Pourquoi faire un Tour du Monde et un Tour du Monde des Spiritualités = un TMS ?
1. Rencontrer d’ autres spiritualités, d’autres chemins de réflexions et reconnaître que le voyage est bien souvent au centre de leur démarche. Ainsi pourrons-nous :
– Nous mettre dans les pas d’ Abraham, le père des trois monothéismes, qui accepte la rupture totale et quitte sa maison, sa tribu, son travail pour aller au pays de Canaan.
– Se remémorer que Moïse libéra le peuple israélite de l’Egypte et de la servitude à laquelle il était soumis, en lui permettant de franchir la « mer des Roseaux » par un miracle qui détruist la cavalerie Egyptienne. Les Hébreux ainsi délivrés entament ensuite un long périple à travers le désert dont la destination est la « Terre promise », c’est-à -dire Canaan.
– Reconnaître que toute l’ histoire du peuple juif n’ est qu’ un long voyage, que la religion juive est une religion de la libération avant d’être celle du Livre et que la Diaspora est la promesse du retour
– Nous remémorer que Jésus se fait voyageur au cœur de l’ humanité. Il est né au cours d’ un voyage qui menait Joseph et Marie jusqu’ à Bethléem. Dès l’ âge de 12 ans il fait le chemin jusqu’ au Temple de Jérusalem. Plus tard il a parcouru la Galilée car il fallait qu’ il « aille aussi dans les autres villes pour leur annoncer la Bonne Nouvelle du Règne de Dieu. » . Il a du monter à nouveau à Jérusalem car « comme le temps approchait, il allait être enlevé de ce monde, il prit avec courage la route de Jérusalem.» Il va suivre ce qui deviendra la Via Dolorosa jusqu’ à son Calvaire. Il va cheminer avec les compagnons d’ Emmaüs.
– Découvrir que Bouddha a voyagé pendant plus de 45 ans dans la plaine du Gange. Quittant l’ enceinte du palais, il va faire quatre rencontres qui vont changer sa vie : un vieillard lui fait prendre conscience de la souffrance du temps qui passe et de la déchéance du corps vieillissant ; un malade lui apprend que le corps souffre aussi indépendamment du temps et un cadavre que l’on menait au bûcher lui rappelle la mort dans tout son caractère sordide. Enfin, un ermite lui montre ce que peut être la sagesse.
– Relire les Epîtres de Saint Paul qui relatent ses voyages autour du Bassin méditerranéen et qui ouvre à une éthique universaliste : « Il n’ y a plus ni juif ni grec, ni esclave ni homme libre, ni homme ni femme»
– Apprendre que Mahomet a voyagé : Il devra fuir La Mecque et se réfugier à Médine : C’ est l’ Hégire. L’ Isra, quant à lui, représente pour les musulmans le voyage nocturne de Mahomet de La Mecque à Jérusalem ; il précède l’ascension du Prophète
– Nous rappeler ce que déclarait Saint Augustin : : « Le jour où tu dis: cela suffit! Tu es déjà mort.Ajoute toujours, avance toujours, marche toujours.Ne reste pas en chemin, ne recule pas, ne sors pas de la route.Qui n’ avance pas piétine!Qui s’ écarte de la foi perd sa route.Mieux vaut un boiteux sur la route qu’ un coureur hors de la route »
– Souligner que dans l’ idéal chrétien, l’ homme est tenu au déracinement : « Quitte ton pays, ta famille et la maison de ton père»
– Apprendre que le plus important est le chemin pour arriver et non la destination car Confucius affirmait déjà que « le bonheur ne se trouve pas au sommet de la montagne, mais dans la façon de la gravir »
– Admettre que pour bien des spiritualités le voyage peut être interprété comme une purification. C’ est bien ce que recherchent maints pélerins comme ces hindous qui gagnent Bénarès, ces musulmans qui font le Hajj à La Mecque, ces marcheurs vers Compostelle
– Rendre un certain hommage à de grands découvreurscomme Marco Polo ou Magellan mais aussi La Pérouse, Bougainville, Cook, Christophe Colomb et bien d’ autres.
– Avoir une pensée pour des institutions comme le Compagnonnagequi fait penser à une grande école de formation itinérante et humaniste.
– Réfléchir sur ce que nous disent les philosophes
Montaigne fut non seulement un voyageur mais un penseur humaniste de la conquête du Nouveau Monde. Il va ainsi dégager un certain nombre de problèmes : Existe-t-il une différence véritable entre les « sauvages» et les Européens ?- La « civilisation » est-elle supérieure à la « sauvagerie» ?- La conquête a-t-elle un fondement légitime ? Les civilisations peuvent- elles coopérer ? Il nous propose de constater l’ extrême diversité des us et coutumes et « la continuelle variation des choses humaine ». Mais il nous invite également dépasser le particulier pour découvrir l’ universel et il nous ne rappelle à ce cette anecdote: « On demandait à Socrate d’ où il était. Il ne répondit pas d’ Athènes; mais: du monde » Il conclut : « Je ne sache meilleure école, comme je l’ ai dit souvent, à former la vie que lui propose incessamment la diversité de tant d’autres vies, fantaisies et usances, et lui faire guetter une si perpéuelle variété de forme de notre nature »
Descartes après avoir « employé quelques années à étudier ainsi dans le livre du monde » et avoir constaté la grande diversité humaine, a « pris un jour résolution d’ étudier aussi en moi-même, et d’ employer toutes les forces de mon esprit» pour découvrir l’ indubitable variété d’ une nature humaine universelle.
Thomas Nugent, écrivain voyageur de la première moitié du XVIII ièm siècle à qui l’ on doit un premier petit dictionnaire de poche français/anglais, explique que « les voyages servent à enrichir l’eesprit par le savoir, corriger le jugement, supprimer les préjugés de l’ éducation, polir les manières, former un gentlemen accompli »
Montesquieu nous montre, en particulier à travers ses Lettres persanes que le voyage permet une nouvelle vision du monde, à commencer en nous interrogeant d’abord sur notre propre société Dans ses comptes rendus de voyage il se montre libre de tout préjugé sur la valeur ou la qualité des mœurs. De même, aucun ethnocentrisme ne traverse la pensée de Montesquieu, qui dira à ce propos: « Je suis nécessairement homme, et je suis Français par hasard »C’ est pourquoi, dans « L’ esprit des Lois », il comprend que chaque nation compose avec originalité, ce qu’ il appelle « l’ esprit général» de ce peuple, sa représentation du monde en quelque sorte, à partir de causes qui lui sont propres telles: le climat, le terrain, la population, les formes de commerce et de religion. C’ est une idée très propre à un voyageur, de comprendre qu’ il est vain de vouloir imposer une loi, serait-elle le fruit de la raison, à un peuple dont « l’esprit général» n’ y correspond pas.
Diderot va argumenter en faveur d’ un relativisme culturel, moral et religieux, s’ opposant à l’ idée même d’ une Raison occidentale prétendument universelle.
Rousseau est un autre grand voyageur philosophe. La marche est pour lui sentiment de liberté, de jouissance et d’émerveillement.
Anquetil-Dupeyrron orientaliste du siècle des Lumières, polyglotte, grand voyageur qui cherche à établirun savoir profond sur l’ Autre, savoir dont le seul objet est au-delà de l’unité proclamée du genre humain, en mettant en valeur, l’ intelligence des histoires et des cultures multiples. Il cherche à fournir « le moyen d’ assurer les droits imprescriptibles de l’humanité» ; et il a écrit ceci en 1778, donc avant la Déclaration des Droits de l’ Homme.
Kant qui ne quitta jamais Königsberg et n’accomplit pour tout parcours qu’une immanquable promenade quotidienne le long de la même allée de tilleuls, voyage, en même temps, au suprême degré en usant seulement de la dialectique de l’ éloignement et de la proximité parce que philosopher c’est savoir être sans lieu délimité, c’est jouer pleinement du « droit de commune possession de la surface de la terre ».
Les Ecrivains du XIX ièm siècle ont beaucoup voyagé : Le voyage de Stendhal et son beau texte « Promenades dans Rome », qui peut encore servir de guide pour nous aujourd’hui, et où il écrit :« Nous voulons connaître les habitudes sociales au moyen desquelles les habitants de Rome et Naples cherchent le bonheur tous les jours ». Avec Nerval et son Voyage en Orient, on comprend bien que le voyage a une dimension onirique, imaginaire.
Hegel souligne bien ce que devrait être notre tradition soumise aux rencontres des voyages : « Ce que nous sommes en fait de sciences et plus particulièrement de philosophies nous le devons à la tradition qui enlace tout ce qui est passager et qui est par suite passé, pareille à une chaîne sacrée, (…) qui a conservé et transmis tout ce qu’ a crée le temps passé. Or cette tradition n’est pas seulement une ménagère qui se contente de garder fidèlement ce qu’ elle a reçu et le transmet sans changements aux successeurs, elle n’est pas une immobile statue de pierre, mais elle est vivante et grossit comme un fleuve puissant qui s’ amplifie à mesure qu’ il s’ éloigne de sa source.» Loin de considérer la diversité des philosophies comme une contradiction remettant en cause la vérité et la vitalité de la philosophie, (ce que des ignorants feraient en disant: puisque les philosophes ne sont pas d’ accord entre eux, alors la philosophie ne contient aucune vérité), Hegel, au contraire, affirme que cette diversité en mouvement qui s’ accomplie dans le monde et qui constitue l’ espace-temps du voyage de l’ esprit, fait se rencontrer et progresser les pensées de différents continents.
Nietzsche qui affirme que « seules les pensées qui vous viennent en marchant ont de la valeur » est le prototype du penseur nomade
Heidegger nous rappelle que celui « qui veut penser grandement doit errer grandement »
Michel Serres dans son ouvrage « Le passage du Nord-ouest » souligne bien la difficulté du passage entre tous les savoirs que les voyages nous font découvrir.
– Relire les grands récits que sont ceux d’ Homère, la Bible, Don Quichotte de Cervantès qui nous font voyager, qui mettent en mouvement notre imagination et nous « illuminent » pour parler comme Arthur Rimbaud , « l’ homme aux semelles de vent»
– Se rapprocher de grands mythes qui nous fascinent depuis notre enfance : le Capitaine Némo, Phileas Fogg, Indiana Jones ou Robin des Bois
– Se rappeler, comme le dit justement Michel Eltchaninoff que : « Puisque philosopher, c’ est s’ étonner, porter un regard neuf sur le monde, le voyage en représente la condition, la conséquence naturelle ou encore la métaphore»
– Sans oublier que la sagesse d’ Ulysse que nous montre l’ Odyssée d’ Homère est de se remémorer, de se souvenir de son origineet quand il faudra rentrer !!!!!
2. Reconnaitre que ce voyage questionne notre liberté
Admettre que les attentats terroristes dans nos pays occidentaux ne doivent pas interdire nos voyages alors que les millions de morts en Afrique dans la région des grands lacs, en Syrie, en Afghanistan et en Iran ont peu bouleversé le tourisme mondial.
Le voyage est certes un espace de liberté mais aussi un espace qui reste encore à conquérir au moment où les libertés tendent dangereusement à se restreindre : Les frontières et les politiques en matière d’ imigration, les passeports, les barbelés et les projets de murs de toutes sorte.
– Saurai-je me distraire de tous ces guides que j ‘ai consultés ? Saurai-je suffisamment lever les yeux de mes notes longuement préparées pour admirer le spectacle du monde ?
– Mais, en même temps, éviterai-je de brandir ma liberté comme un trophée ?
3. Admettre que ce TMS va nous pousser à nous interroger sur notre conception la vérité
– Déjà Platon pouvait écrire : « La foule ne sait pas que sans cette revue universelle, sans ce vagabondage, il est impossible de rencontrer la vérité »
– Marc Aurèle évoque la « sagesse du passant dans l’hôtellerie».
– Bayle met en scène « conscience errante », non plus une conscience qui est partout chez elle et assurée de sa vérité, mais une conscience erratique et qui a des droits jusque dans l’ erreur et l’errance.
Dans un monde qui est devenu, selon la formule, « un village », il nous faudra sans doute découvrir des propositions de vérités variées. C’est d’ ailleurs ce que revendiquait l’ Encyclique Notra Estate du Concile Vatican II : « Ces autres religions qu’on trouve de par le monde s’efforcent d’aller, de façons diverses, au-devant de l’ inquiétude du cœur humain en proposant des voies, c’est- à -dire des doctrines, des règles de vie et des rites sacrés. L’ Eglise catholique ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans ces religions. Elle considère avec un respect sincère ces manières d’ agir et de vivre, ces règles et ces doctrines qui, quoiqu’ elles diffèrent sous bien des rapports de ce qu’ elle-même tient et propose, cependant reflètent souvent un rayon de la vérité qui illumine tous les hommes »
4. Démontrer et se prouver que la retraite et l’ âge ne sont pas synonymes de pantouflage :
– Découvrir ainsi, comme le disait Confucius, qu’ » on a deux vies et que la seconde commence quand on se rend compte qu’ on en a qu’ une »
– Faire, même à plus de 65 ans, de ses rêves, des souvenirs ! Ainsi Vigny disait qu’ « une vie réussie est un rêve d’ adolescent réalisée à l’âge mur »
– Prouver que le voyage ne forme pas que la jeunesse mais qu’ il permet à tous de réapprendre à désapprendre. Dès les débuts, les étudiants se devaient d’ être mobiles mais Sir Francis Bacon estime déjà en 1612 « que le voyage doit faire partie de l’ éducation des jeunes et de l’ expérience des plus âgés»
– Reconnaître tout de même que le voyage, comme expérience de l’ Ailleurs et de l’ Autre, se fait à travers un corps en mouvement. Pour Montaigne, « le corps est bien la chair du voyageur » et pour Nietzsche, au cours du voyage « nous pensons avec nos pieds »
– Voyager c’ est en partie défier le temps
5. Apprendre la rencontre, à l’altérité
– Se conduire comme le sage de Confucius qui « ne s’afflige pas de ce que les hommes ne le connaissent pas mais qui s’ afflige de ne pas connaitre les hommes »
– Admettre que, comme le dit Michel Onfray dans sa « Théorie du voyage » que « le voyage procède moins de l’ ascension du Golgotha que de l’ invite socratique à se connaître ». Le voyage serait alors le moyen d’ une expérimentation sur soi, en s’éprouvant hors de chez soi, hors de ses repères.
-Se rappeler que le voyage est toujours une initiation et qu’ il fait vaciller nos certitudes
6.Gagner en simplicité, en débrouillardise, en humilité, et en esprit de tolérance
– Faire, comme le dit Saint-Exupéry, que « l’impossible recule toujours quand on marche vers lui »
– Evaluer si le scoutisme a su renforcer nos capacités d’ observation et d’ adaptation.
– Découvrir la sobriété et la notion de l’ eessentiel
– Apprendre la lenteur et faire attention aux détails
– Voyager n’est pas seulement un itinéraire spatial, c’ est aussi la découverte du temps historique
Histoire et voyage se répondent. Tout voyage est aussi un voyage dans le temps. Qu’ on pense à l’ archéologie, aux voyages de Champollion en Egypte, à l’ethnologie, à la découverte des arts premiers.
Pérégriner, c’est retrouver un peu de notre statut primitif d’ « homo itinerans » qui faisait de nos lointains ancêtres des nomades qui suivaient les troupeaux sauvages
7. Découvrir la beauté du monde, sa diversité
C’est le besoin de reprise de contact avec la nature, ou complexe d’ Antée, ce héros mythologique, fils de Gaia, déeesse de la Terre, qui défiait tous les voyageurs ; Héraclès le défia et le souleva de terre pour l’ empêcher de reprendre des forces que lui communiquait sa mère et ainsi pu l’étouffer.
– Eprouverai-je ce fameux sentiment océanique qui se rapporte à l’impression ou à la volonté de se ressentir en unité avec l’univers ?
8 Découvrir ce que l’ homme a su faire de plus beau ou de plus laid
– Il me parait bon d’ insister, ici, sur la notion de miséricorde si chère au Pape François. Sans revenir sur ce riche concept, on peut s’ attarder sur ce qu’ en disait la Pape dans son homélie du 13 Mars 3015 : Il incitait à accomplir un pèlerinage, signe « d’ engagement et de sacrifice », il rappelait les œuvres traditionnelles de miséricorde dont celle d’ accueillir les étrangers, de recevoir les pèlerins, de supporter patiemment les défauts des autres .Il rappelait enfin que le Judaïsme et l’ Islam valorisent cette vertu et que le Bouddhisme la considère comme condition d’accès à la sagesse. Spinoza conseillait de « ne pas railler, ne pas pleurer, ne pas détester mais comprendre »
– Un peu à l’ inverse, je reprendrai l’ analyse de Claude Lanzman : « l’ aventure n’ est pas seulement la forme que nous donnons à nos espoirs. Peut-être aussi traduit-elle une insatisfaction due à notre société quotidienne. (…) Alors, que faire contre les retombées nucléaires, les catastrophes chimiques, les déchets industriels ? Oui, que faire, quand des sortes de cancers, de sida, atteignent aussi les arbres, les plantes, les animaux, l’ eau, l’ air ? Que faire, sinon se retourner contre l’ homme lui-même jusqu’ à ce qu’ il prenne conscience de sa folie suicidaire. Peut-être faut-il, au contraire, prendre ses jambes à son cou et s’ enfuir au bout du monde »
9. Apprendre à se préparer Ce sera pour nous :
– S’ améliorer en langues étrangères
– Acquérir des techniques : Communications informatiques. Géo-localisation. Création de Blog¦
– S’ astreindre à un certain entrainement physique.
– Recueillir des connaissances préalables aux pays traversés car comme le dit Michel Onfray : « le vide du voyageur fabrique la vacuité du voyage ». Il faut néanmoins éviter de « congeler » notre sensibilité et savoir« se laisser imbiber par les paysages »
– Evaluer si nous serons des voyageurs flâneurs qui ne se soucient pas de l’ étape ou du lieu d’ arrivée et qui restent disponibles. Nous conduirons-nous comme des voyageurs avides de formation et de connaissances ?
– Prendre conscience qu’ on emmène toujours soi-même avec soi pour ne pas trop s’ exposer à la critique d’ Emerson : « Voyager est le paradis des sots. Nos premiers voyages nous révèlent combien les lieux sont indifférents. Chez mo, je ne rêve qu’ à Naples et à Rome, je pourrai m’enivrer de beauté et perdre ma tristesse. Je fais mes malles, dis au revoir à mes amis, embarque sur la mer, et enfin me réveille à Naples, et là , à mes côtés, se trouve l’ austère réalité : le moi triste, implacable, celui-là même que j’avais fui»
10. Mieux comprendre le monde et les enjeux de l’ actualité :
C’est prendre en compte la réalité de la mondialisation, le développement des échanges à l’origine du libéralisme économique qui n’est pas, certes, sans conséquences fâcheuses mais qui démontre un profond désir de liberté.
– Péregriner autour du monde, c’ est, un tout petit peu, et dans de considérables limites, se rapprocher du migrant économique, climatique ou politique
11. Définir le type de voyageur que nous voulons être :
– Ecarter sans doute ce modèle de touriste passif, qui se confie entièrement à des agences parfaitement organisées qui lui proposent un programme minuté, standardisé, confortable, sécurisé. Le voyage à l’ étranger cesse dès lors d’ être une aventure, une expérience pour devenir une marchandise normalisée et produite en masse.
– Ne pas se comporter comme un « assimilateur » décrit par Tzvetan Todorov et qui veut imposer ou retrouver partout sa vision du monde
– Ne pas se faire trop d’ illusion : Nous ne parviendrons ni à être un « assimilé» dans le pays traversé, ni à nous comporter comme un véritable nomade, ni a être de véritables aventuriers ce qui nous fait écarter de notre itinéraire le Kamtchatka et ses ours, les terres polaires de Paul-Emile Victor
– Ne pas être ce voyageur qui ne fait que fuir ses difficultés alors qu’ il les emporte avec lui-même à l’ autre bout du monde.
– Comprendre qu’, en partie, le but n’ est pas la destination mais le chemin.
– Ne serait-il pas quelque peu illusoire et ridicule de se comporter à nos âges comme un « backpaker » qui a lui-même ses codes : couch surfing, hostels, airnb, co-responsabilité, wifi dépendance, recherche du buzz ?. Bien qu’ appartenant à la génération des années 68, pourrions-nous sérieusement reprendre les propos de Kerouac : « Il faut imaginer le monde comme le rendez-vous des errants qui s’ avancent sac au dos, des clochards célestes qui refusent d’ admettre qu’ il faut consommer toute la production et par conséquent travailler pour avoir le privilège de consommer, et d’ acheter toute cette ferraille dont ils n’ ont que faire. (…) J’ entrevois la grande révolution des sacs à dos. Des milliers, des millions de jeunes Américains, bouclant leur sac et prenant la route, escaladant les montagnes pour prier, faisant rire les enfants, réjouissant les vieux, rendant heureuses les jeunes filles et plus encore les vieilles, tous transformés en Fous du Zen, lancés de par le monde pour écrire des poèmes inspirés, sans rime ni raison, pratiquant la bonté, donnant l’ image de la liberté par leurs actes imprévus, à tous les hommes et même à tous les êtres vivants… » ?
– Abandonner les stéréotypes historiques des anciens voyageurs dont les motivations étaient commerciales, colonisatrices, hégémoniques ou scientifiques.
– Se faire voyageur et non plus touriste : Ne pas vouloir tout contrôler mais se laisser prendre par les choses. Ne pas se comporter comme un étranger qui ne cherche qu’ à se divertir mais vouloir la rencontre. Ne pas être qu’ un observateur superficiel mais un témoin. Eviter de voyager en cercle dans un circuit bouclé mais naviguer vers l’ horizon. Ne pas être celui qui ne fait que des selfies mais photographier la nature et les habitants.
Mais il faudra sans doute veiller à ne pas devenir une caricature en cherchant absolument à ne pas faire comme tout le monde : « refus du guide, refus d’ envoyer des cartes postales, refus d’aller où tout le monde va, désir systématique de dérouter l’itinéraire prévu, adoption d’ une attitude blasphématoire vis-Ã -vis d’ un lieu ou d’ un objet admiré par tous…, refus du voyage en groupe ».
– Admettre que nous serons à la fois en quête de découvertes, de rencontres, d’ étonnement, d’autres vérités mais aussi en fuite devant des responsabilités, des pressions du quotidien, de la routine.
12.Qu’vest ce qui me met aussi en marche pour ce T.M.S ?
C’est au cours de mes retraites au Monastère Saint François à Vico, en Corse, sous la directive du Père Gaston Piétri, en compagnie de mas amis Geneviève et Gaby Stromboni que je l’ai découvert.
De tradition judéo chrétienne, élevé dans mon enfance dans la tradition catholique et protestante, je reconnais volontiers que le premier texte chronologique du Premier Testament, l’ Exode, relate la mise en marche du peuple juif depuis l’ Egypte, premier épisode de la longue pérégrination du « Juif errant ». Au cœur de ce texte se trouve le Décalogue qui, dans sa seconde Table, décrit les règles sociétales qui résonnent pour moi comme « La Règle d’ Or » de biens d’ autres spiritualités…..
Me voici dès lors pris au centre de deux concepts : D’ une part celui de la marche, de la pérégrination, de l’exode, de la fuite, de l’ aventure, de la libéralisation, de l’ espérance ; et d’ autre part la confrontation entre différentes spiritualités humaines dont j’ aimerai analyser les ressemblances, les conflits, les emprunts mutuels, les syncrétismes, les influences.
13. Analyser l’ importance des religions pour les hommes et dans le monde et évaluer la place qu’ elles octroient aux athées, aux agnostiques et à la Vérité
Enfin et sans doute, ralentir le temps qui passe……….
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