La yourte – appelée Ger par les Mongols – est l’habitation traditionnelle des familles nomades de Mongolie. Elle est composée de plusieurs murs en treillage orange, tous de la même dimension et incurvés. C’est le nombre de murs qui détermine la dimension de la yourte, de 3 à 5 murs en général, ce qui donne une surface au sol de 15 à 30 m2 environ. Deux poteaux centraux, également de couleur orange et souvent richement décorés de motifs symboliques, supportent un cercle de bois qui sert de faîte au sommet de la yourte. Ce cercle de bois est relié aux murs par toute une série de lattes de bois, toujours de couleur orange, qui restent visible à l’intérieur de la yourte, formant le plafond. Cette structure de bois, formée par l’ensemble des murs en treillage, des poteaux centraux, du cercle et des lattes du plafond, est recouverte d’une couche de feutre dont l’épaisseur varie en fonction de la saison. Le feutre, par ses propriétés isolantes, permet de protéger la famille à la fois de la chaleur en été, et du froid en hiver. Nous avons pu observer, au mois de février, une température intérieure de près de 25°, grâce aux vertus combinées du feutre et du poêle, pour des températures extérieures de -40° ! Le feutre est ensuite recouvert d’un tissu de coton blanc, éventuellement décoré, pour améliorer son étanchéité. L’ensemble est solidifié à l’aide de longues sangles faites de crin de cheval tressé. La porte d’entrée, en bois, est toujours richement décorée. A l’intérieur, un plancher permet d’isoler les habitant du froid et de l’humidité du sol.
Ameublement d’une yourte traditionnelle Mongole
Comme toutes les parties en bois de la structure, les meubles traditionnels d’une yourte Mongole sont peints en orange, avec des motifs symboliques très colorés inspirés de la nature. Des lits faisant également office de canapés sont disposés à gauche et à droite de la porte d’entrée. En face de la porte, vous pourrez trouver un troisième lit, ou un meuble de rangement sur lequel sera souvent installé l’autel familial et des photos et objets auxquels la famille tient particulièrement. Une table basse et de petits tabourets est disposée face à la porte, de l’autre côté des poteaux centraux. Entre les poteaux centraux se trouve le poêle, centre de la vie familiale, sur lequel la mère de famille fait la cuisine, et qui apporte sa chaleur pendant le long hiver rigoureux de Mongolie. Juste à gauche de la porte d’entrée se trouve parfois un petit meuble avec un lavabo, surmonté d’une réserve d’eau, qui permet de se laver les mains en entrant dans la yourte. Contrairement à ce que pourrait laisser penser sa forme extérieure de cocon fermé, l’intérieur d’une yourte mongole est très lumineux car le cercle central n’est que partiellement recouvert de feutre, pour laisser le passage au tuyau du poêle. La lumière du soleil tombe donc très naturellement et très agréablement du ciel !
La yourte est divisée en deux parties, à l’ouest se tiennent les hommes, et à l’est les femmes. Ainsi, tous les ustensiles associés aux activités masculines – y compris le sac à airag (koumiss), les selles, les fers rouges et le fusil de chasse – sont gardés sur la gauche de la maison, près de la porte, pendant que les outils de travail des femmes – ustensiles de cuisine, les barils d’eau, et la théière – sont gardés à la droite de l’entrée
Histoire de la yourte de Mongolie
La yourte a très certainement comme ancêtre l’orts, un simple abri toujours utilisé par les Tsaatans (les éleveurs de renne), consistant aujourd’hui en un cadre conique de branches ou de poteaux en bois couverts par des peaux animales. La découverte du feutre a permis aux premiers Mongols d’isoler facilement et efficacement leurs maisons, posant les fondations de ce qui deviendra les premières yourtes. Les images de gerlugs, ou les charrettes à yourtes, ont été trouvées sur plus de cinquante fresques muresques datant de l’âge de Bronze.
La yourte mongole existe depuis plus de 2000 ans. Elle se caractérise par sa facilité à être montée et démontée. Les nomades mongols changent de lieu de vie à chaque saison afin que le bétail puisse se nourrir. La yourte est donc souvent déplacée et reconstruite sur un nouveau lieu. La yourte existe sous cette forme depuis des siècles, puisque Guillaume de Rubrouck, au 13ème siècle, les décrit de la façon suivante dans son livre Voyage dans les pays de l’Est : « Ils mettent leurs maisons sur les roues, et des baguettes tissées servent de murs à la maison. Les murs sont joins sur le sommet formant ainsi l’encolure de la maison. Ils sont recouverts de feutre blanc et ce dernier est souvent enduit de poudre de citron ou d’os pour le faire scintiller. Ils mettent parfois sur l’ouverture du toit un feutre noir décoré avec de beaux dessins sur différents thèmes. A l’entrée de la maison, ils accrochent un feutre recouvert de tissus bariolés, et la vigne, les arbres, les oiseaux, et les animaux sont reproduits en feutre coloré. » On notera qu’à cette époque, la porte en bois n’existait pas et qu’un épais rideau de feutre la remplaçait, mais à part cet élément, la structure de base de la yourte reste identique. A cette époque, marquée par de nombreuses guerres de conquête, les yourtes pouvaient être installées sur de grands chariots tirés par des yacks, pour faciliter leur déplacement sans avoir à les démonter et les remonter, même si cette opération est relativement rapide. Symbolisme de la Yourte Mongole
La yourte reprend sous une forme symbolique le lien étroit entre le peuple Mongol et la nature extrême dans laquelle il vit, qui est la base du chamanisme et du tengrisme, pratiques spirituelles antérieures à l’arrivée du bouddhisme. Elle est une forme réduite, symbolique, de la cosmogonie, de la représentation du monde du peuple Mongol.
A ce titre, en référence au caractère sacré de la nature et des esprits qui l’habitent, elle est elle-même considérée comme un espace sacré, et de nombreuses règles doivent être respectées lorsqu’on entre dans l’habitation d’une famille mongole traditionnelle.
Sa forme ronde évoque la voûte céleste, les piliers centraux, particulièrement respectés, symbolisant l’axe cosmique, la liaison entre la terre et le ciel, base de toute pratique spirituelle. Le feu est placé au centre de cette représentation de l’univers, et de nombreuses croyances s’y rattachent. Il est le premier élément que l’on installe lors du montage de la yourte, et il était auparavant placé sur 3 pierres qui symbolisaient le père, le mère et la belle-fille, mère des héritiers. Le feu est donc un élément fortement rattaché à la femme, qui est chargée de son entretien.
A noter que la croyance qui veut qu’un cercle de malheur soit toujours entre deux cercles de bonheurs préside à la fabrication du poêle, qui doit toujours être constitué de 3 cercles de métal.
Cette même croyance des cercles de bonheur et de malheur se retrouve dans l’élaboration du Shiniin Idee, cette sorte de pièce montée de biscuits et sucreries typique du Tsagaan Sar, le Nouvel An Mongol, toujours constitué d’un nombre impair d’étages de biscuits. Orientation de la yourte en Mongolie
Son orientation répond à des instructions précises. En Mongolie, la porte de la yourte doit s’ouvrir au Sud, alors que chez les peuples altaïques, elle s’ouvre à l’Est. Plusieurs explications peuvent être trouvées à cette différence d’orientation. Une première considère que toutes les populations placent l’entrée de la yourte face au soleil, les Mongols prenant l’astre solaire à son zénith et non à son lever. Une seconde est liée à l’histoire du peuple Mongol et avance que les Mongols feraient ainsi face aux peuples du Sud, leurs rivaux historiques depuis des millénaires. Rituels et Comportements à adopter
La yourte est un lieu sacré et ritualisé ; elle impose une certaine règle de conduite pour toute personne y pénétrant.
Quelques petits exemples : Toujours entrer du pieds droit sans poser le pied sur le seuil de la porte. Ne pas rester debout une fois entré. Ne pas passer entre les deux piliers centraux représentant le lien entre le ciel et la terre. Ne pas jeter de déchet dans le feu symbole de vie et de pureté. Les hommes ne se découvrent pas et se placent à gauche en entrant, c’est à dire à l’Ouest sous la protection de Tengri, le grand dieu du ciel. Les femmes sont à droite, c’est à dire à l’Est sous la protection du soleil. les hôtes et les anciens se placent au fond légèrement à l’Ouest .
Les gestes sont également importants : Toute nourriture ou objet proposé doit se prendre de la main droite ou des deux mains. II est défendu de refuser le bol d’Airag (lait de jument fermenté) proposé à plusieurs reprise aux convives. Les mongols en boivent très souvent. Son gôut est surprenant pour une personne n’en ayant jamais bu ; les femmes sont autorisées à tremper les lèvres mais les hommes doivent boire traditionnellement les 3 bols qui leur seront proposés. On dort les pieds dirigés vers la porte
À propos de l’auteur