POURQUOI S’ARRETER A IRKOUTSK ?
Pourquoi vouloir se les geler à IRKOUTZK ?
1. Parce que c’est la ville de base pour aller au Lac Baïkal

2. Parce que c’est la capitale de la Sibérie orientale aux portes de l’Asie.
3. Parce que c’est « Le Paris de la Sibérie » par sa volonté d’être une ville civilisée, un avant-poste européen au cœur d’un Orient longtemps jugé « barbare », une cité aux femmes coquettes sanglées dans leur manteau de fourrure et perchées sur leurs escarpins.



4. Parce que c‘est, en même temps la capitale du « Far East », longtemps ouverte aux défricheurs et aux aventuriers. C’était au XIX ièm siècle la ville de tous les excès et des trafics où on comptait certains mois plus de 200 meurtres, où on commettait des vols à la tire en traineaux, où on capturait des promeneurs solitaires au lasso ; encore aujourd’hui on compte des bandits chinois, des mafias, des luttes entre oligarchies.
5. Parce que c’est la ville où notre imagination rencontre la silhouette de Michel Strogoff, courrier du Tsar et dont le périple depuis Moscou est conté par Jules Verne. On peut y retrouver la mémoire d’Anton Tchekov à l’hôtel Amour devenu caserne des officiers. On pourrait y voir danser Rudolf Noureev qui y est né à bord du Transsibérien.



6. Parce que c’est la ville de l’exil à 5000 Km de Moscou, à 3500 Km de Pékin qui reste loin de tout et pousse ses habitants à se débrouiller seuls. Qu’on pense à ces cosaques envoyés là au XVII ièm siècle pour défendre la Russie tsariste contre les Tatars et les Mongols. Dès 1753 la peine de travaux forcés permet de peupler la Sibérie par les adversaires du régime comme les Décembristes. La soif de l’or et d’autres minerais attire les aventuriers. Les ennemis du communisme y trouvent leur Goulag.

7. Parce que c’est la ville du feu : L’incendie de 1879 ayant détruit les ¾ de la cité, le gouverneur de l’époque contraint les habitants à reconstruire leurs demeures en pierre et depuis les nouveaux riches concentrent leurs maisons au centre ville dans une espèce de concours d’élégance. Mais la ville reste attacher à ses maisons de bois et cherche à les protéger et à les multiplier dans de nouveaux quartiers.

8. Parce que c’est une ville post communiste où il était tout autant interdit de devenir riche qu’impossible d’être pauvre et où dorénavant on peut être de plus en plus pauvres ou de plus en plus riches
Mais si nous comptons nous arrêter à Irkoutsk , c’est aussi pour aller au Lac BAÏKAL

1. C’est la plus grande retenue d’eau douce du monde.

Les chiffres donnent le tournis : Longueur de 636 Km
Largeur variant de 24 Km à 79 Km
Profondeur maxima : 1642 m
Son volume d’eau (23 600 km3) représente environ 260 fois celui du lac Léman, soit autant que la mer Baltique ou que les cinq grands lacs nord-américains (lac Supérieur, lac Michigan, lac Huron, lac Erié, lac Ontario) réunis et approximativement 20 % du volume mondial d’eau douce retenue dans les lacs et les rivières. Il faudrait 1 an aux fleuves du monde pour le remplir. S’il se vidait, il recouvrirait les terres mondiales sur 20 cm.
Le lac reçoit l’apport de 336 rivières et ruisseaux permanents dont la Selenga issue de Mongolie et se déverse dans l’Ienisseï dont l’affluent principal, l’Angara passe à Irkoutsk.
Les surnoms qui lui sont donné ont de quoi faire rêver : Œil bleu de Sibérie. Mer sacrée. Galápagos de la Russie. Royaume du soleil
2. Peut-être pourrons-nous ?
Déguster l’ « omoul », une truite savoureuse du Baïkal, voir des esturgeons, les phoques d’eau douce, un « coméphore » , cet étrange poisson des profondeurs explose s’il est remonté trop vite vers la surface en laissant une tache de graisse.

Peut-être pourrons nous observer un ours brun, une gélinotte, une zybeline

Peut-être pourrons nous nous exercer aux chiens de traîneaux, aux 4X4 sur glace ; faire de l’aéroglisseur, du patin à glace

3. C’est un pays de légende :
Du lac, seul sort la rivière Angara qui va se jeter dans le Ienisseï près de Irkoutsk. Selon la légende. la rivière Angara est l’unique fille du Baïkal et cette belle légende est très connue en Sibérie. Un jour le vieux Baïkal a décidé de marier sa fille. Il choisi le fiancé, Irkout, un des affluents de l’Angara, mais la fille est tombée amoureuse de l’Ienisseï et elle s’est enfuite pour le joindre, alors le père furieux a jeté une grande pierre pour l’empêcher de fuir. A présent au bord du lac, en face de cette pierre massive (qui est nommée maintenant la pierre de chaman) se trouve un point d’observation d’où les touristes admirent la beauté du lac et où les habitants locaux vendent des souvenirs et du poisson.
Baïkal et en particulier son île principale Olkhone est un lieu sacré pour les chamanes. Il est considéré par les Bouriates comme l’un des 5 pôles d’énergie chamanique. Là encore, rocher chamanique et pierre de l’amour sont des lieux de dévotion. C’est là-bas qu’au 12 ème – 13ème siècle, sous le règne de Gengis Khan, que se cachaient les chamanes mongols, puis plus tard, les chamanes bouriates persécutés par les lamas bouddhiques
4. C’ est un véritable carrefour spirituel
Ici se côtoient Orthodoxie, Bouddhisme, Chamanisme, vestiges communistes, début de mondialisation avec son tourisme ; ainsi on peut voir des locaux en possession d’icônes orthodoxes, de « dent chamanique », d’un «khadak», le foulard traditionnel bouddhiste, de portables « dernier cri »
5. C’est une étymologie incertaine
Dans les temps reculés, les peuples qui vivaient sur les berges du Baïkal l’appelaient chacun à sa façon. Les chinois, dans les anciens manuscrits, le nommaient « Tenguis », « Tenguis Dalaï » ; les bouriates et les mongols « Baiga’al Dalaï » – le « Grand Lac ». L’origine exacte du mot « Baïkal » reste inconnue.
L’hypothèse la plus plausible est que le « Baïkal » est un mot d’origine turque provenant de « baj » – le riche- et « koul » – le lac. Le lac riche.
Les premiers explorateurs russes employèrent l’appellation évenk pour « Lamou ». Après l’arrivée du détachement de cosaques de Kourbat Ivanov au bord du lac, les Russes commencèrent à utiliser le nom bouriate « Baïga’al ». Ils adaptèrent la sonorité russe au mot en changeant le « g » caractéristique de la langue bouriate par le « k » qui sonnait mieux – Baïkal !
6. C’est une histoire ancienne et riche :
6. 1. Les Peuples primaires de Sibérie :
a. Les Kourykanes :

Parmi les nombreuses tribus de Sibérie Orientale du premier millénaire apr. J.-C., le peuple Kourykane se distingue par son niveau de culture et son influence politique. Du VIe au Xe s. il était le peuple le plus puissant et le plus important de Transbaïkalie. Les Kourykanes peuplaient les rives du Baïkal, celles de l’Angara, les régions en amont de la Lena.
Les Kourykanes s’occupaient principalement de l’élevage de betail. Ils étaient réputés pour leurs chevaux grands et puissants ainsi que les représentent plusieurs peintures rupestres. En plus des chevaux ils élevaient aussi des chèvres et des chameaux.
Les Kourykanes furent les premiers agriculteurs de Transbaïkalie. Les vestiges des grands champs cultivés sont restés marqués près de leurs campements. L’araire était le principal outil ; des chevaux ou des boeufs servaient d’attelage. Ils pratiquaient l’irrigation des champs et des espaces de fenaison. Des vestiges de leurs systèmes d’irrigation sont encore visibles, par exemple, dans la steppe de Koudinskaya et dans la vallée de la Kouda.
Les Kourykanes savaient fondre le fer pour fabriquer des armes. La fonte se préparait dans des fourneaux en pisé ou dans des fosses. On répandait le minerai dans le fourneau en couches successives saupoudrées de charbon de bois. Le métier de forgeron était largement répandu. On utilisait le fer pour fabriquer des pointes, des couteaux, des lances, des haches, des cottes de mailles et bien d’autres objets.
La cueillette jouait un grand rôle dans l’économie des Kourykanes. Ils récoltaient diverses plantes sauvages pour les consommer.
Les Kourykanes menaient un mode de vie semi-nomade et possédaient des colonies. Ils habitaient des huttes de terre. Celles-ci étaient carrées ou rondes, le sol et les murs recouverts d’écorces de bouleau, le toit d’écorces de mélèze. Ils construisaient aussi des habitations au moyen de perches dressées verticalement enduites d’argile mélangée avec de la paille. Près de ces habitations, ils aménageaient des fosses pour conserver les aliments. Les Kourykanes protégeaient également leurs villages par des remparts et des fosses.
Les Kourykanes possédaient une culture développée pour l’époque : ils connaissaient l’écriture. Des écrits en turc ancien sur des poteries, sur des os découverts dans des grottes baïkaliennes ainsi que sur les roches près de Verkholensk le prouvent. L’art chez les Kourykanes connut un grand développement que nous pouvons apprécier par les peintures Chichkinskié (en amont de la Léna), dans la vallée de Ounga et sur l’île d’Olkhone. D’après l’académicien A.P. Okladnikoff, au XIe s. un groupe de tribus mongoles s’installa dans les territoires de l’Angara, de la Léna et du nord du Baïkal. Ces immigrations mongoles fusionnèrent avec les Kourykanes et donnèrent naissance aux ancêtres des Bouriates actuels.
b. Les Bouriates :

Une migration de peuples eut lieu en Sibérie entre les Xe et XIIe s. C’est à cette époque qu’apparaissent dans notre région, les ancêtres des Bouriates. Au moment de l’arrivée des Russes, les Bouriates et les Evenques constituaient la majorité de la population.
Beaucoup de tribus nomades peuplaient les rives du Baïkal. Les Bouriates se divisaient en tribus et en clans, lesquels étaient en mauvais termes les uns avec les autres. Les Bouriates s’occupaient principalement d’élevage de betail. Ils se déplacaient continuellement d’un campement à un autre, à la recherche de pâturages pour le bétail, de lieux propices à la chasse et la pêche. Ils élevaient des chevaux, des bovins, des chèvres et des brebis. Le cheval représentait la richesse principale de la famille bouriate. Il procurait la viande et le lait, servait de principal moyen de locomotion, et était plus facile à nourrir dans les pâtures tout au long de l’année. Nombre de Bouriates possédaient d’importantes hordes de chevaux.
L’élevage du bétail revêtait avait un aspect primitif. Avant l’arrivée des Russes la fenaison n’était pas pratiquée, on ne prévoyait pas de provisions de fourrage pour l’hiver.
Les Bouriates pratiquaient également l’agriculture. Ils savaient cultiver le millet, l’orge, mais en raison de déplacements incéssants ne pouvaient pas cultiver de grands champs. Par endroits, ils réutilisaient les vieux fosses des Kourykanes pour irriguer leurs plantations. Mais en somme, leur agriculture restait primitive.
Leurs activités auxiliaires se partageaient entre la chasse et la pêche. On chassait l’ours, le cerf et les animaux à fourrures (zibeline, renard, écureuil). Ils organisaient aussi des chasses collectives, auxquelles prenaient part quelques centaines de chasseurs. Ils chassaient au moyen d’arcs et les flèches et, pour les gros gibiers, utilisaient les » rogatiny « , sorte de longues perches munies à leurs extrémités de lames à doubles tranchants.
Les Bouriates apprirent des Kourykanes l’art de la forge. Ils travaillaient fort bien le fer et fabriquaient armes et ustensiles. Nombre d’entre eux excellèrent en la matière et furent par ailleurs de très bons joailliers. Des couteaux, des pièces de décoration pour les selles habilement ouvragés sont parvenus jusqu’à nous.
Parallelement se développaient des activités ménagères : Les femmes fabriquaient le feutre dont on couvrait les yourtes, travaillaient les peaux des animaux pour en faire ensuite des chaussures et des vêtements. Les hommes installaient l’ossature de la yourte, construisaient des charrettes, cousaient l’ harnachement des montures et fabriquaient des armes.
Autrefois les Bouriates vivaient en tribus. A la tete de chaque tribu se tenait un prince. Le pouvoir se transmettait de génération en génération. La majorité des habitants d’une communauté étaient apparentés.
La terre était à la disposition de tous et n’était pas délimitée par les différentes familles. Mais les champs et les pâturages étaient grossièrement délimités. De même, le bétail faisait partie de la propriété privée. Un groupe de riches princes dirigeants se tenait à la tête de la tribu dont dépendaient des » knyaztsy « , princes subalternes. Les dirigeants exploitaient les pauvres. Il en résulta que vers le XVIIe s. les Bouriates évoluèrent d’un régime de communauté primitive vers celui du féodalisme.
Les Bouriates possédaient aussi des esclaves, le plus souvent des prisonniers de guerre. Mais l’esclavage se développa fort peu.
A cette époque ancienne, existait chez les Bouriates la » vengeance de sang « , et au XVIIe s. on sanctionnait par une amende » anza » toute personne tuée. Le non payement immédiat de cette amende pouvait amener à l’exécution sanglante. L’anza s’appliquait pour toutes sortes de crimes. Parfois l’affaire s’arrangeait grace à un serment prété à l’endroit sacré.
c. Les Evenques :

Les Evenques peuplaient la zone de la taïga qui s’étend de la rivière Irtych jusqu’à la mer d’Okhotsk, y compris les territoires de la Léna, de l’Angara et du Baïkal. Ce peuple fut le plus nombreux de Sibérie. Dans notre région, ce peuple nomade vivait dans les territoires du nord (actuels Bodaïbo, Katchougue, Kirensk…). Ils s’occupaient d’élevage du renne, de chasse et de pêche. Aux environs d’Irkoutsk vivaient des Toungoussy (appellation locale des Evenques) qui élevaient chevaux et bovins.
Les Evenques vivaient dans une structure sociale de clan à la tête duquel se tenaient des » Zaïssans « . Le régime du clan subissait déjà des changements : on repartissait les domaines de chasse, le butin du chasseur appartenait à la famille de celui-ci et non au clan entier comme ce fut le cas lors des chasses collectives. Au moment de l’arrivée des Russes, les Evenques éleveurs pratiquaient déjà la propriété privée du bétail, les riches se différenciaient des autres. D’autre part, les chamans jouaient un grand rôle dans la direction de clan. Avec les riches ils dirigeaient des réunions claniques considérées comme l’organe suprême de direction.
Le renne occupait une grande place dans la vie des Evenques. Il était le moyen de locomotion et de transport, la source de viande et de lait. Sa peau servait de vêtement et de revêtement des » tchouns « , habitation conique construite au moyen de perches recouvertes de peaux ou d’écorces. Les rennes ne demandaient pas de soins particuliers et se nourrissaient dans les pâtures.
En plus de l’élevage du renne, la chasse occupait une part importante des activités des Evenques. Ils n’avaient pas leurs pareils pour pister le gibier et tendre des pièges. Le chasseur partait au fond de la taïga et pouvait marcher sur la neige épaisse grâce à ses raquettes plusieurs jours durant, passant les nuits couché à même la neige ! Les Evenques savaient attirer le gibier à l’aide de pipeaux spéciaux. Ils pensaient que les animaux étaient animés d’une conscience ; comme ils craignaient beaucoup ces esprits, ils tentaient de les amadouer par des offrandes. En été les Evenques se consacraient à la pêche.
Ils se nourrissaient généralement de viande, de poisson et de lait. Ils préparaient des provisions de viande de renne séchée. Lors de leurs déplacements cette viande était emballée dans des » soumy « , sorte de sacs dans lesquels, par frottements, elle se transformait en poudre. On obtenait un bouillon épais en mélangeant cette poudre à de l’eau bouillante. Le sang frais ou cuit ainsi que la moelle, le coeur et le foie étaient considérés comme des mets des plus délicats. Le poisson était consommé cru ou gelé, parfois séché au soleil. Le sel et le pain étaient fort peu connus des Evenques.
d. Les Tofalars :

Dans la partie nord des monts Saïan vit un peuple très ancien et peu nombreux, les Tofalars. Ils sont très proches des Touvintsy (population de Touva) par la morphologie et la langue. Les Tofalars ne connaissaient ni l’agriculture ni l’élevage du bétail avant l’arrivée des Russes. Ils habitaient des huttes d’herbe, s’occupaient de chasse, de pêche et de cueillette; ils s’habillaient de peaux de bêtes.
Au XIIe s. les Tofalars vivaient en clans dirigés par un » stareychina « , un chef âgé et sage. De temps en temps des réunions étaient organisées pour répartir les terrains de chasse entre familles. Cette époque vit le régime de » communaute primitive » s’étioler, ainsi que l’apparition des premiers riches et premiers pauvres. Mais l’émergence d’un système féodal se produisit moins vite que chez les Bouriates. Les Tofalars étaient chamanistes. Etre chaman pour eux n’était pas un privilège réservé exclusivement aux hommes, les femmes pouvaient également y accéder. Les chamans jouissaient d’une grande influence et en tiraient grands profits, surtout lors des traitements des malades.
En 1648, les cosaques russes construisirent un fortin, Oudinski, dans le pays des Tofalars. Dès lors les Tofalars nouèrent des relations commerciales avec les Russes auxquels ils empruntèrent les outils et les vêtements. Des Russes ils reçurent des armes, la poudre, le plomb et le pain. Aujourd’hui en Tofalarie, vivent pres de 500 Tofalars, un peuple qui malheureusement est en voie de disparaître
Beaucoup de gens ont visité le Baïkal depuis les temps reculés ou les premiers explorateurs parvinrent sur ses berges. Les immensités sibériennes ont toujours attiré les voyageurs. Les détachements militaires et les vagues d’explorateurs convoitaient les richesses de Sibérie que colportaient les rumeurs : richesses en fourrures précieuses (zibeline, castor, hérmine, loutre, renard…), en or, argent et pierres précieuses. Les fourrures de Sibérie avaient une valeur rare et étaient l’objet d’un commerce très prisé sur les marchés intérieur et extérieur. Kourbat Ivanoff a bien évalué le lac et les territoires environnants de leurs points de vue économique et stratégique. Le réseau des fortins construits en Baïkalie a longtemps garanti la défense de la population russe et locale contre les invasions des ennemis.
6.2. La Conquête cosaque :
La première expédition russe au Baïkal fut entreprise en 1643. L’honneur du titre de premier découvreur de la Perle de la Sibérie appartient à un cosaque, Kourbat Ivanoff, dont le détachement déboucha sur la côte ouest du lac à proximité de l’île d’Olkhon. Le deuxième voyage fut l’expédition de Vassili Kolesnikoff en 1647, qui atteignit le nord du lac et fonda la forteresse en bois de Verkhneangarski. Les informations d’Ivanoff et de Kolesnikoff sur le Baïkal, leurs plans et leurs cartes enrichirent les connaissances géographiques de l’époque. Le Baïkal était visité par toutes sortes de publics : depuis des mendiants jusqu’aux plus hauts dignitaires ; des ambassadeurs et des exilés dépourvus de tous droits, comme l’archiprêtre Avvakoum, auteur du livre » La vie de l’archiprêtre Avvakoum « . Cet écrit comporte beaucoup d’inexactitudes et d’exagérations mais il est précieux car dans ce livre, l’auteur donne la première description littéraire de la nature du lac. On trouve des renseignements scientifiques authentiques au sujet du Baïkal dans les descriptions des ambassades russes en voyage pour la Chine. Pour disposer de données authentiques sur la nature et la population, l’Académie de St-Pétersbourg organisa une série d’expéditions à destination de la Sibérie.
La première expédition fut organisée sur l’ordre direct de Pierre le Grand par D.G. Messerschmidt en 1723 – 1725, mais elle apporta peu de renseignements nouveaux sur le Baïkal.
En 1772 P.S. Pallas et I.G. Géorgi, deux académiciens petersbourgeois, visitèrent le lac et tentèrent pour la première fois de donner une explication à son origine. Les descriptions de Pallas sont d’une exactitude étonnante et peuvent donc servir d’étalon de mesure pour les changements survenant dans l’économie et la vie des gens. Participant à l’expédition, le navigateur Pouchkareff fut le premier à explorer l’entièreté du lac et à dresser une carte instrumentale du Baïkal. Ce fut la première carte topographique du lac à l’echelle de 10 verstes pour un pouce (soit à peu près 1/420 000). Il décrivit également les côtes en indiquant » où et quels poissons s’y rencontrent « .
Erik Laksman contribua aussi de façon significative à l’étude de la nature du lac et à l’organisation de certaines exploitations en Transbaïkalie. Après avoir découvert des gisements de sel de Glauber et élabore un procédé rationnel de fonte du verre, il ouvrit avec ses compagnons, la première verrerie de Sibérie Orientale. Cette fabrique se trouvait dans le village de Taltsy près de Irkoutsk. Aujourd’hui peu de Russes se souviennent que les sources de la cure de Goriatchinsk furent découvertes par Laksman. Il réalisa en premier l’analyse chimique de cette eau et détermina l’usage médical que l’on pouvait espérer de ces sources. L’étude détaillée des pierres du massif de granit près du village de Koultouk (sud de Baïkal) fut dressée par lui également. Les géologues qui lui succédèrent disposaient dès lors du « Laksminarium », la liste des minéraux décrits par Laksman. Ses riches collections minéralogique, archéologique et botanique formèrent la base des expositions du Musée ethnographique régional (Irkoutsk).
6.3 A la fin du XIXe siècle, grâce à la construction du Transsibérien, les recherches géologiques et géographiques bénéficièrent d’une organisation plus planifiée.
C’est à ce moment que l’académicien V.A. Obroutcheff, le futur célèbre géologue et géographe, commença ses recherches au Baïkal. A l’issue de ces recherches géologiques, il fut en mesure de donner la première explication sérieuse et fondamentale sur la formation de la dépression baïkalienne, ainsi qu’une théorie argumentée sur l’apparition de la flore et de la faune baïkaliennes.
Le Baïkal fut étudié pendant plus de trois siècles mais nombreux sont les phénomènes dont la signification n’a pu être mise en lumière à ce jour. La nature originale du lac exige beaucoup de patience et de perséverance des scientifiques. Beaucoup de phénomènes intéressants qui trouvent leurs origines dans la mer Baïkal, se doivent encore d’être scientifiquement observés soit même découverts par la science. Mais les savants continuent leurs recherches sur le lac magnifique, recherches minutieuses mais toujours inachevées. A l’avenir, la nature superbe du Baïkal révélera aux savants des phénomènes inconnus à ce jour.
7. Mais le Baïkal est actuellement menacé
Le Baïkal est malade. Il se couvre d’algues ( les spirogyres) et de bactéries nuisibles produisant des toxines ( les cyanobactéries) . Les déchets s’y accumulent. Le niveau du lac baisse.
Il y a plusieurs raisons à cela :
– L’explosion du développement touristique (la seule capitale d’Olkhon – le village de Khoujir, habituellement peuplé de 1 500 habitants – accueille 500 000 visiteurs en été)
– La production d’eau minérale à partir des eaux du Baïkal, en particulier par des entreprises chinoises.
– On déverse jusqu’à présent des ordures dans le lac, afin d’éviter, en pratique, de les traiter.
– Les incendies de plus en plus fréquents sur les bords du lac
– Une nouvelle menace pointe le bout de son nez : la Mongolie voisine s’est mise à élaborer activement plusieurs projets de centrales hydroélectriques7.
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