
• Oiseau Vermillon du Sud (chinois: 朱雀; pinyin: Zhū Què, littéralement « Moineau Vermillon »)
• Tigre Blanc de l’Ouest West (chinois: 白虎; pinyin: Bái Hǔ)
• Tortue Noire du Nord (chinois: 玄武; pinyin: Xuán Wǔ, littéralement « Guerrier Mystérieux »)

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C. SHINTOISME ET SUMO

Parties intégrantes du shintô, les combats de sumo célébraient les kami, ces divinités présentes en toutes choses dans la nature afin d’obtenir leur bienveillance et donc de bonnes récoltes. Il ne s’agit pas d’un hasard si le grand stade tokyoïte qui abrite les rencontres, le Kokugikan, rappelle par son toit courbe l’architecture des temples.

Les rituels shinto imprègnent chaque aspect du sumo. Avant un tournoi, deux des gyôji (行司arbitre ) fonctionnant  comme des prêtres shinto exécutent un rituel pour consacrer le dohyô nouvellement construit, et  divers rituels shinto sont associés même avec le dohyô d’entrainement dans le heya ( les écuries de sumo) .

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Le dohyô-iri  (cérémonie d’entrée sur la surface de combat effectuées par les deux plus hautes divisions avant le  début de leurs journées de combats) et le rituel effectués par les deux lutteurs immédiatement  avant un combat dérivent du shintoisme. Le sumo comporte bien d’autres associations shinto. La  cérémonie d’ouverture de la surface de combat du yokozuna est considérée comme un rite de  purification de plein droit, et est occasionnellement effectuée dans un sanctuaire shinto dans ce  but.                                       

Chaque yokozuna nouvellement promu effectue son premier dohyô-iri au sanctuaire Meiji de  Tokyo.

De même le sel considéré comme purificateur dans les rituels shinto, est utilisé. Ainsi en  moyenne 45 kilogrammes de sel sont utilisés chaque jour durant les basho de sumo.

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Il y a bien d’autres symboles shinto dans le Sumo :
Le sable qui recouvre la terre battue du Dohyô est un symbole de pureté dans la religion Shinto
Les quatre tasseaux aux quatre coins du canopée représentent les quatre saisons : le blanc pour l’automne, le noir pour l’hiver, le vert pour le printemps et le rouge pour l’été ;
La décoration pourpre autour du toit symbolise la dérive des nuages et la rotation des saisons ;
L’arbitre, Gyoji, ressemble à un prêtre Shinto dans son costume traditionnel ;
Des algues, poulpe et châtaignes sont déposés sur le ring avec des prières pour que tout se passe bien
Les Yokozuna, « grands champions », portent un mawashi, sorte de tablier de sapeur, avec cinq bandes en zigzag de papier blanc sur le front, les mêmes que l’on peut voir à l’entrée des sanctuaires Shinto

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Sur le devant de tous les mawashi, on peut voir des sagari : ce sont des morceaux de cordes tordues, fiches dans la ceinture, qui représentent les cordes sacrées que l’on voit devant les himorogi (sanctuaires) 

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Le nombre des cordelettes est très curieux, entre dix-sept et vingt-et-un, autant de nombre porteurs de chance dans la tradition Shinto.

 

LES DIVISIONS AU SUMO

Le sumo professionnel regroupe plusieurs centaines de lutteurs, regroupés en six divisions :
1. La Première division « Makuuchi » est composée de 42 lutteurs répartis en cinq rangs, du plus élevé au moins élevé :
o Yokozuna
o Ōzeki
o Sekiwake
o Komusubi,
o Maegashira

2. Le Seconde division « Jūryō » comportant 28 lutteurs.
3. Les divisions inférieures, par ordre décroissant : makushita (120 lutteurs), sandanme (200 lutteurs), jonidan (environ 185 lutteurs) et jonokuchi (environ 40 lutteurs).

Les 70 lutteurs en makuuchi et en jūryō sont appelés les sekitori (関取) et sont payés par l’association japonaise de sumo (NSK). Les trois rangs ōzeki, sekiwake et komusubi de la division makuuchi sont surnommés san’yaku. Les lutteurs des divisions inférieures sont appelés en général par  le terme générique pour les lutteurs: rikishi.

E. LES TOURNOIS PROFESSIONNELS  ou BASHO

Il y a six tournois principaux par an, baptisés honbasho et durant 15 jours :
• Hatsu basho à Tokyo en janvier ;
• Haru basho à Ōsaka en mars ;
• Natsu basho à Tokyo en mai ;
• Nagoya basho à Nagoya en juillet ;
• Aki basho à Tokyo en septembre ;
• Kyūshū basho à Fukuoka en novembre.
Il y a en plus des tournois régionaux qui ne comptent pas dans le classement des lutteurs : les jungyō (巡業). Ils peuvent avoir lieu à l’étranger, la France en a accueilli un en 1995 à Bercy.

Les sekitori effectuent quinze combats par tournoi, contre seulement sept pour les quatre divisions inférieures. Le trophée que remporte le vainqueur de chaque division (celui qui a obtenu le plus de victoires) s’appelle yūshō. En août 2014, les récompenses pour un yūshō étaient de 10 millions de yens en makuuchi, 2 millions de yens en jūryō, 500 000 yens en makushita, 300 000 yens en sandanme, 200 000 yens en jonidan, 100 000 yens en jonokuchi

D’autres prix sont attribués à l’issue d’un basho dans la catégorie makuuchi :
• les kinboshi (金星, étoiles d’or), à celui parmi les maegashira qui aura réussi à gagner un combat contre le (ou les) yokozuna en titre, et les ginboshi (銀星, étoile d’argent) dans le cas d’une victoire sur un ōzeki ;
• les sanshō, trois prix qui récompensent un lutteur qui s’est démarqué des autres :
o par la qualité technique avec laquelle il a gagné ses combats : ginō-shō,
o par une performance remarquable tout au long du basho : shukun-shō,
o ou par son courage : kantō-shō.

Le tableau de classement, appelé banzuke, est publié à la suite de chaque honbasho. Pendant le tournoi, l’objectif du rikishi est d’obtenir plus de victoires que de défaites :
• S’il obtient une majorité de victoires, il est désigné kachi-koshi (勝ち越し) et peut alors gagner des rangs dans le banzuke.
• S’il obtient une majorité de défaites, il est déclaré make-koshi (負け越し) et peut être déclassé.

 

F. LA GASTRONOMIE DU SUMO

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C’est le Chanko-nabe.
A l’origine ce serait un pot au feu pékinois importé au Japon il y a 200 ans.
Il serait composé d’une douzaine d’ingrédients comme du bœuf, du poulet, du poisson, des œufs et des légumes qui ont mijoté longuement dans un bouillon
Il y en aurait 4 recettes différentes. La plus simple duite « mizutaki » est cuite à l’eaau sans épices ni condiments. Ensuite, il y a le « soppadaki » utilisant un bouillon à base d’os de poulets, puis le « misodaki ». Enfinle «  shidaki » qui utilise l’algue konbu comme base de bouillon.

Les secrets du régime Sumo
L’entrainement du rikishi, le keiko, commence dès l’aube (et à jeun), à partir de cinq heures, pour se terminer vers onze heures.

A ce début de journée succède une période « hygiénique » ( le passage chez le « tokoyama », c’est-à-dire le coiffeur, le bain..etc), ainsi que la préparation, pour les apprentis, du chanko-nabe.
A ce moment là, le lutteur n’a toujours rien consommé de la journée.
 
Le premier Chanko est donc servi vers les midi, le service s’effectuant de manière hiérarchique ( les titulaires mangent en premier, les non gradés se contentant ensuite des restes).

Ce premier repas est suivi d’une sieste jusqu’au milieu de l’après-midi. Cette méthode permet de faire circuler lentement la nourriture dans leur organisme, et par la même, de prendre du poids et du gras.

Le second repas suit la même démarche. Pris le soir, vers 19-21 heures, il précède la nuit de sommeil, et favorise également la prise de poids.
En moyenne, un rikishi consomme entre 8.000 et 10.000 calories par jour ( cela correspond à avaler , dans une journée, une vingtaine de gros hamburgers !)
Cependant, ce système de deux repas par jour, ne suffit pas pour tous les lutteurs.
Il convient de distinguer rapidement les trois types de métabolismes dominant chez l’être humain : l’ectomorphe , le mésomorphe, et l’endomorphe : c’est ce dernier type qui nous intéresse, car le lutteur sumô présente toutes les caractéristiques de l’endomorphe :
• visage arrondi
• ossature épaisse
. tendance à la rondeur et à la prise de tissu adipeux
• digestion lente (qui aide à la prise de poids)
• rythme cardiaque lent au repos.
• tempérament lymphatique, calme, à l’activité lente.
• prédisposition à prendre de la force.

Pour l’ectomorphe (tendance à être maigre), et le mésomorphe (tendance à être musclé), on arrive à des mesures extrèmes, à savoir plus de cinq repas par jour, la surconsommation de fast-food et de sodas, et pour un résultat qui est souvent loin de leurs attentes.

Pour l’anecdote, Emmanuel Yarborough, 2m,03, pesé à 363 Kg est  le plus lourd champion de sumo

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G. LES REGLES DU COMBAT

1. Le temps alloué aux rituels de préparation avant le tachi-ai a été défini pour chaque division comme suit :
makuuchi : 4 minutes.
juryô : 3 minutes.
makushita et au dessous : pas plus de 2 minutes.
2. Les yobidashi et gyôji, avec les instructions du juge (shinpan) chargé du chronométrage, informent clairement les rikishi qu’ils ne doivent plus attendre lorsque le temps alloué est terminé.
3. Le temps alloué est mesuré à partir du moment où le yobidashi a finit d’annoncer les noms des rikishi du coté Est et du coté Ouest.
4. Si, à la fin du temps alloué, un rikishi ne semble pas être respectueux des injonctions du gyôji, le shinpan, délibérément, peut l’annoncer comme perdant.
5. Au départ, en position accroupie, les mains des deux lutteurs doivent en principe toucher le sol. A la fin du temps alloué, si les mains n’ont pas touché le sol, un faux départ (matta) ne peut pas être invoqué.
6. A l’intérieur du dohyô, le premier combattant qui touche le sable avec une autre partie que la plante des pieds, est déclaré perdant.
7. Le premier combattant qui touche le sable à l’extérieur du dohyô avec n’importe quelle partie du corps, est déclaré perdant. Cependant, lorsqu’un combattant fait un pas en avant à l’extérieur du dohyô alors qu’il a déjà projeté son opposant en dehors en lui faisant décolller les pieds du sol, on déclare un okuriashi et la défaite n’est pas pour lui.
8. Par contre, si il lui a fait décoller les pieds pour le projeter dehors, mais qu’il met un pied à l’extérieur en arrière, c’est la défaite.
9. Si la chevelure touche le sable, ce sera la défaite. Mais si le combattant projette à terre son opposant, et que la chevelure de l’attaquant touche le sol avant le défendant, la victoire revient à l’attaquant.
10. Quelle que soit la hauteur à laquelle l’adversaire est soulevé à l’extérieur du dohyô, il n’y a pas de victoire tant que l’adversaire est en l’air et n’a pas touché le sable extérieur au dohyô.
11. Le fait de marcher ou de poser le pied, la pointe du pied ou la plante du pied sur la limite en paille du dohyô (tawara), n’est pas une cause de défaite tant que le sable extérieur au dohyô n’est pas touché.
12. Avoir un ou les deux pieds en l’air à l’extérieur du dohyô lorsqu’on est positionné à l’intérieur n’est pas une cause de défaite tant qu’on ne touche pas le sable extérieur au dohyô.
13. Avoir le devant du mawashi défait touchant par terre n’est pas une cause de défaite.
14. Lorsqu’un attaquant bascule son adversaire en le prenant à bras-le-corps ou par son mawashi, et que l’attaquant touche le sol de sa main, alors que le corps de son adversaire est définitivement déséquilibré (en « corps mort »), on prononce un kabaite, et non une défaite pour l’attaquant.
15. En cas de blessures pendant le combat, le gyôji ne peut pas arrêter le match de lui-même sans instructions d’un shinpan.
16. Si le devant du mawashi se détend et que le mawashi tombe à terre complètement, c’est la défaite pour le rikishi qui a perdu son mawashi.
17. Pendant la remise en place des positions après une coupure de combat (mizu iri), les rikishi peuvent exprimer leur opinion sur la position s’ils pensent qu’il y a une différence par rapport à l’origine.

 

LE DEROULEMENT DU COMBAT

Le Shiko : Avant le combat c’est un étrange ballet qui rythme la préparation de chaque combat. Ce rituel, très strict, issue des pratiques religieuses shintoïste qui sont très liées au sumo, est répété systématiquement avant chaque combat et permet principalement à chaque lutteur de se préparer mentalement au choc. Pour ceux qui n’ont jamais assisté à un combat de sumo, il faut savoir que l’affrontement est souvent extrêmement bref, quelques secondes quelquefois, et que la préparation mentale est presque plus importante que la préparation physique et technique au combat. La préparation durait jusqu’à 10 minutes il y a 100 ans, moins chez les autres catégories, et a été progressivement réduite à 4 minutes pour les makuuchi, 3 pour les jûryô, et 2 pour les makushita pour s’adapter aux exigences de la programmation du direct radiophonique puis télévisuel.

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Au pied des coins du dohyô, deux lutteurs les attendent : c’est le vainqueur du combat précédent d’un coté, et le participant au combat suivant de l’autre coté. Accroupi dans chaque coin, les deux lutteurs en lice reçoivent des autres lutteurs une coupe d’eau spéciale (chikara mizu) servie dans un petit récipient en osier. L’eau est puisée dans un grand seau en bois au pied du dohyô. Après s’être rincé la bouche avec, ils recrachent discrètement l’eau puis s’essuient avec une feuille de papier tendue par les autres lutteurs. A la fin de l’opération, celui qui a déjà fait son combat retourne en coulisse, et l’autre revient s’asseoir sur le coté.

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Les deux lutteurs sur le dohyô prennent alors une poignée de sel dans un petit panier au coin, se retournent et, ensemble, jettent cette poignée sur le sol argileux de manière plus ou moins énergique avant d’avancer vers le centre.

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Les deux lutteurs vont alors simultanément effectuer un chiri chôzu : chacun, accroupi face à son adversaire, va étendre ses bras à l’horizontale de chaque coté, paume vers le haut, puis retourne ses paumes vers le bas avant de replier ses bras. Le chiri-chôzu est souvent présenté comme un manière de prouver à son adversaire que le combat se fera à main nue, sans arme ou autre objet.

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Le rituel d’avant match n’est pas encore fini ! Les deux lutteurs vont revenir deux fois dans leur coin, effectuer encore un ou deux shiko, balancer une poignée de sel sur le dohyô à chaque fois qu’ils reviennent, et se fusiller du regard lorsqu’ils se retrouvent face à face. A chaque fois, le gyôji leur signale avec le gunbai que le combat ne commence pas encore. Chaque lutteur appuie sa motivation par de vigoureuses et retentissantes claques sur ses cuisses ou ses épaules lors du retour au coin.

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Enfin, les deux opposants se font face, accroupis derrière les shikiri sen, les marques blanches au sol qui délimitent la place des lutteurs. Le gyôji relève son éventail face à lui entre les lutteurs, signifiant enfin que le combat peut commencer. Dès que les deux lutteurs auront posé ensemble leurs deux poings sur le sol, le combat commence, et ils vont se jeter l’un sur l’autre avec la plus puissante poussée possible dans le but de déséquilibrer leur adversaire.

Le combat peut débuter lorsque le gyôji montre l’autre face de son gunbai ; c’est ce qu’on appelle « gunbai wo kaesu » (retourner le gunbai). Lorsque le temps maximum est passé, le rikishi qui descend du dohyô perd automatiquement le combat. Le commencement du combat est accepté de la part de chaque rikishi en touchant le dohyô des deux mains. Les deux lutteurs doivent toucher ensemble avant de démarrer. Un matta ((待ったou faux départ) arrive quand un rikishi démarre avant que l’autre ait posé ses deux poings par terre. Celui qui prend un départ prématuré prend une amende de 10.000 yens pour ne pas s’être synchronisé avec l’autre (kokyuu wo awaseru).

Les règles du combat sont très simples : à l’intérieur du cercle sacré, les opposants ne peuvent toucher le sol qu’avec la plante de leur pied. S’ils touchent l’argile avec une autre partie du corps, ils ont perdu. D’autre part, s’ils sortent du cercle sacré et touchent le sol avec n’importe quelle partie du corps y compris la plante des pieds, ils ont aussi perdu.
Quelques gestes sont totalement prohibés comme tirer les cheveux, frapper avec le poing fermé et viser les parties génitales. Le but des lutteurs est donc clair : c’est de déséquilibrer son adversaire à l’intérieur du cercle, ou de le pousser en dehors. En cas de chute simultanée des deux adversaires, ce sera au juge et aux arbitres de déterminer lequel a touché le sol le premier.
Après le début du combat ou tachi-ai, si les lutteurs n’ont pas réussi à se déstabiliser, ils utilisent toute une batterie de techniques basées soit sur le corps-à-corps par déséquilibre (yotsu zumô), soit par poussée en utilisant leur propre poids (oshi zumô).

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Comme toujours dans le sumo, toutes les prises sont codifiées et portent un nom. La Nihon sumo Kyôkai ajoute de temps en temps de nouvelles techniques officielles. Toutes ces techniques sont connues comme les kimarite (« les 48 mains ») et il y en a actuellement 87

Pendant l’action du match, le gyôji encourage les lutteurs en criant « Nokotta! » Quand un rikishi bloque une prise ou qu’ils sont tout les deux arrêtés, le gyôji les encourage à bouger en leur criant « Yoi, Hakkeyoi! » Quelquefois les deux rikishi touchent le dohyô au même moment, alors le gyôji doit indiquer le vainqueur. Si les juges veulent se concerter, ils appellent ça « mono ii » et montent sur le dohyô pour en discuter. La décision de la délibération peut confirmer la décision, la retourner, ou demander aux deux rikishi de rejouer le match.

Pendant le tournoi, le premier objectif de chaque rikishi est d’avoir plus de victoires que de défaites. Dès qu’il a atteint 8 victoires sur quinze combats, il est kachi-koshi, c’est-à-dire qu’il aura de toutes façons plus de victoires que de défaites. Si par contre il atteint 8 défaites, il sera make-koshi. C’est au dernier jour du tournoi (senshûraku) que le rikishi devra faire la différence. Le kachi-koshi lui permettra de gagner des rangs dans le banzuke.

À propos de l’auteur

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